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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Gauchez, Léon: Rue trompette, N° 6 à Saint-Germain-en-Laye, IX-X
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0298

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25o

L’ART.

Schmidt, à 4,00 fr., et, à 6,5oo fr., Louis Tocqué à l'àge de quarante-trois ans, peint par son
beau-père J. M. Nattier, en 1739, portrait incomparable dans l’œuvre du maître, portrait que
grava L. J. Cathelin et qui laisse bien loin derrière lui tous les portraits de femme de Nattier.

L’esquisse du Christ en croix, de Prud'hon, du Musée du Louvre, fut achetée 5,000 fr. par
M. de Beurnonville, qui se donna aussi — à 4,5oo francs — une délicieuse Jeune Femme, pastel
exquis de la Rosalba Carriera, placé dans un cadre ancien en bois sculpté d’une extrême
finesse; M. le duc de Trévise devint, moyennant 8,100 fr., le possesseur envié d’un incomparable
pastel de Prud'hon, représentant l’Impératrice Joséphine.

Le résultat de cette vente posthume ne fut pas moins brillant que celui de la vente
de 1867. M. Laperlier savait tout ce qu'il devait à- l'artiste à qui il écrivait presque à ses
derniers moments :

Mon cher Fonvin,

C’est l’adieu solennel que je vous envoie par ces lignes ; je vous remercie de tous les bons
instants intelligents et sympathiques que je vous dois dans ma vie.

Felevez-vous et travaillez à vaincre : la lutte, c’est la vie!... Qu'elle vous soit longue
et prospère.

Je vous embrasse.
<Alger.

Lapeülieîi .

Le pauvre Bonvin n’a jamais été de ceux qui se laissent aller aux longues désespérances ;
nul n’a combattu le combat de la vie plus vaillamment, plus philosophiquement que lui. Ses
moments d’abattement ont toujours été très passagers; il ne les a connus que sous le coup
d’intolérables douleurs, telles que celles qui lui faisaient écrire en 1876, sur un carnet de Notes
et Souvenirs :

Juin, juillet, sans écrire, tant j’ai souffert de la gravelle, qui ne paraît pas vouloir me
lâcher.

C’est sans doute en recevant des nouvelles de Bonvin, à la suite d’une crise de ce genre,
que M. Laperlier, mourant, lui envoya, deux ans plus tard, ces derniers adieux qui s'efforcaient
de remonter le moral de l’artiste, ainsi que le fit également, dans une circonstance semblable,
un autre de ses amis, et des meilleurs, M. le comte Louis de Turenne :

Mon cher JJonvin,

Paris, 14 janvier.

Je viens de recevoir votre aimable petit mot et suis désolé que vous ayez été si éprouvé
par la maladie. Quant a ce que vous me dites de votre vieillesse prématurée, je n’en veux
rien croire.

Vous avez des ennuis, des désappointements et le moral s’en est ressenti. Hélas! que de
gens ont passé par la! Les déboires peuvent différer dans la forme, mais au fond ils sont
également durs à subir. Croyez-moi, cher ami, on n est jamais vieux lorsqu on a comme vous
le génie et que le cœur reste jeune ; vous êtes plus que personne doué sous ce rapport.

Et puis, qu’avez-vous fait de cette philosophie pour laquelle je vous admirais tant? Je
pourrais être votre maître maintenant. J’ai fait de ce côté-la bien des progrès durant mes
longues tournées dans les solitudes du Nouveau-Monde. Quand je suis triste, abattu, je
regarde autour de moi ; avec — ma foi, je ne me rappelle plus avec qui je suis alors tenté
de m’écrier : « Q miseras hominum mentes! 0 pectora cæca ! » et je finis par estimer qu’en
définitive j’aime mieux être ce que je suis que de ressembler a ces gens a l’esprit mesquin,
au cœur vide, desséché, qui me paraissent plus favorisés.
 
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