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L'ART.
sa femme de ne pas l'abandonner et que sa foi lui semblait préférable à tous les royaumes du
monde. Bientôt Barbe dépérit par l'effet du poison et elle mourut. La douleur du monarque fut
immense. Dans le tableau de Simmler, le roi est représenté assis sur le bord de la couche
nuptiale, contemplant avec douleur Barbe inanimée. Celle-ci est vraiment belle et la pâleur de
la mort a rendu sa beauté plus éclatante. Son visage est d'un ovale gracieux, ses traits sont
réguliers, son bras droit pend hors de sa couche. La main gauche est inerte sur la poitrine.
Ses cheveux tombent en désordre sur ses épaules. Tout semble justifier 1 amour et la douleur
du roi. Les détails sont traités avec art et ne distraient en rien l'attention de faction principale.
Ce même roi Sigismond a fourni à Simmler le sujet d'un second tableau, non moins remar-
quable, et qui montre toutes les ressources de son talent. Le prince est élevé par sa mère Bona
qui, dévorée par la soif du pouvoir, cherchait à régner en faisant vivre son fils dans la
mollesse et les plaisirs. C'est cette cour efféminée que l'artiste a retracée sur sa toile. Sigismond
est assis sur une chaise, le pied gauche posé sur un coussin ; la tète appuyée dans sa main,
il écoute avec attention cinq belles femmes qui l'entourent. Elles sont toutes souriantes et
caressantes. L'une d'elles tient un luth dont elle tire quelques sons, une autre est à genoux
devant le prince. La figure de Sigismond annonce l'énergie, l'intelligence. A gauche, la reine Bona
assiste à cette scène sans y prendre part. Elle a à côté d'elle un de ces médecins italiens qu'elle
a amenés avec elle en Pologne. Au fond, on aperçoit de hauts personnages de la cour, qui par
leur attitude montrent qu'ils désapprouvent cette éducation si peu cligne d'un roi. C'est une
œuvre admirable pour la composition, l'heureux arrangement des personnages et la couleur. Les
riches étoffes, le velours, la soie, l'hermine sont merveilleusement peintes.
Parmi les principaux tableaux historiques du peintre, nous signalerons la Captivité de Jean
de Finlande et de sa femme Catherine Jagellon, le Serment de la reine Hedwige; cette princesse
fut appelée au trône de Pologne par la mort de son père Louis. Elle avait sacrifié son amour
à ses devoirs de reine et cle chrétienne, en épousant le prince Jagellon de Lithuanie, pour
réunir cette province à la Pologne et la gagner au christianisme. Simmler l'a peinte à genoux
prêtant serment de fidélité sur l'Évangile. Elle a sur la tête la couronne royale; ses longs
cheveux couvrent ses épaules. Son attitude marque une foi ardente, une conviction profonde.
Simmler a abordé la peinture religieuse avec non moins cle succès que la peinture historique.
Nous citerons X Immaculée, œuvre dans laquelle l'artiste s'est heureusement inspiré des traditions
de la Renaissance. Dans la partie supérieure du tableau, nous voyons la Vierge debout, les mains
jointes sur la poitrine. Son visage, d'une beauté idéale, respire la grâce, la candeur et la pureté.
Des anges sont autour d'elle et célèbrent ses louanges. Dans la partie inférieure, l'artiste a
représenté Moïse, David, saint Jean-Baptiste, saint Jean l'Évangéliste et saint Pierre à genoux,
revêtu de la chape et coiffé cle la tiare. Tous prient avec ferveur. Nous retrouvons dans ce
tableau la même science cle composition, la même vigueur cle dessin, la même entente de la
couleur que dans les précédents. On lui doit encore clans ce genre : les Trois Maries, la Lapi-
dation de saint Mathias, le Martyre de saint Josaphat, David chantant des psaumes, la Mise
au tombeau de Jésus et un Christ en croix que l'artiste n'a pu terminer. Toutes ces compositions
révèlent un esprit éminemment chrétien, un croyant sincère. Il y a là des têtes admirablement
belles, des vierges idéales, des expressions touchantes et résignées.
Simmler a peint aussi plusieurs scènes mythologiques : les Noces de l'Amour et de Psyché
pour le plafond d'un palais de Varsovie qui appartient à la comtesse X. Rien n'est plus charmant
que le cortège de l'Amour. L'artiste n'a rien fait de plus gracieux. Le plafond de son atelier
avait également été peint par lui et représentait la Peinture, la Sculpture, et VArchitecture en
un groupe harmonieux et composé avec beaucoup de goût.
A des travaux déjà si considérables, il faut joindre plus de deux cents portraits. Ce chiffre
montre combien les compatriotes de Simmler tenaient à être peints par lui. Dans cette partie
de l'art, il se montra également supérieur.
Ces œuvres nombreuses et variées représentent une longue vie de travail que la mort est
venue interrompre brusquement. Simmler a été enlevé à l'âge de quarante-cinq ans, par la
L'ART.
sa femme de ne pas l'abandonner et que sa foi lui semblait préférable à tous les royaumes du
monde. Bientôt Barbe dépérit par l'effet du poison et elle mourut. La douleur du monarque fut
immense. Dans le tableau de Simmler, le roi est représenté assis sur le bord de la couche
nuptiale, contemplant avec douleur Barbe inanimée. Celle-ci est vraiment belle et la pâleur de
la mort a rendu sa beauté plus éclatante. Son visage est d'un ovale gracieux, ses traits sont
réguliers, son bras droit pend hors de sa couche. La main gauche est inerte sur la poitrine.
Ses cheveux tombent en désordre sur ses épaules. Tout semble justifier 1 amour et la douleur
du roi. Les détails sont traités avec art et ne distraient en rien l'attention de faction principale.
Ce même roi Sigismond a fourni à Simmler le sujet d'un second tableau, non moins remar-
quable, et qui montre toutes les ressources de son talent. Le prince est élevé par sa mère Bona
qui, dévorée par la soif du pouvoir, cherchait à régner en faisant vivre son fils dans la
mollesse et les plaisirs. C'est cette cour efféminée que l'artiste a retracée sur sa toile. Sigismond
est assis sur une chaise, le pied gauche posé sur un coussin ; la tète appuyée dans sa main,
il écoute avec attention cinq belles femmes qui l'entourent. Elles sont toutes souriantes et
caressantes. L'une d'elles tient un luth dont elle tire quelques sons, une autre est à genoux
devant le prince. La figure de Sigismond annonce l'énergie, l'intelligence. A gauche, la reine Bona
assiste à cette scène sans y prendre part. Elle a à côté d'elle un de ces médecins italiens qu'elle
a amenés avec elle en Pologne. Au fond, on aperçoit de hauts personnages de la cour, qui par
leur attitude montrent qu'ils désapprouvent cette éducation si peu cligne d'un roi. C'est une
œuvre admirable pour la composition, l'heureux arrangement des personnages et la couleur. Les
riches étoffes, le velours, la soie, l'hermine sont merveilleusement peintes.
Parmi les principaux tableaux historiques du peintre, nous signalerons la Captivité de Jean
de Finlande et de sa femme Catherine Jagellon, le Serment de la reine Hedwige; cette princesse
fut appelée au trône de Pologne par la mort de son père Louis. Elle avait sacrifié son amour
à ses devoirs de reine et cle chrétienne, en épousant le prince Jagellon de Lithuanie, pour
réunir cette province à la Pologne et la gagner au christianisme. Simmler l'a peinte à genoux
prêtant serment de fidélité sur l'Évangile. Elle a sur la tête la couronne royale; ses longs
cheveux couvrent ses épaules. Son attitude marque une foi ardente, une conviction profonde.
Simmler a abordé la peinture religieuse avec non moins cle succès que la peinture historique.
Nous citerons X Immaculée, œuvre dans laquelle l'artiste s'est heureusement inspiré des traditions
de la Renaissance. Dans la partie supérieure du tableau, nous voyons la Vierge debout, les mains
jointes sur la poitrine. Son visage, d'une beauté idéale, respire la grâce, la candeur et la pureté.
Des anges sont autour d'elle et célèbrent ses louanges. Dans la partie inférieure, l'artiste a
représenté Moïse, David, saint Jean-Baptiste, saint Jean l'Évangéliste et saint Pierre à genoux,
revêtu de la chape et coiffé cle la tiare. Tous prient avec ferveur. Nous retrouvons dans ce
tableau la même science cle composition, la même vigueur cle dessin, la même entente de la
couleur que dans les précédents. On lui doit encore clans ce genre : les Trois Maries, la Lapi-
dation de saint Mathias, le Martyre de saint Josaphat, David chantant des psaumes, la Mise
au tombeau de Jésus et un Christ en croix que l'artiste n'a pu terminer. Toutes ces compositions
révèlent un esprit éminemment chrétien, un croyant sincère. Il y a là des têtes admirablement
belles, des vierges idéales, des expressions touchantes et résignées.
Simmler a peint aussi plusieurs scènes mythologiques : les Noces de l'Amour et de Psyché
pour le plafond d'un palais de Varsovie qui appartient à la comtesse X. Rien n'est plus charmant
que le cortège de l'Amour. L'artiste n'a rien fait de plus gracieux. Le plafond de son atelier
avait également été peint par lui et représentait la Peinture, la Sculpture, et VArchitecture en
un groupe harmonieux et composé avec beaucoup de goût.
A des travaux déjà si considérables, il faut joindre plus de deux cents portraits. Ce chiffre
montre combien les compatriotes de Simmler tenaient à être peints par lui. Dans cette partie
de l'art, il se montra également supérieur.
Ces œuvres nombreuses et variées représentent une longue vie de travail que la mort est
venue interrompre brusquement. Simmler a été enlevé à l'âge de quarante-cinq ans, par la