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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 2 (Novembre 1898)
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L' école écossaise d'art moderne
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0071

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L’ART DÉCORATIF -C^=^

L’ECOLE ECOSSAISE D’ART
MODERNE
L’Angleterre, qui donna naissance au mouve-
ment de l’art moderne et resta vingt ans à sa
tête,, semble rester en arrière aujourd’hui.
Depuis sept ou huit ans, on cherche en vain
un progrès décisif chez elle, qui marchait à si
grands pas jadis. Les hommes nouveaux ne .lui
manquent pas, mais ils n’ont rien de nouveau
à dire.
C’est à l’Ecosse qu’il était réservé de donner
une nouvelle impulsion à l’essor dans le Roy-
aume-Uni.
L’Ecosse venait déjà de produire cette re-
marquable école de peintres qui fut accueillie
au Champ de Mars par un succès si mérité
il y a quelques années, ces paysagistes au coloris
doux et mélancolique, Macauley-Stephenson,
Paterson, Henry etc. La même grande ville
de Glascow qui nous envoya ces artistes voit
aujourd’hui se lever le talent d’un autre groupe,
aussi peu ressemblant que possible au premier.
Les premiers étaient peintres et rien que
peintres, et tout en leur rendant justice, on ne
peut méconnaître les dangers que l’influence de
leur touche charmeresse eût fait courir à l’art.
Sous la finesse de ces paysages, sous le mystère
pénétrant de ces portraits au coloris exquis, se
cachait la morbidité, le déclin de l’école dont
l’œuvre de Whistler a marqué l’apogée.
Rien de pareil dans le nouveau groupe écossais,
qui tourne résolument le dos aux traditions
de ses prédécesseurs et entre dans la vie avec
un sang aussi frais que celui des premiers était
anémié.
Presque tous ceux qui le composent ont été
d’abord peintres. Entrés dans l’art décoratif,
ils en ont abordé presque toutes les branches
avec une rapidité surprenante, et, ce qui vaut
mieux, y déploient d’emblée de brillantes qualités.
Nous ne dirons aujourd’hui quelques mots
que de ceux dont le renom a grandi le plus
vite: des deux sœurs M1Ies Macdonald, qui sont
avant tout des décoratrices proprement dites, et
s’adonnent aux travaux sur métaux repoussés,
à l’affiche, au livre; de M. C. Mackintosh,
artiste remarquable dans le meuble, et qui fait
de plus du décor sur tissus; de M. Mc Nair,
qui s’occupe surtout de verrerie et de vitraux
sans préjudice de l’affiche, et dont nous ne
pouvons par malheur reproduire ici que des
œuvres qui ne sont pas ses meilleures, le «Studio»
nous ayant déjà précédé et notre habitude étant
de ne donner que de l’inédit; enfin, de M. Tal-
win Morris, à la fois brillant illustrateur de livres
comme artiste et propagandiste ardent des idées
de la jeune école comme écrivain.

Il y a dans les œuvres de ces artistes une
abondance de nouveauté, une sève d’originalité
qu’on cherche en vain dans' celle des jeunes
Anglais. De même que celles des premiers Anglais,
que celles des Hollandais, elles sont empreintes
d’un symbolisme lyrique, sans doute éclos
sous l’influence de la jeune littérature du con-
tinent. C’est surtout chez Mlles Macdonald que
ce symbolisme s’accuse; mais du moins, il
s’indique sans s’imposer et sans contrarier le
caractère ornemental poursuivi par l’artiste.
Un trait fort remarquable chez eux', c’est
l’intelligence avec laquelle ils se sont servis de
ce qui se prêtait à leur but. Il leur fallait
un point de départ, ils l’ont pris où leur in-
stinct leur a dit de le prendre ; mais ils sont,
si l’on peut ainsi s’exprimer, restés maîtres de
l’influence à laquelle ils se soumettaient con-
sciemment. Ainsi, l’on rencontrera dans leur
œuvre les éléments orientaux en masse;
mais ils savent s’en servir d’une manière
qui n’a rien de commun avec l’éclectisme
aveugle dont les adeptes de l’art nouveau
n’ont que trop fait preuve ailleurs. Ils
ont pris à l’Angleterre — quoi qu’on aie
dit — mais ils ont eu le tact de ne prendre
d’elle que les bons côtés. Les meubles de
Mackintosh, par exemple, se rapprochent fort
par l’ensemble de leurs dispositions et surtout
par leur construction des bonnes productions
anglaises dans cette branche d’art ; Mlle3 Mac-
donald se sont purement et simplement appro-
prié la grâce un peu raide des artistes de
Londres dans leurs métaux repoussés, etc. etc.
Mais l’invention prédomine quant même, et
les défauts du modèle — peut on bien dire
«du modèle?» — ont disparu : les meubles de
M. Mackintosh, pour continuer l’exemple, sont
exempts de cette sécheresse incurable, résultat
de l’emploi exclusif de la ligne droite sous le
prétexte qu’elle seule ne gaspille pas le bois et
la main-d’œuvre, mais en réalité, parce que
l’invention manque pour des formes moins
pauvres. M. Mackintosh s’entend à nuancer
agréablement ses lignes, et sait leur donner un
mouvement tout-à-fait personnel, auquel ses
meubles doivent une élégance qui contraste
avec la raideur presque pénible de ceux des
Anglais. Son œuvre jusqu’ici est tout au
moins un commencement rare, et dont on
peut attendre beaucoup pour la suite.
En examinant les travaux de ces artistes
de Glascow, on observe une particularité si
manifeste qu’elle frappera, rien qu’au vu de
nos reproductions, ceux de nos lecteurs qui
sont quelque peu familiarisés avec les œuvres
des artistes étrangers. C’est la similitude entre
ces travaux et ceux d’artistes d’autres pays.

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