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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 4 (Janvier 1899)
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Muthesius, Hermann: Les vitraux de M. Oscar Paterson à Glascow
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0194

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'• L’ART DÉCORATIF

LES VITRAUX DE M. OSCAR
PATERSON À GLASCOW
Dans l’art, il est toujours dangereux d’établir
des principes absolus, car l’œuvre d’un artiste
nouveau peut renverser tout l’édifice du théo-
ricien l’instant d’après. Ainsi, ceux qui cher-
chent dans le vitrail du moyen-âge le code des
règles de cet art, et qui veulent lui voir suivre
ces règles de nos jours, n’ont qu’à faire con-
naissance des œuvres du peintre-verrier Pater-
son pour tomber convaincus qu’il existe d’autres
voies, et que l’artiste moderne n’est pas plus
condamné dans le vitrail qu’ailleurs à rester
enchaîné aux anciennes habitudes. Pourvu
que ces voies ne hissent pas obstacle aux con-
venances de la matière et de son travail, elles
sont tout aussi bonnes que celles auxquelles
l’histoire a donné force de loi.
Le seul fait que la fenêtre en couleur du
moyen-âge était composée exclusivement en vue
de l’église comportait déjà des restrictions dont
notre époque devait s’affranchir, du jour où
elle lui accorda un rôle plus large, et lui fit
place dans la demeure bourgeoise. Ici, l’on
ne cherche plus la nénombre mystérieuse ou
l’embrasement d’un chœur de cathédrale go-
thique : on veut la clarté et la commodité. Dans
l’église, la fenêtre était devenue de bonne heure
le principal; on lui sacrifia les murailles de
parti-pris, et l’on finit par si bien l’élargir, qu’il
ne resta plus que le squelette de pierre et la
clôture en verre entre ses membres. Mais
aujourd’hui, nous n’avons plus de raisons
d’étendre la surface des fenêtres au delà du
nécessaire, car nous attachons plus d’importance
que nos aïeux à nous préserver du froid, et
savons combien cela serait difficile si nous nous
contentions de clôtures vitrées. Il ne doit donc
plus s’agir que de décorer sans nuire: c’est la
règle à laquelle tout art doit se plier dans le
présent.
L’Angleterre a devancé le continent de vingt
ou trente ans dans la modernisation du vitrail.
Après avoir commencé par imiter le moyen-
âge, on y a très-vite passé, même dans les
églises, à des colorations plus claires, admettant
mieux la lumière ; le ciel de plomb du pays
est trop avare de jour pour en perdre beau-
coup. Ainsi, les vitraux dessinés en grand
nombre par Morris et Burne-Jones ont des
colorations toutes différentes des anciennes; à
ce point de vue, aucune comparaison ne peut
être établie entre ces vitraux et ceux du moyen-
âge. A part celà, les procédés techniques de
ces artistes ne diffèrent de ceux du moyen-âge
en rien d’essentiel.
Ce n’est que tout récemment que le vitrail

s’est affranchi de ces attaches avec M. Oscar
Paterson. Les fenêtres de cet artiste sont tout
autres que celles du moyen-âge. Elles n’ont
pour ainsi dire plus aucun rapport avec celles-
ci, non seulement parceque M. Paterson a com-
plètement renoncé aux figures de saints, aux
baldaquins gothiques etc., mais parcequ’il a pris
dans la technique un chemin qu’il s’est frayé
lui-même.
Ce qui ressort avant tout dans ses travaux,
c’est qu’il s’en tient à la mosaïque le plus pos-
sible, ne recourant aux additions de peinture
que pour l’absolue nécessité ; ensuite, qu’il fait
jouer aux lignes des plombs le rôle capital dans
le dessin ; enfin, qu’il compose son coloris de
tons clairs et de grand jour, auxquels il aime
à opposer des traits ou même des pans tout-
à-fait noirs. Chaque fois que les circonstances
le permettent, il choisit ses sujets ou règle ses
compositions en visant avant tout à faire porter
l’effet sur des verres très translucides. De
là la fréquence des couchers de soleil, des effets
de lune, des voiles brillant au soleil etc. dans
ses vitraux. Les anciens verriers n’usaient que
rarement de ce moyen, quoique les ruissellements
de lumière s’obtiennent tout naturellement dans
le vitrail, tandis qu’ils ne sont possiblen que par
des artifices dans la peinture à l’huile et l’aquarelle.
Mais le caractère personnel des travaux de
M. Paterson réside surtout dans la forte accen-
tuation des contours du dessin. Tous les plombs
suivent des lignes du dessin, et toutes les grandes
lignes du dessin sont soulignées par des plombs.
Quelquefois aussi, l’artiste trace les silhouettes
en lignes de verre noir opaque. Beaucoup
de ses fenêtres sont en blanc et noir; elles ne
sont autre chose que des dessins au trait, om-
brés ça et là par des petits pans noirs; mais
l’artiste sait ajouter à leur intérêt par des moyens
à lui; tantôt des pointillages en verre apparaissent
par places comme la perlée du brouillard; ail-
leurs, l’arête saillante d’un verre très-épais est
biseautée, ce qui produit l’effet d’une éclatante
ligne de lumière, etc.
C’est le blanc qui domine dans la plupart
des vitraux de M. Paterson. Après lui, une de
ses couleurs de prédilection est l’orangé, particu-
lièrement affecté aux effets de soleil. Le blanc,
le noir et l’orangé forment une gamme de cou-
leurs très-simple, qui suffit à beaucoup de ses
meilleurs effets. Mais il sait aussi trouver l’har-
monie dans des coloris plus riches, en évitant
cependant le plus possible, comme nous l’avons
dit, de recourir au pinceau et se bornant à la
seule mosaïque. Et toujours les plombs vien-
nent renforcer les contours — ainsi qu’il doit
en être dans la vraie peinture décorative —
sans jamais couper le dessin au hasard comme

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