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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

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No.XII (Septembre 1899)
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Gerdeil, O.: Georges Lemmen
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0255
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L'ART DÉCORATIF

et pour ce qui est des étofFes, tentures, tapis,
ies magâsins modernes, «genre Angiais»,
détiennent un choix sufhsant pour le sëduire.
Ses yeux se sont-iis donc ouverts aux beautés
d'un art national, agit-ii ainsi par conviction?
Non, mais simpiement parce que c'est ia
mode, parce que dans ies expositions une
place prépondérante est réservée à l'art
ornementai et qu'ii est de fort bon ton
d'acquérir dans ces bazars, qui font désormais
concurrence aux grands magasins, de menus
objets, des reliures, des tissus, des bijoux
exécutés par des artistes !
«Or ce succès, trop faciiement remportè
d'aiiieurs pour n'ètre pas épbémère, serait piutôt
de nature à nous inquiéter, car ii n'est pas
d'exempie que la foule se soit jarnais
enthousiasmée — et d'un accord aussi una-
nime — pour une cbose durable et belie.
La raison de cette vogue n'est pas difbciie
à étabiir. La recbercbe d'une beauté en
queique sorte «anonymmq qui est ceiie des
objets usueis et qui ne peut être que de
forme, de proportion, de matière, cette
recbercbe de beauté qui doit être ia seule
raison de nos efforts dans la réforme que
nous tentons, parut évidemment peu propre
a satisfaire la vanité d'artistes pour qui ia
condition pius modeste d'artisan eut été
déchoir. Iis ne voulurent donc oubiier
qu'ils étaient peintres ou sculpteurs, et iors-
qu'iis essayèrent de créer un vase ou un
tapis, le vase fut encore de ia scuipture et
le tapis un tableau.
«C'est cedéfaut de convenance et d'appro-
priation, c'est cette tendance à introduire dans
îes arts d'ornementation les éièments qui
doivent leur rester ètrangers qui me faisait
ëcrire: «Les artistes n'obèissent pas à un pur
souci d'art, mais Aattent et encouragent un
goût momentanè du vain public pour tout ce
qui est artistique, — un goût pius dangereux
peut-être que ceiui qu'ii èprouvait prècè-
demment pour la basse cameiote du com-
merce. Le public, qui a un éloignement natii
pour ce qui est abstrait, ne peut concevoir
que ia beauté puisse rèsider dans les iormes,
ies proportions et ia substance; et i'art or-
nemental consiste, dans son esprit, à convertir
en choses inutiies des objets d'un usage
courant, à compiiquer le simpie, à couvrir
d'injustibabies surcharges des ustensiies qui
jusqu'à présent s'en étaient passès. Car un
vase quelconque ne sera pas embeili par
l'appiication d'un croupe féminine, d'une beur,
d'une grenouilie; et les productions mon-
strueuses de Palissy, — de mëme que ces
faïences brabançonnes simulant presqu'en

trompe-l'œil des volaiiies, des lègumes, des
fruits, — sont des aberrations absolues du goût,
ie fait d'une totaie ignorance de la beautè.
«Ii va sans dire que ce sont justement
ies erreurs que je signale ici qui furent dès
i'abord accueillies et encouragées à i'ègai des
plus ingènieuses trouvaiiles : une crucbe,
impropre par son poids à aucun usage,
sèduisait par ies «sujets» sculptès sur sa
panse; un miroir n'ètait rèeiiement apprèciè
que pour autant que l'envabissante impor-
tance du cadre empêchât la giace de rien
rebéter; une reliure se compiiquait de telies
surcharges d'èmaux qu'ii devenait impossibie
de ia piacer sur des rayons ; et un siège ne
pouvait être considérè comme une œuvre
d'art s'ii ne représentait queique figure nue,
accroupie dans une pose bizarre.
«Des observations qui prècèdent nous
pouvons donc dèduire certains principes aux-
queis ii iaut se soumettre sous peine de ne
crèer que des œuvres laides ou imparfaites;
pour qu'un objet ait chance d'être beau,
il faut: 1° que sa iorme, sa dimension, sa
matière, sa couleur répondent le mieux à
sa destination ; 2° que son ornementation
ne soit jamais au détriment de son utiiitè.
«Ii est égaiement contraire à tout principe
d'esthètique d'admettre l'imitation d'une
matière par une autre matière ; cet empiète-
ment, qui oifusque notre œil au pius haut
point, est toujours un signe certain de
dècadence dans les arts dëcoratiis.
«Et rien que l'observance stricte de cette
règle que ia nature des matèriaux ne doit
— dans ia mesure du possibie — être
dissimuièe, et que ieur simuiacre est anti-
estirètique — sufhrait à amener une totaie
rènovation des industries d'art, toutesperverties
dans leur efsence même par ie trompe-l'œii.
«Ne voyons-nous pas, en eifet, et sans
même chercher ces exempies dans des habi-
tations d'un notoire mauvais goût, ne voyons-
nous pas, dès ie seuii franchi, la peinture
imiter ie marbre, ies diverses espèces de
bois ou même la tapisserie genre «gobelins^ ?
Le papier des murs simuie ies tissus les pius
variès, draps, veiours, cretonne, damas et
parfois même, tout comme ia peinture, la
tapisserie, ia cèramique, ia mosaïque au le
marbre! Nous ne serons pas pius heureux
en examinant ies plafonds ou ies parquets,
car ces mouiures, ces gorges, ces rinceaux,
ces mascarons répandus à proiusion donnent
seuiement i'iliusion de la scuipture et ne sont
qu'un plâtre fragiie. Ce linoleum nous est
gâté par sa prètention à reprèsenter un tapis
de laine ou un daiiage ; employé comme

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