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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Bertrand, Alexis: L' oeuvre de François Rude en Belgique, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0285

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L’OEUVRE DE FRANÇOIS RUDE

?

EN BELGIQUE1

(suite)

II

Rude avait d'abord établi son école et son atelier dans une vieille chapelle abandonnée de
l’ancien couvent des Lorraines; à mi-hauteur, elle était coupée par un plancher qui séparait
l’école située au premier de l’atelier qui occupait le rez-de-chaussée. Plus tard, quand le nombre
des élèves fut devenu plus grand, il transféra école et ateliers dans une autre chapelle, celle des
Dou{e Apôtres. 11 importe de signaler sa manière d’enseigner, les rapports qui existaient entre le
maître et les élèves, les innovations qu’il apporta dans les habitudes presque toujours routinières,
mais surtout à Bruxelles, des ateliers. En premier lieu, ce fut l’introduction des modèles, et parti-
culièrement des modèles femmes. Il y avait là presque une révolution, car c’était l'application du
précepte fondamental de l’esthétique de Rude : Ne travaillez jamais sans avoir la nature sous les
yeux. L’introduction des femmes dans des écoles fréquentées par des jeunes gens causa bien
quelque scandale et fit un peu crier, mais on s'y habitua et l’on finit par comprendre que, quand
on veut faire un buste ou une statue de femme, rien n’est tel encore que de faire poser une
femme en chair et en os ; le vieux modèle de Godecharles, déchu de son rôle de Vénus, dut en
crever de dépit ! D’ailleurs, le maître avait sur ses élèves une rare influence morale, non qu'il
fût pédant et autoritaire, mais il possédait ce don si rare d’insinuer doucement ce qu’il voulait
et de tout obtenir en ne demandant presque rien. On sut qu’il entendait que les modèles
fussent respectés et qu’on ne se permît devant elles aucune expression grossière, et on les
respecta et on surveilla sa langue. Bien plus, il parvint à détourner ses élèves - tous des
Flamands — de l’estaminet et de la brasserie !

En second lieu, il déclara que pour être un bon sculpteur il ne suffisait pas d ignorer tout
hormis son art ; qu’au contraire il fallait devenir le plus complètement artiste qu il est possible
et pour cela s'appliquer le mot de Térence : « Que rien d’humain ne nous soit étranger! »
Il fonda donc une sorte d’enseignement mutuel parmi les jeunes gens qui fréquentaient l’atelier :
celui qui savait la géométrie l’enseignait aux autres, qui lui enseignaient à leur tour ce qu’ils
connaissaient mieux que lui. Il y avait en ville des cours de physique et d’anatomie, on s’y
rendit régulièrement. Mme Rude et sa sœur se chargèrent d’enseigner les principes de la musique
et 1 on fut bientôt en état de donner de petits concerts. On lisait les auteurs grecs et latins ; on
commentait le livre d Émeric David sur l’art statuaire, ouvrage que Rude regarda toujours comme
le manuel ou le bréviaire du sculpteur, bien qu’il n’en admît pas tous les principes en matière
d’enseignement. Au besoin, Rude se chargeait d’expliquer la morale : il avait sans doute lu dans
les Mémorables que Socrate aimait à répandre ses idées dans les ateliers des statuaires d’Athènes.

i. Voir l’Art, 13° année, tome I", page i5y.
 
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