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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 2)

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Diehl, Charles: Ravenne, [1]: étude d'archéologie byzantine
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https://doi.org/10.11588/diglit.19704#0060

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RAVENNE

ÉTUDE D'ARCHÉOLOGIE BYZANTINE '

(suite)

'époque de Théodoric, qui succède
à celle de Galla Placidia, marque
des tendances nouvelles et un
style différent de la période pré-
cédente. Qu'on n'y cherche point
pourtant une influence ou arienne
ou barbare : dans l'architecture
comme dans la peinture, Ravenne,
même sous les Ostrogoths, dépend
étroitement de Byzance ortho-
doxe. Il suffit, pour s'en convain-
cre, d'étudier la décoration du
baptistère arien. Au centre de la coupole, comme dans le baptistère orthodoxe,' est représenté
le baptême du Christ; dans la bande circulaire qui entoure le médaillon, les douze apôtres
sont figurés portant des couronnes au pied d'un trône sur lequel une croix d'or 'est placée.
La disposition rappelle beaucoup celle de San Giovanni in Fonte : pourtant ce n'en est point
une copie pure et simple. Sans doute, le mosaïste du baptistère arien a eu devant les yeux
le beau modèle qu'il trouvait auprès de lui; mais il s'est appliqué d'une façon fort caractéristique
à n'en point être le servile imitateur. Il a remplacé par un fond d'or le paysage qui à San Giovanni
encadre la scène du baptême; il a mis, renversant l'ordre des personnages, saint Jean à droite
et le Jourdain à gauche; il a ôté le nimbe au précurseur et remplacé par une peau de bête la
draperie violette qu'il porte au baptistère orthodoxe. Il a représenté le Jourdain assis hors du fleuve,
le bas du corps enveloppé dans une draperie verdâtre, un roseau dans la main droite, une urne
auprès de lui ; il a surtout donné au dieu fluvial un aspect qui n'a plus rien d'antique. Enfin le
Christ même a perdu le type traditionnel : au baptistère arien, c'est un jeune homme imberbe,
presque un enfant, avec de longues boucles noires retombant sur les épaules. Mêmes changements
pour les apôtres, sans parler du trône ajouté dans la mosaïque arienne. Les personnages ont un
type nouveau qui n'a plus rien de commun avec celui du baptistère orthodoxe.

Si nous passons au style, nous noterons de semblables différences. Les apôtres sont bien
inférieurs à ceux de San Giovanni in Fonte. L'attitude est bonne encore, mais le modelé est moins
précis, les contours plus anguleux et plus lourds. Déjà apparaissent cette monotonie des plis paral-
lèlement disposés, cette conformité un peu pauvre des mouvements et des draperies que montrent
les mosaïques proprement byzantines : les têtes gardent encore un caractère original, mais fort
différent de celui du baptistère orthodoxe. Mêmes faiblesses dans la scène du baptême : l'attitude
de saint Jean-Baptiste est plus que maladroite, et si le Christ a peut-être quelque chose de plus
naturel qu'à San Giovanni, l'ensemble médiocrement modelé, moins harmonieusement coloré, atteste
non seulement une exécution inférieure, mais encore une évolution dans l'art byzantin. Entre
1 époque de Galla Placidia et celle de Théodoric il y a une profonde différence, mais elle ne tient
point a des influences étrangères, c'est le même art qui se transforme et se modifie.

i. Voir l'Art, n« année, tome I", pages 33, 58, 122, 141 et 179.
 
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