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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

DOI Heft:
No. 16 (Janvier 1900)
DOI Artikel:
Jacques, G. M.: Les limites du décor
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0165

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L'ART DÉCORATIF

LES HMLTES
DU DÉCOR

0'

)n n insistera jamais assez pour
faire prévaloir des idées plus
justes que celles qui courent au-
jourd'hui sur ce qu'il iaut en-
tendre par l'art dans les objets. Il
existe sur ces mots un malentendu
qu'il faut dissiper, car tant qu'il sub-
sistera, le relèvement du goût des
masses, l'amélioration des produits de l'industrie,
et l'espoir de cet art pour le grand nombre,
origine des tentatives modernes de réforme
artistique, resteront à l'état de mots.
Ce malentendu, c'est la confusion de l'rz/g
/D/yA* avec le /Cb/bA Dans la
croyance populaire, et même dans les idées
— ou plutôt les instincts — de beaucoup d'ar-
tistes, l'art dans l'objet, c'est le décor de l'objet.
Comme les artistes s'appliquent à peu près
exclusivement, jusqu'ici, à des oeuvres d'ex-
ception, dans lesquelles le décor joue un rôle
devant lequel tout le reste s'efface, la vue de
ces œuvres, sans le contrepoids de celle de
beaux objets d'un genre moins ouvragé, fortifie
dans la masse l'erreur que l'art consiste uni-
quement à décorer l'objet; qu'un objet n'a le
caractère artistique qu'à la condition d'être
décoré ; qu'en un mot, où le décor n'existe
pas, l'art n'existe pas.
Voilà le mal à combattre.
Les comparaisons sont vieux jeu, et j'hésite
à dire que placer la beauté de l'objet dans
le décor seul, c'est prétendre qu'une femme
n'est belle que parée d'une riche toilette. Rien
ne serait pourtant plus exact; et la comparaison
continuerait d'être juste, si j'ajoutais que notre
manière d'entendre le décor, en en couvrant
indistinctement tous les objets, fait penser à
la toilette d'une femme dont la jupe serait

chamarrée des mêmes ornements
que ses bijoux. Se représente-t-on
cette toilette?
Pour apprécier l'importance que
le décor doit, ou ne doit pas
prendre dans chaque sorte d'objets,
on ne devrait jamais oublier d'abord
que l'objet fait partie d'un ensemble
— c'est à dire, pour ceux dont nous nous occu-
pons ici, d'un intérieur — et que la valeur d'un
grand nombre des objets qui composent cet
ensemble est plutôt relative qu'absolue, qu'ils
ne doivent pas valoir tant par eux-mêmes que
par la part qu'ils prennent à l'elfet général;
ensuite, que l'ehet de chaque détail dépend
plus de la manière, des circonstances et de la
place dans lesquelles il est présenté que de
lui-même. Un artiste, non des moindres, chargé
de décorer et de meubler le cabinet d'un client
grand chasseur, crut bon de terminer les mon-
tants des fauteuils par des têtes de bouledogues,
fort bien sculptées d'ailleurs. C'était, dans ses
idées, mettre l'intérieur en rapport avec les
goûts du maître de la maison. J'ai vu la pièce,
et peux assurer que les bouledogues n'y ajou-
taient rien de plus que n'eussent fait de vul-
gaires boules dépolies par n'importe quelles
bosses! Notre artiste eût mieux fait de garder
ses talents pour quelque bibelot de circonstance,
sur lequel les toutous pouvaient devenir piquants.
Un bel exemple de tact dans l'emploi du
décor est donné par Alexandre Charpentier,
le sculpteur, dans les meubles de la chambre
à coucher de la princesse de C . . ., que l'AA
reproduit justement dans ce numéro.
Le seul fait de s'être adressé, pour composer
cette chambre, à deux artistes du renom
d'Alexandre Charpentier et de Félix Aubert

L'ART DÉCORATIF. No. 16.

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