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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 3 (Décembre 1898)
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M. Louis C. Tiffany
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0132

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M. LOUIS C. TIFFANY

L’ar chitecture moderne de l’Amérique, née
d’une extraordinaire intensité de la vie des
affaires et d’une industrie grandiose, devait
elle-même donner naissance à des procédés et
des formes de décor en rapport avec elle, et
satisfaisant cet instinct de profusion dans le
luxe, l’un des traits distinctifs de l’Américain.
Deux noms sont liés à leur création : ceux de
J. La Farge et de L. C. Tiffany. Le premier
en est le promoteur, il est le Morris de
l’Amérique ; le second a donné au mouvement
l’ampleur qu’il comportait.
M. Tiffany se destinait d’abord à la peinture.
Elève des paysagistes américains G. Innis et
S. Coleman, il vint achever de se former à
Paris dans l’atelier de Léon Bailey. La bonne
étoile qui lui avait donné pour père M. Ch.
L. Tiffany, le chef de la célèbre maison de
joaillerie de New-York, le fit entrer de suite
dans la voie de l’art industriel et lui rendit
les premiers pas faciles. Doué d’un sens très-
sûr de la. couleur et concentrant sur elle ses
facultés inventives, il devina le rôle que la
mosaïque et le vitrail pouvaient jouer dans la
décoration moderne, et trouva pour les exécuter
une matière admirable, à laquelle son nom
restera lié. On peut dire de cette matière
qu’ici, notre siècle a battu le passé. Les plus
beaux vitraux gothiques pâlissent à coté de
ceux de Tiffany; comme matière et couleur
— nous ne parlons pas du dessin — ils sont
insurpassables.
Les essais innombrables, toujours vains, pour
retrouver les secrets de l’ancienne peinture
sur verre avaient conduit les Américains à
renoncer à la peinture pour la remplacer par
la mosaïque. Introduit en Europe, le verre
américain devint vite un procédé courant, et
les ateliers qui le travaillent se comptent
aujourd’hui par centaines; mais leurs produits,
qui ne coûtent que la moitié on le tiers des
vrais verres américains, sont loin d’en avoir

les qualités (c’est toujours de la matière et des
couleurs que nous parlons, bien-entendu, pas
du dessin). Tiffany pousse encore l’éclat et
l’harmonie des couleurs incomparablement plus
loin qu’aucun de ses compatriotes. Son procédé
est extrêmement coûteux, mais le résultat
inimitable. Il superpose par plaques des verres
de nuances différentes jusqu’à atteindre exacte-
ment le ton cherché. De là l’épaisseur et le
grand poids des vitraux de Tiffany; il arrive
qu’il emploie, pour en composer un, quatre
fois plus de matière que ne le ferait un verrier
européen. Le merveilleux de son procédé est
que la tramparence n’en souffre pas. La lumière
est changée, elle est autrement tamisée, mais non
interceptée. Tiffany pousse même l’ingéniosité
de ses combinaisons au point de tenir compte
des conditions particulières d’éclairage de chaque
œuvre.
Cette extraordinaire maîtrise dans un procédé
en apparence grossier permet à Tiffany de
faire ce que les verriers du moyen-âge faisaient
à l’aide du pinceau : il peint avec la mosaïque.
Malheureusement, la chose peinte n’est pas à
la hauteur du moyen. Le dessin est nul. Tiffany
est coloriste, et rien que coloriste; ôtez de ce
qui sort de ses mains la couleur, il ne reste
plus rien. La féerie même des jeux de lumière
du verrier magicien ne parvient point à tromper
sur la pauvreté d’invention de l’artiste. Tiffany
représente bien ce peuple chez qui la magni-
ficence tient lieu de tout; la magnificence
aveugle, répandant indistinctement les mêmes
profusions sur l’autel de l’église ou le meuble
du millionnaire, et quant même presque grande
à force de sincérité.
Ce caractère — ce défaut pour nous Eu-
ropéens — apparaît en grands traits dans l’in-
térieur de M. Tiffany, dont nous donnons
quelques photographies. La grande cheminée,
décorée de gardes de sabres japonais, n’est,
comme dessin, qu’un travail médiocre d’amateur;

L’ART DÉCORATIF. Ko. 3.

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