L' art: revue hebdomadaire illustrée (13.1887 (Teil 1))

LES COLLECTIONS DE CHANTILLY

LE MUSÉE CONDÉ'

il

LES COLLECTIONS — LA PEINTURE

(suite)

ÉCOLE FRANÇAISE

école française à Chantilly nous ménage quelques surprises.
Enrichir nos collections nationales de quelques nouvelles œuvres
du Poussin, de Rigaud, de Lesueur, de Mignard, de Watteau,
des peintres galants et de nos meilleurs contemporains, ce serait
ajouter peu de chose à l’intérêt qu’elles nous offrent ; car il est
incontestable que depuis le commencement du xvne siècle jusqu’à
nos jours, à part les lacunes très regrettables créées par l’aveu-
glement d’administrateurs qui persistaient à ignorer le mouve-
ment moderne, au temps des Decamps, des Corot, des Millet,
des Rousseau, la série de nos grands artistes est bien repré-
sentée dans nos Musées. Mais de 1450 à i55o, aux origines de
la peinture en France, le Louvre lui-même est pauvre en productions de nos peintres nationaux.
A l’époque de la Révolution française, le goût et la connaissance des arts n’étaient pas assez
répandus pour qu’à côté d’Alexandre Lenoir, qui sauva tant de chefs-d’œuvre, on se souciât
de recueillir les œuvres peintes par nos primitifs et menacées alors par l’ignorance et le fanatisme
de ceux qui, à sept reprises différentes, firent des feux de joie des portraits historiques
qu’on appelait des féodaux. Si nous n’avons à Chantilly ni Perreal, ni Bourdichon, nous y
rencontrons au moins deux très belles œuvres de Jehan Foucquet, des portraits nombreux de
tous les Clouet, des Demoustier en grand nombre, des Lagneau, et toute une collection de

1. Voir l'Art, 12” année, tome II, page 231, et i3° année, tome Ior, page 57.