Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 4)

DOI Artikel:
Marx, Roger: Silhouettes d'artistes contemporains: Friant
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19462#0094

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Fleuron composé et dessiné pour «l'Art» par J. Habert-Dys.

SILHOUETTES D'ARTISTES CONTEMPORAINS

XIX

PRIANT

« La peinture où se trouve écrite l'histoire de l'humanité est aussi celle qu'on a considérée
jusqu'ici avec le moins d'attention. Pour la désigner, on a adopté les noms de petite peinture,
peinture de genre, pendant qu'on qualifiait dédaigneusement de petits maîtres les artistes qui la
cultivaient. Il nous coûte de dire que l'homme pour l'homme n'a jamais été traité selon son
mérite et dans ses proportions, si ce n'est par quelques réalistes et par quelques excentriques de
notre époque. »

Ainsi s'exprimait Thoré en 1844, clans les Nouvelles Tendances de l'art. Il s'en faut de
beaucoup que le sot préjugé qui existait alors ait complètement disparu. Aujourd'hui encore on
n'accorde qu'une médiocre estime aux peintres de l'intérieur et de la rue qui consignent dans
leurs tableaux l'histoire du temps présent. Les hommes de maintenant ont d'eux-mêmes une bien
mince opinion, paraît-il, puisque les tableaux qu'ils prisent le moins sont ceux où on les a choisis
pour modèles. C'est pourtant une belle et noble ambition de vouloir arrêter et fixer l'image
fugitive de notre vie contemporaine, si active, si brûlante, qu'elle finit par nous échapper à nous-
mêmes. Heureusement, il se trouve une petite pléiade d'artistes qui pensent, comme les anciens
Hollandais, qu'il n'y a rien de si intéressant que les spectacles auxquels nous assistons et dont
nous sommes les principaux acteurs. De ce nombre est F riant. L'histoire de ce très jeune artiste
tient en quelques lignes ; quand on a vingt ans tout juste, on ne peut pas encore prêter à de
longs développements biographiques.

Il est né à Dieuze le 16 avril 1863 et a su dessiner avant de connaître l'alphabet. Au
moment de l'annexion, il est venu avec sa famille se réfugier à Nancy.

La façon dont il est entré à l'École des Beaux-Arts de cette ville vaut la peine d'être
racontée : il avait douze ans. Un jour, en sortant du lycée, il s'en va bravement, la serviette
sous le bras, sonner à la porte de M. Devilly, le directeur de l'École.

— Que veux-tu, mon garçon? lui dit M. Devilly.

— Devenir peintre, répondit sans sourciller le petit Friant.

— Mais, reprit le directeur étonné du sang-froid de son visiteur, t'en crois-tu capable?

— Je le crois si bien, continua Friant, que je viens vous demander ce qu'il faut faire pour
y arriver. Je perds mon temps au lycée- : ce n'est pas là qu'on apprend à dessiner et à
peindre.

— Tu ne veux cependant pas être un ignorant ?
 
Annotationen