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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Champfleury: La caricature au Japon, [3]
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Molinier, Émile: Les plaquettes de la Renaissance, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0198
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170 L'ART.

Peut-être, dans le cas actuel, Kio-Saï prit-il le contre-
pied des réformes décrétées par le gouvernement. Il avait
souffert des grands, un peu par sa faute.

Un homme bien informé, et que j'ai promis de ne
pas nommer, me conte que l'empereur du Japon, qui
s'amusait des dessins humoristiques de Kio-Saï, alla le
voir dans son atelier et lui demanda un croquis de sa
personne. Le dessinateur se met à l'œuvre et représente
l'empereur à quatre pattes, recevant une fessée de l'am-
bassadeur d'une des puissances européennes. Naturelle-
ment l'entrevue se termina par un ordre d'emprisonne-
ment immédiat. Le singe, par ses grimaces, ne l'avait pas
volé.

Dans le sujet actuel, Kio-Saï pouvait se laisser aller à sa
hardiesse naturelle sans blesser le souverain. Comme nos
caricaturistes, il prenait l'actualité corps à corps et expri-
mait les tendances des uns, la résistance des autres. Oui,
il y avait dans ces transformations sociales, dans l'abus
des modes occidentales, de quoi exciter les récriminations
de vieilles gens qui, n'ayant jamais quitté le Japon, le
trouvaient suffisamment civilisé ; mais ce qui ridait consi-
dérablement le front des anciens patriotes et contribuait
à donner à leurs sourcils la forme d'accents circonflexes
très prononcés, provenait surtout de l'habit militaire fran-
çais dont on avait revêtu quelques compagnies d'élite.
Cette capote à boutons de métal, avec son col droit
inflexible, ces épaulettes de couleur, ces cheveux et ces
moustaches taillés suivant l'ordonnance, faisaient horreur
aux anciens Japonais fidèles a leurs amples robes, à leurs
habitudes, à leurs traditions.

Ce sont de telles rancunes que traduisit Kio-Saï avec
esprit. Il appela à son aide tous les oiseaux moqueurs du
pays; et les onomatopées bruyantes qu'a employées Aris-
tophane dans la comédie des Oiseaux rendent merveil-

leusement les cris railleurs des volatiles à l'aspect d'une
telle mascarade militaire :

Evei.pide— Ah! ah! que d'oiseaux!

Pisthitirus. —■ Ah! ah! que de merles! Comme ils gazouillent,
comme ils accourent à grands cris!

Evelpide. — Est-ce qu'ils nous menacent? Vois-tu? Ils ouvrent
le bec et me regardent, ainsi que toi.

Le Chœur. — Popopopopopopopopopopoi..... Titititititititi.....

D'un gosier aigu les oiseaux du Nippon annoncent au
Japonais européanisé quel sort fatal l'attend, comment il
est condamné à périr dans les flots en courroux que lui
montre un oiseau grattant sa huppe en signe d'éplorement.

— Ainsi, s'écrie le vieil homme à deux épées, affaissé
sur son siège, finissent les anciennes nations vaincues par
la civilisation, leur pire ennemi.

C'est qu'une révolution, comme celle qui se produisit
en 1868 au Japon, ruinait un archaïque système féodal,
confisquait les biens du clergé bouddhique, s'aliénait les
daimios qui avaient porté le Mikado au trône, et que le
modèlement sur les gouvernements européens, l'augmen-
tation énorme des dépenses, la diminution des revenus
publics par l'établissement de voies ferrées, de télégraphes,
choquaient les hommes de la vieille roche et leur faisait
trouver dangereuse pour l'Empire du Soleil-Levant toute
institution empruntée « aux barbares ».

Le jeune Japonais, harnaché dans sa tunique militaire,
hausse les épaules en écoutant ces récriminations; aussi
bien une séduisante Parisienne lui souffle à l'oreille de
tendres et réconfortantes paroles.

Ai-je bien fait comprendre l'ingéniosité de cette com-
position qui gagne encore à être relevée dans l'original
par une preste coloration? Il m'a paru que le dessinateur
avait rendu, mieux que je ne saurais le faire, l'influence
européenne qui se moque des plaintes réactionnaires des
« vieilles barbes ». Champfleury.

LES PLAQUETTES DE LA RENAISSANCE

Le mot plaquette est un néologisme dont l'usage s'est
imposé pour désigner toute une série de petits monu-
ments de la Renaissance. Dédaignés des collectionneurs,
il y a cinquante ans, à peine regardés il y a vingt ans,
ces monuments en miniature commencent seulement à
fixer l'attention. Leur intérêt, souvent très réel au point
de vue artistique, est indiscutable et plus grand qu'on ne
pourrait le supposer au premier abord, si Ton se place au
point de vue historique et archéologique. Comme l'a dit
M. Eugène Mùntz 1, l'histoire de la plaquette est un cha-
pitre de « l'histoire de l'influence des petits arts sur les
grands ».

Qu'est-ce qu'une plaquette ? La définition en a été
donnée par un fin connaisseur, le seul érudit qui, à ma
connaissance, ait écrit sur ce sujet, l'un des premiers
certainement qui en ait formé une collection. Sa défini-
tion est trop juste pour qu'on essaye d'en donner une
nouvelle ; il vaut mieux la transcrire ici :

« On désigne sous le nom de plaquettes de petits bas-
reliefs de bronze qui nous paraissent avoir eu pour objet
de conserver le souvenir des ouvrages des meilleurs
orfèvres de la Renaissance italienne : baisers de paix,
boutons de chape, agrafes de vêtements, enseignes,
imprese ou medagliete que l'on attachait aux bonnets,
ornements que l'on attachait aux armures et aux

1. La Renaissance en Italie et en France à l'époque de Charles VIII,
page 246.

ceinturons ou que l'on clouait sur les harnais des
chevaux pour les jours de cérémonie. Enfin, bas-reliefs
dont on ornait des coffrets, des salières et des encriers;
toutes choses que l'on exécutait en argent et en or,
repoussé et ciselé avec la plus grande délicatesse. On
tirait de ces beaux ouvrages des empreintes en soufre ou
on les coulait en bronze pour en garder la mémoire et pour
servir de modèle et d'exemple 1. »

Rien n'est plus vrai, dans ses lignes générales, que
cette définition. Son seul tort est d'être un peu étroite et
de représenter la plaquette comme la simple reproduction
d'une œuvre d'orfèvrerie. Sans doute, un grand nombre
de plaquettes nous retracent des œuvres délicates d'orfè-
vrerie et de ciselure dont les originaux ont à jamais
disparu dans le creuset du fondeur ; mais ce qu'il ne faut
pas oublier, c'est qu'à l'époque de la Renaissance tout
orfèvre était sculpteur et que par conséquent toute œuvre
d'orfèvrerie de cette époque est avant tout une œuvre de
sculpture : peu importe la matière, or, argent, bronze ou
plomb, les plaquettes sont avant tout des œuvres de
sculpture.

Les plaquettes ont aussi un autre caractère sur lequel
on ne saurait trop insister : elles font partie de Vimagerie
du xvc siècle. A côté de la gravure sur bois ou au burin,
qui reproduit et vulgarise les chefs-d'œuvre des maîtres,

1. Eug. Piot, Les Plaquettes de la Renaissance, dans Y Art ancien
à l'exposition de 1878, page 414.
 
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