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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 3 (Décembre 1898)
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La verrerie de Venise
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La mosaïque
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0140

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L’ART DÉCORATIF

« Ils ont un ennemi terrible : la cécité.
Presque tous sont frappés par ce malheur entre
quarante et cinquante ans. Il n’existe pas de
moyen de le prévenir. C'est le résultat non
seulement de la chaleur, mais de la vue con-
tinuelle de la flamme. Beaucoup d'efforts ont
été faits pour préserver leur vue, mais sans
résultat. Heureusement, à l’heure où cet af-
freux malheur arrive, ils ne sont pas exposés
à souffrir en outre de la misère ; car leurs
salaires sont très élevés et leur manière de
vivre très simple. Tous font de grosses éco-
nomies, et si leurs derniers jours sont plongés
dans les ténèbres, ils s’écoulent au moins dans
l’aisance.»
Les verres et coupes que nous reproduisons
sont du XVIme siècle et se trouvent au musée
de Berlin. Les familles patriciennes en em-
ployaient de semblables à leur table. L’élégance
de leurs formes et la délicatesse de leur déco-
ration contraste avec la lourdeur des verreries
de Bohême et du même temps, et n’est pas
encore égalée — il faut bien le dire — par
les compositions modernes des verriers de Venise.
J-
LA MOSAÏQUE
L’art d’aujourd’hui, qui s’efforce à rénover
les formes, fait aux matières aussi la part qui
leur est due dans ses recherches. Les anciens
étaient allés loin dans cette voie; ce qui nous
reste d’eux témoigne du haut sens avec lequel
leurs arts savaient mettre à contribution toutes
les ressources de la nature et de la science de
leur temps. Quelle décadence il a fallu, pour
nous conduire au «toc» universel dont le dé-
goût'commence à peine à s’éveiller; au bois
imitant le marbre donnant la main au plâtre
imitant le bois!
Après la résurrection du vitrail par Morris,
celle de la mosaïque devait venir. C’est à
l’Amérique qu’on la doit. Cela parut une
fable en Europe, quand le bruit courut qu’il
se trouvait aux Etats - Unis des richards qui
faisaient paver leur demeure en mosaïque,
comme des églises. On s’en étonne moins,
aujourd’hui qu’on se rend compte du parti
qu’on peut tirer de cet art. Des artistes de
talent l’ont fait leur, et ce qu’ils ont produit
en l’adaptant aux tendances modernes est
assez remarquable pour qu’on leur ait confié
des travaux de la plus haute importance,
tels qu’à Londres la décoration d’une partie
de la cathédrale St Paul, à Berlin celle de la
nouvelle cathédrale, et à Berne celle des frises
du nouveau palais fédéral. Soit dit en passant,
ce dernier travail, confié à M. Ch. Heaton,

a déterminé l’artiste à établir à Neuchâtel, où
il réside, une fonderie de verre à mosaïque,
d’où nous verrons sans doute sortir en peu
d’années des produits qui ne contribueront pas
peu à populariser un art hier encore oublié.
Comme matière, la mosaïque de verre in-
ventée en Amérique est très-supérieure à l’an-
cienne. Ce n’est que rendre justice aux Améri-
cains de dire que l’art leur doit un procédé
parfait. Quant à l’emploi qu’ils en ont fait,
c’est autre chose. La mosaïque, qui s’adapte
admirablement à l’architecture romane, était
pour eux à l'origine le corollaire presque forcé
du style néo-roman crée par leur architecte
Richardson, style adopté depuis trente ans pour
tous leurs édifices religieux et le plus grand
nombre des édifices publics. Mais ce qui leur
manquait, c’étaient les artistes pour dessiner les
cartons. En l’absence de vrais décorateurs, c’est
à des peintres que ce rôle fut confié, et pas
toujours aux meilleurs. Le résultat fut que
cette belle matière, ce procédé qui doit rendre
l’œuvre éternelle, s’est égaré chez eux dans des
pastiches de peinture, aussi médiocres qu’anti-
décoratifs.
Le dessin de la mosaïque a ses convenances
propres, comme celui du vitrail. Il existe un
édifice où l’on peut suivre pas à pas son histoire,
depuis l’apogée de sa splendeur jusqu’aux der-
niers jours de sa décadence; c’est St Marc à
Venise. Tous les siècles du i2me au I9me y
sont représentés, et d’une manière si caracté-
ristique, que le premier venu y choisit le
meilleur sans l’ombre d’hésitation et sans erreur
possible. Partout où la mosaïque est d’origine
byzantine, son alliance étroite avec l’architecture
qu’elle enrichit donne à l’ensemble une splendeur
presque unique au monde. Dans ces parties,
point de naturalisme; les figures sont traitées
dans un esprit purement décoratif; elles sont
au décor de surface ce que sont les lions des
chapiteaux des colonnes romanes au décor en
modelé. A mesure qu’on s’éloigne de la période
byzantine pour se rapprocher des temps modernes,
le dessin se rapproche de la nature, et l’effet
de la mosaïque s’amoindrit ; il finit par tourner
au comique dans ses prétentions au portrait.
Torzello. Murano offrent d’autres restes magni-
fiques de la mosaïque byzantine. Les vieilles
mosaïques des cathédrales de Ravenne et du
sud de l’Italie, qui rayonnent d’une sérénité
chrétienne contrastant avec la raideur sombre
des œuvres byzantines, n’en sont pas moins
composées dans le même sens, c’est-à-dire dans
celui d’une stylisation où tout est subordonné
au rhythme des lignes et des couleurs.
Aujourd’hui, la figure stylisée est lettre-morte
pour nous. Elle ne dit plus rien à notre esprit.

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