LE CENT-ONZIÈME SALON DE PARIS, ETC.
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trône académique, —- car c'est bel et bien un trône, ■— il y
trône à merveille. On n'est pas plus gentlemanîikè. Il a
tout à fait grand air, et nul, dans les Trois-Royaumes,
ne sait graduer à égal degré ce qu'il doit à un simple
Commoner, à un noble Pair, à un Prince du sang. Per-
sonnage, en un mot, tout en façade, mais façade magni-
fiquement aristocratique. A défaut de talent, c'est quelque
chose, un mérite, pour le moins, qui ne court pas les rues.
Un autre Baronet académique, Sir John Everett Millais,
s'est chargé de donner à Londres la réplique aux effondre-
ments artistiques de Paris et n'a pas hésité à jouer à
pleines mains sa partie de décadence.
Les juges clairvoyants savaient depuis longtemps que
l'auteur de The Order of.Release* avait atteint son apogée
en peignant le très remarquable Portrait de Mms Bis-
choffsheim-. Mais nul n'eût soupçonné qu'il en arriverait
à exhiber des toiles informes où il n'y aurait plus ni des-
sin, ni composition, ni habileté du pinceau, ni relations
de valeurs, ni le moindre esprit.
Les plus indulgents restaient stupéfaits en face du Por-
trait of John Hare, Esq., de The Girlhood of Saint The-
resa, de Pensive et de Merry. Ils se refusaient à y croire
et espéraient avoir affaire aux croûtes de quelque indigne
faussaire. Mais ils avaient beau vouloir s'illusionner, la
chute n'était, hélas ! que trop vraie et non moins profonde
que celle de M. Henner ou de M. Carolus-Duran, à Paris.
Portrait du Baronet Sir Robert Price,
dessiné en 1791 par Sir Thomas Lawrence. — (Musée-Bibliotheque Joseph-Benoit Willems, à Laeken.)
Si une seule de ses œuvres avait été d'une infériorité
excessive, on eût pu se consoler en se souvenant qu'il
arrive aux plus forts de se tromper, mais Sir John Everett
Millais avait envoyé quatre toiles à Burlington House et
d'un Recorder de la Cité de Londres qui figura à une des
expositions de la Grosvenor Gallery nous est trop pré-
sent, ce portrait fera trop brillamment se survivre l'artiste
qui l'a peint en perfection, pour que nous ayons la cruauté
chacune d'elles représentait au plus haut degré l'union '• de nous arrêter à des aberrations séniles.
intime du mauvais et du pire. On a beau être sujet à des
faiblesses suivies de rebondissements, ce qui fut souvent
le péché mignon de Sir John, on ne se ressaisit guère
après un quadruple affaissement lamentable.
M. Herkomer — pardon ! M. le professeur Herkomer,
puisque professeur il y a —■ a de plus en plus la spécia-
lité des portraits en bois ; cela fait évidemment le bonheur
de sa clientèle; elle s'accroît sans cesse.
M. Walter William Ouless, à qui l'on doit quelques
bons portraits, s'alourdit.
M. Watts est chargé d'ans. Le souvenir du portrait
Quant à Sir John Gilbert, sa verte vieillesse défie les
années et c'est avec respect que nous nous sommes arrêté
devant On tlie Road to the Horse Pair. C'est un vaillant
qui ne témoigne point encore d'une ardeur qui s'éteint.
De ci, de là, on rencontrait quelque peintre jeune
encore et possédant un certain talent, mais s'égarant à
1. L'Ordre d'élargissement.
2. II a été admirablement gravé dans l'Art, — voir 40 année,
tome IV, page 3o5, — par M. Charles Waltner qui depuis!... Lui
aussi, bien que merveilleusement doué, en est arrivé au Quantum
mutatus ab illo, à force de bâcler des estampes de commerce.
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trône académique, —- car c'est bel et bien un trône, ■— il y
trône à merveille. On n'est pas plus gentlemanîikè. Il a
tout à fait grand air, et nul, dans les Trois-Royaumes,
ne sait graduer à égal degré ce qu'il doit à un simple
Commoner, à un noble Pair, à un Prince du sang. Per-
sonnage, en un mot, tout en façade, mais façade magni-
fiquement aristocratique. A défaut de talent, c'est quelque
chose, un mérite, pour le moins, qui ne court pas les rues.
Un autre Baronet académique, Sir John Everett Millais,
s'est chargé de donner à Londres la réplique aux effondre-
ments artistiques de Paris et n'a pas hésité à jouer à
pleines mains sa partie de décadence.
Les juges clairvoyants savaient depuis longtemps que
l'auteur de The Order of.Release* avait atteint son apogée
en peignant le très remarquable Portrait de Mms Bis-
choffsheim-. Mais nul n'eût soupçonné qu'il en arriverait
à exhiber des toiles informes où il n'y aurait plus ni des-
sin, ni composition, ni habileté du pinceau, ni relations
de valeurs, ni le moindre esprit.
Les plus indulgents restaient stupéfaits en face du Por-
trait of John Hare, Esq., de The Girlhood of Saint The-
resa, de Pensive et de Merry. Ils se refusaient à y croire
et espéraient avoir affaire aux croûtes de quelque indigne
faussaire. Mais ils avaient beau vouloir s'illusionner, la
chute n'était, hélas ! que trop vraie et non moins profonde
que celle de M. Henner ou de M. Carolus-Duran, à Paris.
Portrait du Baronet Sir Robert Price,
dessiné en 1791 par Sir Thomas Lawrence. — (Musée-Bibliotheque Joseph-Benoit Willems, à Laeken.)
Si une seule de ses œuvres avait été d'une infériorité
excessive, on eût pu se consoler en se souvenant qu'il
arrive aux plus forts de se tromper, mais Sir John Everett
Millais avait envoyé quatre toiles à Burlington House et
d'un Recorder de la Cité de Londres qui figura à une des
expositions de la Grosvenor Gallery nous est trop pré-
sent, ce portrait fera trop brillamment se survivre l'artiste
qui l'a peint en perfection, pour que nous ayons la cruauté
chacune d'elles représentait au plus haut degré l'union '• de nous arrêter à des aberrations séniles.
intime du mauvais et du pire. On a beau être sujet à des
faiblesses suivies de rebondissements, ce qui fut souvent
le péché mignon de Sir John, on ne se ressaisit guère
après un quadruple affaissement lamentable.
M. Herkomer — pardon ! M. le professeur Herkomer,
puisque professeur il y a —■ a de plus en plus la spécia-
lité des portraits en bois ; cela fait évidemment le bonheur
de sa clientèle; elle s'accroît sans cesse.
M. Walter William Ouless, à qui l'on doit quelques
bons portraits, s'alourdit.
M. Watts est chargé d'ans. Le souvenir du portrait
Quant à Sir John Gilbert, sa verte vieillesse défie les
années et c'est avec respect que nous nous sommes arrêté
devant On tlie Road to the Horse Pair. C'est un vaillant
qui ne témoigne point encore d'une ardeur qui s'éteint.
De ci, de là, on rencontrait quelque peintre jeune
encore et possédant un certain talent, mais s'égarant à
1. L'Ordre d'élargissement.
2. II a été admirablement gravé dans l'Art, — voir 40 année,
tome IV, page 3o5, — par M. Charles Waltner qui depuis!... Lui
aussi, bien que merveilleusement doué, en est arrivé au Quantum
mutatus ab illo, à force de bâcler des estampes de commerce.