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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 1)

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Guiffrey, Jules: Achille & Eugène Devéria, [2]: leur vie & leur oeuvre; d'après des documents nouveaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.19461#0159

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ACHILLE & EUGÈNE DEVÉRIA

LEUR VIE & LEUR OEUVRE

D'APRES DES DOCUMENTS NOUVEAUX'

(suite)

Un écrivain de notoriété ne racontait-il pas dernièrement, dans des mémoires littéraires
parfois plus indiscrets qu'il ne conviendrait2, que certains exaltés se réunirent un jour clans
l'atelier d'Eugène Devéria pour prendre un parti au sujet d'une nouvelle qui' venait de se
répandre : Victor Hugo allait donner au théâtre un drame en prose : Lucrèce Borgia! La
réunion tumultueuse prit la belle résolution d'envoyer une députation au chef de l'école pour
lui signifier son indignation et le menacer, s'il persistait dans sa résolution, de lui retirer sa
couronne de chef d'école. Tout finit d'une manière fort calme et Pétrus Borel perdit cette
fois Tunique occasion qui se soit présentée pour lui d'être proclamé le roi des romantiques.
Si j'ai rappelé l'anecdote, c'est afin de marquer la place qu'occupèrent nos deux artistes
dans le parti auxquels ils appartiennent.

■ Lié avec tous les hommes marquants du mouvement de i83o clans les lettres et les
beaux-arts, Eugène Devéria aurait pu nous laisser les plus curieux souvenirs sur les événe-
ments dont il fut le témoin ; malheureusement il ne conçut que fort tard le dessein d'écrire
et de raconter sa jeunesse. Et à cette époque, ses idées avaient déjà pris cette tournure
singulière qui caractérise la dernière période de sa vie. Toutefois, dans une grande pièce de
vers qu'il a intitulée Histoire de ma vie, Eugène a essayé de tracer un portrait de chacun
de ses contemporains. Le morceau est trop long pour être reproduit en entier ; mais nous
croyons qu'on n'en lira pas sans intérêt les principales strophes ; voici d'abord les vers
consacrés au chef incontesté de la jeune école, à Géricault :

Mais voilà qu'au milieu de la molle paresse

Des vieux académiciens,
Surgit un homme fort qui s'élance et se dresse
Et s'expose tout seul aux aboiements des chiens...
Géricault ! C'était toi qui de ta main hardie
Secouais rudement cette tourbe engourdie

Parmi ses lauriers surannés ;
Toi qui venais jeter, comme un sombre prophète.
Tes terribles éclairs au milieu de la fête

Où se pavanaient tes aînés.

1. Voir l'Art, 9e année, tome I"', page Gi.

2. Voyez Revue des Deux Mondes du i5 septembre 1882, page 3oi.

Tome XXXII. 19
 
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