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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Ilg, Albert: De l'influence de la France sur l'art roman en Autriche, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0294

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DE L'INFLUENCE DE LA FRANCE

SUR L'ART ROMAN EN AUTRICHE. 259

Je tiens cependant à prévenir un reproche que l'on pourrait
être tenté de me faire relativement à la tendance de ce travail.

Notre siècle si éclairé à tant d'égards se plaît à chercher
l'originalité en toutes choses. L'originalité est le mot d'ordre
qui court sur toutes les lèvres; sans originalité il n'y a pas de
succès possible pour les œuvres de l'esprit, les seules dont je
veuille m'occuper ici. C'est à peine si l'on accorde quelque
attention à un travail fait simplement et sans recherche oiseuse
de l'imprévu et du nouveau. On y loue l'ingéniosité des vues,
l'ordre avec lequel les matériaux sont réunis et classés,
l'harmonie de l'ensemble. Mais cela rappelle trop la manière
de faire des siècles passés et partout on accuse ce genre de
travail de n'avoir rien de génial parce qu'il ne vise pas à
l'originalité. Il nous faut absolument des conquêtes, il nous
faut des découvertes surprenantes et inattendues, il faut qu'on
puisse dire : Avant nous tel sujet n'était guère connu; les plus
grossières erreurs avaient cours, et nos ancêtres ne connais-
saient pas le premier mot de la vérité. Il y a, qu'on me passe
l'expression, il y a dans notre siècle des établissements de
replâtrage historique et littéraire où l'on restaure les tyrans un
peu oubliés, où l'on redore le prestige des grands hommes
d'une honorabilité équivoque. N'a-t-on pas découvert par
exemple que longtemps avant Martin Luther le protestan-
tisme existait, et n'a-t-on pas à ce propos cité les opinions
religieuses de Michel-Ange? Un savant de Nuremberg a été
jusqu'à voir dans le château fort qu'on aperçoit dans le Che-
valier, la Mort et le Diable de Durer une prophétie en quelque
sorte du cantique huguenot : Eine /este Burg ist miser Gott,
bien postérieur en date à l'œuvre de Durer! Eh bien, j'avoue
que ces prétentions outrecuidantes à l'originalité provoquent
en moi un indéfinissable sentiment de commisération ; j'ai la
simplicité, la naïveté peut-être, de préférer un travail conscien-
cieusement fait, qui sache au besoin se borner à décrire un
chef-d'œuvre des temps passés sans y vouloir découvrir des
choses qui n'y sont pas.

C'est dans ce sentiment que j'ai écrit le présent travail et

je tiens à le déclarer afin qu'on ne puisse établir de confusion
avec les surprenantes découvertes qui sont de mode aujour-
d'hui. D'autant plus qu'au premier abord on pourrait m'accuser
d'audace pour avoir voulu rapprocher la France et l'Autriche
sur ce terrain de l'art, et d'avoir montré que l'une avait été
l'initiatrice de l'autre. Mais mon but n'était nullement de
m'embarquer dans une entreprise hasardeuse pour paraître
original et nouveau. Et c'est pourquoi je me suis borné à
citer les faits, rien que les faits sur lesquels se fonde mon
opinion en cette matière.

L'histoire de l'art est malheureusement en souffrance dans
notre beau pays comme tant d'autres branches de l'activité
intellectuelle. Des étrangers, des Allemands pour la plupart,
ont, il est vrai, donné une idée générale de la marche de l'art
en Autriche, mais ce ne sont là que des esquisses et, qu'on
me permette de le dire, des portraits faits de mémoire bien
plus que pris sur le vif. Ce sont des hommes certainement de
premier ordre que Kugler, Schnaase, Waagen. Mais leurs
travaux, en ce qui concerne l'Autriche, sont insuffisants.
Ils ont considéré l'histoire de l'art en Autriche comme un
appendice de l'histoire de l'art en Allemagne, ne se doutant
pas que des influences toutes différentes avaient agi dans les
deux pays. Et cela est vrai particulièrement pour l'influence
française qu'on n'a pas suffisamment observée. J'ai voulu lui
rendre la place qu'elle occupe dans notre art à côté de
l'influence allemande à laquelle on l'avait injustement sacrifiée.

Ce fait de l'influence de la France en Autriche dans les
temps anciens est la gloire et l'honneur de l'art autrichien.
Je suis d'autant plus heureux de le constater que dans notre
siècle le même phénomène se renouvelle, puisque pour l'art
proprement dit et les industries d'art, après la France c'est
notre patrie qui occupe le premier rang.

D'' Il g,

Sous-Directeur de la Collection Impériale et Royale
d'Autriche-Hongrie.
 
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