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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

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No.XI (Août 1899)
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Jacques, G. M.: Utopie?
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Frantz, Henri: La grande décoration au Salon de 1899
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0212
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AOUT 1899

i'industrie— eHe saura bien se dëfendre seule —
mais pareequ'en art comme aiiieurs, il y a des
préjugës qu'il vaut mieux ne pas aider à pro-
pager. Au moment où l'industrie tente visible-
ment un eifort pour faire mieux qu'avant, il
n'est pas adroit de l'en décourager en lui redi-
sant sans cesse qu'elle n'arrivera pas; d'un autre
côté, le snobisme est pour une ioule de gens
un si puissant mobile, qu'en leur persuadant
que la machine ne peut rien fatre de bon, on
n'aboutirait qu'à rendre difhcile la vente des
objets les mieux faits, s'ils ne le sont à la
main. Deux facteurs concourant à l'indéhni
prolongement du laid obiigatoire . . . . et pas
gratuit. Ce n'est pas là notre intérêt.
G. M. JACQUES.

LA GRANDE DÉCORATION
AU SALON DE 1899
Depuis que Puvis de Chavannes a véritahle-
ment créé la fresque moderne, depuis qu'il a
suscité tant de visions harmonieuses et belles,
beaucoup de nos artistes ont été tentës par les
grandes décorations. Elles étaient moins nom-
breuses pourtant à ce Salon que l'an passé,
comme si, le maître disparu, ies disciples
n'eussent plus osé exposer.
L'un de ceux que Puvis de Chavannes se plai-
sait souvent à encourager et à diriger, M. J.
Francis Auburtin, se présentait à nous avec
une grande toile d'une saveur toute particulière:
7m //// ^ A' ^'<rA/c /A PA//V/77A.
11 avait exposë au Salon de i8p8 une dëcoration
très hardie pour l'amphithéâtre de zoologie de
la Sorbonne, œuvre hèrissée de difhcultés tech-
niques, où le peintre s'ëtait attaqué à la tâche
ardue de représenter le fond de la mer, et où
il avait hguré, avec une rare justesse, toute la
iaune et la hore de la Méditerranée vues dans
la transparence des vagues. M. Auburtin n'a
donc pas quitté son sujet favori, sujet auquel
il était préparé par de nombreux séjours sur les
côtes du midi ; il est resté le peintre de la Mé-
diterranëe, porté cette fois-ci par des motifs
plus plastiques et plus décoratifs.
Sur un horizon fermé par les collines claires
du golfe de Marseille, une barque de pêche se
soulève au premier plan du tableau, secouée
par un vigoureux coup de roulis. Tandis qu'à
l'avant un mousse serre la voile, trois pécheurs
solidement campës tirent à eux le grand hlet
dans un éclaboussement des vagues. Plus au
loin une autre barque hle sous le vent toutes
voiles dehors; sur tout cela le ciel mèditerra-
nèen, un vrai ciel de mistral, met sa clartè au

bleu huide, lègèrement mètallique, et non pas
écrasè ainsi que semble le voir M. Montenard.
L'œuvre est traitèe dans un sens de large dèco-
ration; assurèment, en l'examinant de près, on
pourra être surpris par certaines hardiesses de
touche; mais n'oublions pas qu'elle est faite
pour ètre vue dans son ensemble à une certaine
distance. L'ehèt gènëral en est alors dècisif, à
cause de l'unité de la composition, et du souci
de faire concorder tous les dètails au seul en-
semble.
M. Albert Besnard reste bien toujours l'artiste
auquel nul tour de force ne saurait être impos-
sible; le voilà aujourd'hui qui escalade le ciel
et qui fait entrer dans le dècor d'un plafond tout
l'illimitè et tout l'inhni. Au delà et au-dessus
de grandes branches de pin d'une silhouette si
harmonieuse, des femmes volent à travers l'es-
pace, essayant de saisir les ètoiles en un enrou-
lement de robes lègères qui les enveloppent
comme des nuèes. Cette grande dècoration,
M. Besnard l'a surnommèe les A/Av, dèlicat et
èternel symbole de l'idèal impossible à atteindre.
Si le plafond de M. Besnard n'a peut-être
pas toute la huiditë, l'apparence cristalline qu'on
aurait pu y chercher, s'il n'a pas ces violences
de lumière que Turner met dans ses ciels en
fusion, on y trouvera nèanmoins bien des détails
délicieux. «Pour comprendre et apprècier ce
chef-d'œuvre autant qu'il le mèrite, me disait
un peintre, il faut connaître à fond i'art japo-
nais.)/ Ceci me paraît surtout exact dans le des-
sin des apparitions qui volent à travers l'espace.
Seul un artiste japonais serait arrivé à cette
souplesse, à la courhe harmonieuse de ces corps,
à ce geste que nul autre ne saurait hxer. M. Bes-
nard excelle à nous donner la sensation de l'es-
pace et du mouvement, à nous enchanter par
l'harmonie de ses lignes.
M. Anquetin, sur le talent duquel beaucoup
fondaient de grandes espèrances, nous a pro-
iondèment déçus avec sa grande toile : A//////7A.
M. Anquetin semble avoir refoulé bien au fond
de lui-même ses qualitès rèelles pour s'aban-
donner à tous ies dèfauts qu'il prend pour
du gènie. Qu'il ne m'accuse pas de parti-pris;
personne n'hèsite plus que moi à condamner
aveuglèment une conception d'art qui n'est pas
la mienne. Mais l'œuvre que M. Anquetin nous
paraît d'un bout àl'autresi prètentieuse decompo-
sition, si fausse de coloris, et si dènuèe de per-
sonnalitè (malgré les apparences) qu'il faut hien
une fois pour toutes se prononcer sur le cas
de cet artiste.
J'ai parlè d'absence de personnalitè et je m'ex-
plique : l'an passè M. Anquetin, dans une œuvre
meilleure que celle-ci, avait, non sans charme, pas-
tichè Michel-Ange, cette année le voilà qui
 
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