L;ART DÉCORATIF
LES CONCOURS DE a L'ART DECORATIF >
Déférant au désir qui nous est exprimé, nous
avons reculé les dates auxquelles les concurrents
doivent nous faire parvenir leurs travaux, pour les
quatre premiers concours.On trouvera les nouvelles
dates à la page où les programmes sont reproduits.
Au sujet du concours de photographies, on nous
fait remarquer que la saison est peu favorable pour
photographier une maison de campagne. Il y a du
vrai dans cette observation ; mais rien n’empèche
les amateurs de nous envoyer des photographies
prises antérieurement.
a
PARIS
NEcole Guérin vient, comme chaque année à
cette époque, d’exposer les travaux des élèves du
cours de composition décorative qu’y donne
M. E. Grasset. Nous ne pensons pas qu’une expo-
sition de ce genre puisse être plus intéressante que
celle-ci. Beaucoup de ces travaux d’élèves seraient
signés des deux mains par des artistes arrivés.
Même en supposant que quelques conseils directs
du professeur aient aidé les élèves à parachever
ces ouvrages, les résultats de l’enseignement de
M. Grasset sont surprenants, le mot n’est pas de
trop. On en jugera par notre prochain numéro.
C’est surtout pour la classe de seconde- année,
où les élèves sont exercés à la décoration florale,
qu’on est presque stupéfait de l’excellence des
travaux. L’élégance et la variété des interpréta-
tions, le bon ordonnancement des compositions, la
fermeté des dessins, l’harmonie et le charme des
couleurs laissent à peine place à la critique. Les
travaux de la première année, consacrée à l’étude
des groupements d’éléments et de l’harmonisation
des lignes, ne sont pas moins remarquables. Il y a
là — entre beaucoup d’autres choses que nous ne
pouvons énumérer — des projets de pavements en
carrelage à décoration linéaire, devant lesquels
c’est à se demander si ce sont bien réellemement
là les œuvres de commençants.
Dans les travaux de la classe de troisième année
(étude de la figure) l’ensemble nous paraît moins
supérieur, malgré quelques pièces où l’habileté
acquise complète déjà d’heureux dons naturels.
Mais il ne faut sans doute voir là que la consé-
quence de ceci, qu’il faut des tempéraments plus
spéciaux, et ne se rencontrant que chez beaucoup
moins d’individus, pour aborder la figure avec
succès. Quoi qu’il en soit, l’on retrouve tout au
moins dans les groupements et le décor des fonds
cette distinction qui est chez les élèves de M. Grasset
on pourrait dire une seconde nature.
Comment se fait-il qu’une école qui forme de tels
élèves soit menacée dans son existence faute
d’argent ? En Angleterre, en Amérique, en Alle-
magne même, cent, deux cent, trois cent mille
francs seraient trouvés en vingt-quatre heures pour
la conserver au pays. Chez nous, on lui marchande
les moyens de vivre, on lui rogne chaque année
une maigre subvention de quelques milliers de
francs. L’Ecole Guérin, fondée par l’initiative et
des deniers de son directeur, conduite par des
professeurs renommés, parmi lesquels plusieurs
artistes éminents qui donnent leur enseignement
sans rémunération, avait obtenu de la Ville un
subside de 10.000 francs, aujourd’hui réduit à 4 000,
sous des prétextes réglementaires; elle est forcée
de faire appel à la générosité des amis de l’art
pour combler le déficit de son très modeste budget.
C’est tout simplement lamentable — pour ne pas
employer de terme . plus vif. Quoi, l’initiative
privée, si rare chez nous, produit par hasard
une institution modèle, dont l’étranger vient étudier
les procédés pour les copier, à laquelle un artiste,
honneur du pays, se consacre, une institution
qui rend des services éclatants, et c’est cette ini-
tiative qu’on refuse d’aider, c’est cet artiste qu’on
décourage ! On se plaint que notre industrie périt
sous la concurrence de celle des autres nations, et
c’est à 1 école capable de lui fournir un personnel
pour rendre à ses produits la supériorité artistique
qui pourrait la sauver, c’est à cette école qu’on
refuse quelques milliers de francs ! En vérité, si
l’étranger rit et se réjouit de nous voir faire de
telles gaffes, nous l’aurons bien gagné.
Nous nous faisons un devoir de reproduire
l’appel de M. Guérin pour son école, et souhaitons
de tout cœur qu’il détermine quelques-uns des
lecteurs de Y Art décoratif à s’intéresser à une
institution si utile à l’art et à l’industrie. J.
« Ecole normale d’enseignement du dessin fondée en 1881
et dirigée par M. A. Guérin, architecte.
Paris, 19, rue Vavili.
Paris, le 13 octobre 1898.
« L’Ecole existe depuis 18 ans.
« L’utilité de son existence est motivée par l’émulation
produite dans l’enseignement officiel par les nombreux
succès passés et présents de ses élèves
« Seule école à Paris due à l’initiative privée, plus les
résultats obtenus étaient qualifiés A extraordinaires, de
merveilleux à l Hôtel de Ville, plus sa subvention dimi-
nuait.
« Lorsque les écoles similaires exigent un budget annuel
de près de 100.000 francs, celle-ci avec 20.000 francs
environ couvre ses frais de loyer, chauffage, matériel,
employés, etc.. , ses professeurs, jusqu’à ce jour, ayant
donné gratuitement leur enseignement.
« Actuellement les seules ressources, pour l’année
scolaire 1898-1899, consistent dans la promesse d’une sub-
vention de 4.000 francs de la Ville de Paris.
« A la veille de l’Exposition de 1900, j’ai l’honneur
d’adresser le plus pressant appel aux membres de notre
comité de patronage et à toutes les personnes dont la.
générosité nous a permis, dès l’année dernière, de pour-
suivre la tâche que tous nous nous sommes imposée. »
Le Directeur, A. Guérin.
Si invraisemblable que cela puisse paraître,
l’Opéra-Comique sera inauguré un peu plus tôt
qu’on l’espérait. Le ministre a choisi la date du
Ier décembre pour cette solennité, à laquelle seront
conviées toutes les personnalités du monde des-
arts et des lettres.
C’est le moment de rappeler les collaborateurs
de ce grand et long travail.
Les six cariatides qui ornent la façade sur la
place Boieldieu sont exécutées par les statuaires
Allard, Gustave Michel et Perrot. Ces artistes
ont également fait les principales têtes ornemen-
tales.
Les cariatides de la salle sont de M. Jules-
Coutan, et M. Marquette a exécuté neuf figures
volantes.
La décoration picturale est signée de MM. Ben-
jamin-Constant, Flameng, Luc-Olivier Merson,
Aimé Morot, Thoudouze et Raphaël Collin.
M. François Flameng a décoré un des escaliers
de compositions représentant la Danse et la
Musique.
M. Luc-Olivier Merson a fait l’autre escalier :
la Poésie en Grèce, la Musique au xvs siècle dans
LES CONCOURS DE a L'ART DECORATIF >
Déférant au désir qui nous est exprimé, nous
avons reculé les dates auxquelles les concurrents
doivent nous faire parvenir leurs travaux, pour les
quatre premiers concours.On trouvera les nouvelles
dates à la page où les programmes sont reproduits.
Au sujet du concours de photographies, on nous
fait remarquer que la saison est peu favorable pour
photographier une maison de campagne. Il y a du
vrai dans cette observation ; mais rien n’empèche
les amateurs de nous envoyer des photographies
prises antérieurement.
a
PARIS
NEcole Guérin vient, comme chaque année à
cette époque, d’exposer les travaux des élèves du
cours de composition décorative qu’y donne
M. E. Grasset. Nous ne pensons pas qu’une expo-
sition de ce genre puisse être plus intéressante que
celle-ci. Beaucoup de ces travaux d’élèves seraient
signés des deux mains par des artistes arrivés.
Même en supposant que quelques conseils directs
du professeur aient aidé les élèves à parachever
ces ouvrages, les résultats de l’enseignement de
M. Grasset sont surprenants, le mot n’est pas de
trop. On en jugera par notre prochain numéro.
C’est surtout pour la classe de seconde- année,
où les élèves sont exercés à la décoration florale,
qu’on est presque stupéfait de l’excellence des
travaux. L’élégance et la variété des interpréta-
tions, le bon ordonnancement des compositions, la
fermeté des dessins, l’harmonie et le charme des
couleurs laissent à peine place à la critique. Les
travaux de la première année, consacrée à l’étude
des groupements d’éléments et de l’harmonisation
des lignes, ne sont pas moins remarquables. Il y a
là — entre beaucoup d’autres choses que nous ne
pouvons énumérer — des projets de pavements en
carrelage à décoration linéaire, devant lesquels
c’est à se demander si ce sont bien réellemement
là les œuvres de commençants.
Dans les travaux de la classe de troisième année
(étude de la figure) l’ensemble nous paraît moins
supérieur, malgré quelques pièces où l’habileté
acquise complète déjà d’heureux dons naturels.
Mais il ne faut sans doute voir là que la consé-
quence de ceci, qu’il faut des tempéraments plus
spéciaux, et ne se rencontrant que chez beaucoup
moins d’individus, pour aborder la figure avec
succès. Quoi qu’il en soit, l’on retrouve tout au
moins dans les groupements et le décor des fonds
cette distinction qui est chez les élèves de M. Grasset
on pourrait dire une seconde nature.
Comment se fait-il qu’une école qui forme de tels
élèves soit menacée dans son existence faute
d’argent ? En Angleterre, en Amérique, en Alle-
magne même, cent, deux cent, trois cent mille
francs seraient trouvés en vingt-quatre heures pour
la conserver au pays. Chez nous, on lui marchande
les moyens de vivre, on lui rogne chaque année
une maigre subvention de quelques milliers de
francs. L’Ecole Guérin, fondée par l’initiative et
des deniers de son directeur, conduite par des
professeurs renommés, parmi lesquels plusieurs
artistes éminents qui donnent leur enseignement
sans rémunération, avait obtenu de la Ville un
subside de 10.000 francs, aujourd’hui réduit à 4 000,
sous des prétextes réglementaires; elle est forcée
de faire appel à la générosité des amis de l’art
pour combler le déficit de son très modeste budget.
C’est tout simplement lamentable — pour ne pas
employer de terme . plus vif. Quoi, l’initiative
privée, si rare chez nous, produit par hasard
une institution modèle, dont l’étranger vient étudier
les procédés pour les copier, à laquelle un artiste,
honneur du pays, se consacre, une institution
qui rend des services éclatants, et c’est cette ini-
tiative qu’on refuse d’aider, c’est cet artiste qu’on
décourage ! On se plaint que notre industrie périt
sous la concurrence de celle des autres nations, et
c’est à 1 école capable de lui fournir un personnel
pour rendre à ses produits la supériorité artistique
qui pourrait la sauver, c’est à cette école qu’on
refuse quelques milliers de francs ! En vérité, si
l’étranger rit et se réjouit de nous voir faire de
telles gaffes, nous l’aurons bien gagné.
Nous nous faisons un devoir de reproduire
l’appel de M. Guérin pour son école, et souhaitons
de tout cœur qu’il détermine quelques-uns des
lecteurs de Y Art décoratif à s’intéresser à une
institution si utile à l’art et à l’industrie. J.
« Ecole normale d’enseignement du dessin fondée en 1881
et dirigée par M. A. Guérin, architecte.
Paris, 19, rue Vavili.
Paris, le 13 octobre 1898.
« L’Ecole existe depuis 18 ans.
« L’utilité de son existence est motivée par l’émulation
produite dans l’enseignement officiel par les nombreux
succès passés et présents de ses élèves
« Seule école à Paris due à l’initiative privée, plus les
résultats obtenus étaient qualifiés A extraordinaires, de
merveilleux à l Hôtel de Ville, plus sa subvention dimi-
nuait.
« Lorsque les écoles similaires exigent un budget annuel
de près de 100.000 francs, celle-ci avec 20.000 francs
environ couvre ses frais de loyer, chauffage, matériel,
employés, etc.. , ses professeurs, jusqu’à ce jour, ayant
donné gratuitement leur enseignement.
« Actuellement les seules ressources, pour l’année
scolaire 1898-1899, consistent dans la promesse d’une sub-
vention de 4.000 francs de la Ville de Paris.
« A la veille de l’Exposition de 1900, j’ai l’honneur
d’adresser le plus pressant appel aux membres de notre
comité de patronage et à toutes les personnes dont la.
générosité nous a permis, dès l’année dernière, de pour-
suivre la tâche que tous nous nous sommes imposée. »
Le Directeur, A. Guérin.
Si invraisemblable que cela puisse paraître,
l’Opéra-Comique sera inauguré un peu plus tôt
qu’on l’espérait. Le ministre a choisi la date du
Ier décembre pour cette solennité, à laquelle seront
conviées toutes les personnalités du monde des-
arts et des lettres.
C’est le moment de rappeler les collaborateurs
de ce grand et long travail.
Les six cariatides qui ornent la façade sur la
place Boieldieu sont exécutées par les statuaires
Allard, Gustave Michel et Perrot. Ces artistes
ont également fait les principales têtes ornemen-
tales.
Les cariatides de la salle sont de M. Jules-
Coutan, et M. Marquette a exécuté neuf figures
volantes.
La décoration picturale est signée de MM. Ben-
jamin-Constant, Flameng, Luc-Olivier Merson,
Aimé Morot, Thoudouze et Raphaël Collin.
M. François Flameng a décoré un des escaliers
de compositions représentant la Danse et la
Musique.
M. Luc-Olivier Merson a fait l’autre escalier :
la Poésie en Grèce, la Musique au xvs siècle dans