L' art: revue hebdomadaire illustrée (14.1888 (Teil 1))

Les Arts, les Lettres et les Sciences.
Cartouche allégorique de Despret, surmonté du portrait de Louis XV.

III

LES ACHATS DE L’ÉTAT

Ces achats, — à une seule exception près, — rien jusqu’ici ne
peut les justifier aux yeux de qui se préoccupe exclusivement de la
question d’art.

Le Gouvernement a acquis :

1. Énigme, par M. Alfred Agache ;

2. Tireurs d’arbalète, par M. Eugène Buland ;

3. Le Bois de Captieux; Baladais, par M. Jean Cabrit ;

4. Le Rêve, par M. Édouard Détaillé;

5. Saint Sébastien, par M. J. J. Henner;

6. Chambre blanche, par M. Maurice Lobre ;

7. Le Soir, à Druillat (Ain), par M. Alexandre Rapin ;

8. Manda Lamétrie, fermière, par M. A. P. Roll.

Les gens qui s’inquiètent de la grandeur de la France s’ima-
ginent volontiers que l’État ne peut se donner que des œuvres dignes de ses Musées, que les
œuvres les mieux faites pour enrichir le patrimoine national. Les sceptiques pensent qu'il achète
par ignorance routinière. Les mauvaises langues ne sont pas éloignées de croire que l’intrigue et
le favoritisme pèsent d’un poids considérable dans la balance. Quant à M. Prudhomme, moins
Joseph parfois qu’il n’en a l’air, il se contente de répéter : « Plus ça change, plus c’est la même
chose. »

Je m’abstiens de prendre parti et constate seulement que la moitié — si ce n’est plus — des
huit élus, est dans une situation largement indépendante. Il en résulte incontestablement qu’on
n’a pu songer à les encourager ni artistiquement ni matériellement; si l’on s’est adressé de
préférence à eux, c’est sans doute qu'ils sont les auteurs d’œuvres hors de pair, de celles-là
seules que l’État a le devoir de conquérir.

1. Voir l’Art, 149 année, tome Ior, pages 173 et 209.

Tome XLIV.

A.

Croquis d’Albéric Du y ver,
d’après son Portrait de Mma Lavaux.
(Salon de 1888.)

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