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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 1)

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Leroi, Paul: M. Jules Burat
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https://doi.org/10.11588/diglit.19703#0195

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Campo de' Santi Giovanni e Paolo, a Venise,
par A. Canalelti. (Collection do M. Jules Burat.)

M. JULES BURAT

çaise du siècle dernier et du commencement du nôtre ; ses
infidélités — elles ont été rarissimes — ne furent que des
exceptions destinées à confirmer la règle, et, tout compte
fait, je n'en vois guère de sérieuses, si ce n'est cette belle
toile des derniers jours de la grande école vénitienne, le
Campo de' Santi Giovanni e Paolo, exception digne de tous
éloges.

Le goût spécial de l'amateur était en quelque sorte
doublé, chez M. Burat, par un sentiment patriotique très
vif. Aimant passionnément son pays, il s'étudiait, dans
la formation graduelle d'une collection essentiellement
française, à mettre en valeur les méconnus ou les oubliés
de l'époque qui avait ses préférences et, partant de ce
principe, il arriva à constituer un ensemble absolument
piquant, tout à fait charmant, alors que maintes œuvres
qui en font partie attireraient à peine l'attention si elles
étaient vues isolément.

C'est que la délicate sûreté de son goût avait constam-
ment en vue la devise maîtresse : Excelsior !

S'il part de Bilcoq de Bruandet 2 et tutti quanti, c'est
pour aboutir bientôt à Watteau en passant excellemment
par Boucher, par Chardin, par Fragonard, par Creuze,
par Lancret, par Lépicié, par Nattier, par Pater, etc., etc.,
cortège aussi varié que séduisant qui, groupé autour du Dieu
de l'art français, l'entoure de glorieux rayons et se réflète
encore, tout en s'éteignant, dans les moindres artistes de
ce temps. Les plus petits d'entre eux font encore écho aux
plus illustres.

En recueillant maintes épaves trop longtemps dédai-

1. Marie-Marc-Antoine Bilcoq, né à Paris en 1755, y mourut au
commencement de 1838. 11 avait été reçu académicien le 27 juin 1789,
en quelque sorte à la veille de la suppression de l'ancienne Académie.

2. Lazare Bruandet, né à Paris le 3 juillet 1755, y est mort le
26 mars i8o3.

Je n'ai point à dire ici ce que fut, trente ans durant, le
savant professeur au Conservatoire des Arts et Métiers;
M. le colonel Laussedat, directeur de cet établissement
national, l'a retracé en termes émus dans le discours pro-
noncé, le 18 février de cette année, aux obsèques de son
regretté et vénéré collègue, un homme de bien dans la plus
large acception du mot.

Je n'ai à m'occuper que du Curieux, de celui que
M. Laussedat a si bien dépeint d'un trait délicat : « Cette
nature si rare, si peu enthousiaste en apparence, et que
l'on pouvait croire absorbée dans ses recherches et dans
ses chiffres, était cependant des plus accessibles aux nobles
émotions que procure l'art élevé. Personne, plus que
Burat, ne fréquentait les Musées, les galeries et les collec-
tions de peinture, personne ne connaissait mieux les
maîtres anciens et modernes.

« Il avait formé lui-même une précieuse collection,
bien connue des gens de goût auxquels il en faisait volon-
tiers les honneurs, et tous les amateurs ont pu voir
quelques-uns des chefs-d'œuvre qu'elle contient aux expo-
sitions de bienfaisance dans lesquelles ils ont maintes fois
figuré 1. »

L'expression de « chefs-d'œuvre » est peut-être un peu
bien ambitieuse, et je doute que' M. Burat l'eût ratifiée, lui
qui était la modestie même.

A mon sens, il faut avoir connu M. La Caze pour bien
comprendre le fanatique de peinture chez M. Jules Burat;
il était de même lignée, un arrière-petit-fils, si vous voulez;
infiniment moins éclectique et de plus humbles visées, il
s'était en principe exclusivement confiné dans l'école fran-

1. Discours prononcé le 18 février 1 885 aux obsèques de M. Jules-
François Burat, Professeur au Conservatoire National des Arts et
Métiers, par M. le colonel Laussedat, Directeur de l'Etablissement.
Paris, imprimerie Nationale. M.DCCC.LXXXV. In-fol. de û pages.
 
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