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Lelieu, Gaston: La collection S. Goldschmidt
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0265
LA COLLECTION
C’est la mort d’un des amateurs, justement considéré
comme l’un des plus distingués de Paris, qui amène la
dispersion d’un des plus précieux Cabinets de tableaux
modernes, d’une collection absolument composée con
amore. Elle sera vendue, ainsi que les objets d’art et de
curiosité, meubles et bronzes de Barye en épreuves
anciennes, à la Galerie de la rue de Sèze, les 17, 18 et
19 mai, par le ministère de Me Paul Chevallier, commis-
saire-priseur, assisté, pour les Tableaux, de MM. Féral
et G. Petit, experts, et, pour tout le reste, de M. Ch.
Mannheim, le savant expert, qui fera également, avec
Me Chevallier, la vente des Médailles et Plaquettes, à
l’Hôtel Drouot, Salle n° 3, le mardi 22 mai.
En objets d’art, M. S. Goldschmidt possédait surtout
des Sculptures en bois, marbre et ivoire, de beaux Bronzes
de la Renaissance, des Majoliques italiennes, des Faïences
hispano-mauresques, quelques pièces de Bernard Palissy,
des Emaux champlevés, des Grès et des Terres émaillées,
des Emaux de Limoges, etc.
Ses épreuves anciennes des Bronzes de Barye sont tout
à fait de choix.
Dans toutes ses poursuites de Curieux, M. S. Gold-
schmidt s’est invariablement montré homme de goût, mais
c’est incontestablement la peinture qui avait le privilège de
le passionner avant tout. Jugez-en : il possédait cinquante-
trois tableaux, et en voici l’éloquent dénombrement :
Un Bonington,
Un Corot,
Vingt-cinq Decamps,
Dix Eugène Delacroix,
Un Diaz,
Deux Jules Dupré,
Un Géricault,
Un Meissonier,
Deux Millet,
Trois Théodore Rousseau,
Cinq Troyon,
Et un Ziem.
Les Troyon sont tous les cinq célébrissimes : la Bièvre,
effet de neige; Chèvres et roses trémières; l’Abreuvoir, le
matin ; la Barrière, qui provient de. la galerie de Mme la
comtesse Le Hon, et surtout la Vallée de la Touques, la
perle de cette même galerie. On doit s’attendre pour cette
toile à des enchères vertigineuses.
S. GOLDSCHMIDT
De Théodore Rousseau, c’est principalement la Rivière
qui ira aux nues.
Les Millet sont deux dessins, dont le plus magistral
est le Retour des champs.
L’Amazone, de Géricault, qui a passé par les collec-
tions Van Cuyck, Marmontel et Laurent-Richard, a évi-
demment été peinte à la suite du séjour que l’artiste fit en
Angleterre.
Les Dupré ■— le Moulin à vent et Cerf sous bois —
sont de premier ordre.
De Delacroix, VEnlèvement de Rébecca ; ce Christ en
croix, qui était l’honneur de la collection Gavet ; le Cava-
lier grec; les Côtes du Maroc, œuvre accomplie; les
Joueurs d’échecs; Choc de cavaliers arabes et Herminie et
les bergers.
Jamais on n'aura vu passer en vente pareille série de
Decamps; il suffit de mentionner les principaux : les
Petits Mendiants, aquarelle ; Diogène jetant sa sébile,
fusain capital, rehaussé de pastel et de gouache, que l’on a
tour à tour admiré dans les collections Didier et Fau ; le
Cheval blanc, dans un minuscule mais grandiose paysage,
qui a appartenu à M. Crabbe et à M. le baron de Beurnon-
ville ; le Repos de la Sainte Famille, d’un sentiment si
tendre ; les superbes Bouledogue et Terrier écossais ;
la Chasse au renard, avec ses lignes d’horizon d’un si
beau style ; le Chat, le Lapin et la Belette, cette traduc-
tion de tant d’esprit de la fable de La Fontaine ; la Chasse
au miroir, d’un effet lumineux si piquant ; la Porchère,
debout, au milieu d’un paysage magistralement accidenté ;
le pittoresque Paysan italien allumant sa pipe, et la Cour
de ferme, brûlée par le soleil et qui provient de la collec-
tion du baron Corvisart.
Ajoutez le Château de Fontainebleau, de ce magicien
qui s’appelle Corot, et la Route, un Bonington tout bai-
gné de lumière, et vous ne vous étonnerez pas que je pré-
dise à la collection S. Goldschmidt des compétitions
d’enchères aussi vives que celles qui ont amené, le samedi
5 mai, à Londres, chez Christie, un mouvement de
reprise énorme et qui paraît devoir être durable, du
marché des tableaux modernes ; on a réalisé en moins
de deux heures 71,000 livres sterling, la bagatelle de
1,775,000 francs.
v
Gaston Lelieu.
C’est la mort d’un des amateurs, justement considéré
comme l’un des plus distingués de Paris, qui amène la
dispersion d’un des plus précieux Cabinets de tableaux
modernes, d’une collection absolument composée con
amore. Elle sera vendue, ainsi que les objets d’art et de
curiosité, meubles et bronzes de Barye en épreuves
anciennes, à la Galerie de la rue de Sèze, les 17, 18 et
19 mai, par le ministère de Me Paul Chevallier, commis-
saire-priseur, assisté, pour les Tableaux, de MM. Féral
et G. Petit, experts, et, pour tout le reste, de M. Ch.
Mannheim, le savant expert, qui fera également, avec
Me Chevallier, la vente des Médailles et Plaquettes, à
l’Hôtel Drouot, Salle n° 3, le mardi 22 mai.
En objets d’art, M. S. Goldschmidt possédait surtout
des Sculptures en bois, marbre et ivoire, de beaux Bronzes
de la Renaissance, des Majoliques italiennes, des Faïences
hispano-mauresques, quelques pièces de Bernard Palissy,
des Emaux champlevés, des Grès et des Terres émaillées,
des Emaux de Limoges, etc.
Ses épreuves anciennes des Bronzes de Barye sont tout
à fait de choix.
Dans toutes ses poursuites de Curieux, M. S. Gold-
schmidt s’est invariablement montré homme de goût, mais
c’est incontestablement la peinture qui avait le privilège de
le passionner avant tout. Jugez-en : il possédait cinquante-
trois tableaux, et en voici l’éloquent dénombrement :
Un Bonington,
Un Corot,
Vingt-cinq Decamps,
Dix Eugène Delacroix,
Un Diaz,
Deux Jules Dupré,
Un Géricault,
Un Meissonier,
Deux Millet,
Trois Théodore Rousseau,
Cinq Troyon,
Et un Ziem.
Les Troyon sont tous les cinq célébrissimes : la Bièvre,
effet de neige; Chèvres et roses trémières; l’Abreuvoir, le
matin ; la Barrière, qui provient de. la galerie de Mme la
comtesse Le Hon, et surtout la Vallée de la Touques, la
perle de cette même galerie. On doit s’attendre pour cette
toile à des enchères vertigineuses.
S. GOLDSCHMIDT
De Théodore Rousseau, c’est principalement la Rivière
qui ira aux nues.
Les Millet sont deux dessins, dont le plus magistral
est le Retour des champs.
L’Amazone, de Géricault, qui a passé par les collec-
tions Van Cuyck, Marmontel et Laurent-Richard, a évi-
demment été peinte à la suite du séjour que l’artiste fit en
Angleterre.
Les Dupré ■— le Moulin à vent et Cerf sous bois —
sont de premier ordre.
De Delacroix, VEnlèvement de Rébecca ; ce Christ en
croix, qui était l’honneur de la collection Gavet ; le Cava-
lier grec; les Côtes du Maroc, œuvre accomplie; les
Joueurs d’échecs; Choc de cavaliers arabes et Herminie et
les bergers.
Jamais on n'aura vu passer en vente pareille série de
Decamps; il suffit de mentionner les principaux : les
Petits Mendiants, aquarelle ; Diogène jetant sa sébile,
fusain capital, rehaussé de pastel et de gouache, que l’on a
tour à tour admiré dans les collections Didier et Fau ; le
Cheval blanc, dans un minuscule mais grandiose paysage,
qui a appartenu à M. Crabbe et à M. le baron de Beurnon-
ville ; le Repos de la Sainte Famille, d’un sentiment si
tendre ; les superbes Bouledogue et Terrier écossais ;
la Chasse au renard, avec ses lignes d’horizon d’un si
beau style ; le Chat, le Lapin et la Belette, cette traduc-
tion de tant d’esprit de la fable de La Fontaine ; la Chasse
au miroir, d’un effet lumineux si piquant ; la Porchère,
debout, au milieu d’un paysage magistralement accidenté ;
le pittoresque Paysan italien allumant sa pipe, et la Cour
de ferme, brûlée par le soleil et qui provient de la collec-
tion du baron Corvisart.
Ajoutez le Château de Fontainebleau, de ce magicien
qui s’appelle Corot, et la Route, un Bonington tout bai-
gné de lumière, et vous ne vous étonnerez pas que je pré-
dise à la collection S. Goldschmidt des compétitions
d’enchères aussi vives que celles qui ont amené, le samedi
5 mai, à Londres, chez Christie, un mouvement de
reprise énorme et qui paraît devoir être durable, du
marché des tableaux modernes ; on a réalisé en moins
de deux heures 71,000 livres sterling, la bagatelle de
1,775,000 francs.
v
Gaston Lelieu.