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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Molinier, Émile: Les plaquettes de la Renaissance, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0217

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LES PLAQUETTES DE LA RENAISSANCE'

(fin)

Au premier abord, ce principe peut paraître absolu-
ment erroné et l'opinion contraire beaucoup, plus vraisem-
blable. Quoi de plus étonnant, en effet, que de voir des
sculpteurs, chargés d'exécuter des décorations monumen-
tales, aller chercher leurs motifs dans des monuments
aussi petits, aussi délicats que des plaquettes? C'est cepen-
dant ce qui a eu lieu et il y en a des preuves absolument
décisives. Sans parler de ce buste dû à un artiste de l'école
de Donatello, sur lequel on voit la reproduction d'une
pierre antique, l'œuvre du maître lui-même fournit un
exemple plus mémorable encore de cette tendance à copier,
un peu à tort et à travers, des modèles de l'antiquité ; ce
sont les médaillons qu'il sculpta pour le palais des Médicis,
aujourd'hui palais Riccardi. Sous son ciseau, ces intailles
ou ces camées, grands .de quelques centimètres à peine,
sont devenus des grands médaillons. Quant aux pierres
antiques qu'ils reproduisent, bon nombre existent encore

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Hercule et le lion de Né.mée,
par Moderno. (Musée du T,ouvre.)

aujourd'hui en originaux, presque toutes ont été repro-
duites en bronze dès le xv° siècle et c'est même probable-
ment d'après ces bronzes que Donatello les a copiées ; en
effet, et on ne paraît pas l'avoir jusqu'ici remarqué, quel-
ques-unes au moins de ces pierres ne faisaient pas encore
partie de la collection des Médicis à l'époque où furent
sculptés les médaillons. Si l'on calcule en effet que Paul II
est mort en 1471, Donatello étant mort en 1466, il est
matériellement impossible qu'il ait sculpté les médaillons
du palais des Médicis d'après les originaux mêmes, puisque
plusieurs de ces pierres antiques faisaient très probable-
ment partie de la collection du pape. Le fait est certain
au moins pour l'un des médaillons sculptés par Donatello,
celui qui représente Bacchus et Ariadne, sur un char traîné
par deux femmes ailées. Ce camée est décrit dans l'inven-
taire des collections du palais de Saint-Marc et, dans le
même inventaire, nous trouvons aussi VAmour conduisant
un char, reproduit sur le buste du jeune Gattamelata. Il
est donc à peu près démontré qu'en sculptant les médail-
lons du palais des Médicis, Donatello avait sous les yeux
des plaquettes reproduisant des chefs-d'œuvre de la
glyptique, que les Médicis convoitaient mais qu'ils ne
1 Voir l'Art, 12" année, tome Ior, page 170.

possédaient pas encore. Peut-être même les pierres dont
nous venons de parler ne faisaient-elles pas encore partie
des collections du cardinal Barbo.

Si le plus illustre des sculpteurs du xve siècle n'a pas
dédaigné de se servir de plaquettes comme de modèles, il
était bien permis à des sculpteurs de second ordre d'imiter
son exemple. Si, de Florence, nous passons au nord de
l'Italie, nous retrouvons encore les pierres antiques, les
médailles de la Renaissance copiées sur les monuments
à côté de véritables plaquettes : sur la porte du palais
Stangha de Crémone, aujourd'hui a.u musée du Louvre,
on voit Apollon et Marsyas, d'après l'intaille de la collec-
tion des Médicis, le revers de la médaille de Gianfran-
cesco de Gonzague, seigneur de Sabionetta, dû au mé-
dailleur mantouan Pier Jacopo Illario dit l'Antico ;
dans les sculptures de la Chartreuse de Pavie, à côté de
médaillons reproduisant des médailles antiques, quel-

Vu l c a i n forgeant les ailes de l'A.mour.

Plaquette milanaise, xv° siècle. (Musée du Louvre.)

ques-unes fidèlement, d'autres avec une part d'imagina-
tion évidente, on voit le revers de la médaille de Boldu
représentant un homme pleurant et un génie appuyé sur
une tête de mort1 et le revers delà médaille d'Auguste
par Cristoforo di Geremia, Auguste et VAbondance2.
A Brescia, sur le monument des Martinengo, dans l'église
de Santa Maria de' Miracoli, on remarque encore le
revers de la médaille de Boldu signalée plus haut.

Ces quelques exemples suffisent amplement à prouver
que les fondeurs de plaquettes ne se sont nullement ins-
pirés de la grande sculpture décorative, mais que, bien au
contraire, les plaquettes répandues dans tous les ateliers
de sculpteurs et en particulier dans le nord de l'Italie,
ont joui, de même que les médailles, d'une très grande
popularité. Ce principe admis, on sera à l'aise pour si-
gnaler quelques-uns des principaux emprunts faits parla
sculpture aux plaquettes.

Le monument de Pline le Jeune, à la cathédrale de
Cômes, monument dû au ciseau des Rodari et exécuté

1. E. Mûntz, la Renaissance en Italie et en France, page 246. —
A. Armand, Médailteurs italiens, tome Ier, page 36, n' 1.

2. Ibid., tome lor, page 3i, 11" 2.

3. Gravé dans E. Mûntz, la Renaissance en Italie et en France,
page i3.
 
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