L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (2,1.1899/1900)

L'ART DÉCORATIF


J. OLBRICH SALON DE MADAME A LA
VILLA FRIEDMANN

LES IDÉES
DE J OLBRICH
1 a paru dernièrement à ûlenne (chez les
éditeurs Gerlach&Schenk) un album tout
petit, mais dont les soixante-dix-sept feuilles
ne mentent pas à leur titre: «AAûx TO/AAA».
Car c'est bien de son propre fonds que l'auteur
tire ses inspirations, et si l'on devait l'accuser
de quelque chose, ce serait plutôt d'avoir trop
d'idées que de n'en avoir pas assez.
En intitulant ainsi son album, M. Olbrich a
choisi le mot juste. Juste non seulement parce-
qu'un bon nombre des croquis présentés n'ont
pas encore vu le feu de l'exécution, mais sur-
tout parceque même dans les choses exécutées,
ce qui irappe tout d'abord est une grande
iraîcheur d'inspirations, une sève abondante
d'idées, mais à un état encore voisin de l'ébauche.
Tout cela doit être mûri et coordonné; ce n'est
que le premier jet.
M. Olbrich est encore plus un poète qu'un
architecte, et son imagination s'épanche librement

dans tout ce qu'il fait; elle déborde de partout
et sous toutes les lormes. Aussi l'on ne pourrait
le classer dans aucune école ni le rapprocher
d'aucun autre artiste. Dans son esprit, ses
décorations ont un sens; ses mouvements de
lignes parlent de joie, de recueillement, d'amour,
de baisers. On pourra voir un peu d'enfantillage
dans ces intentions symboliques, qui ne sont
guère perceptibles pour le spectateur: il n'en
reste pas moins une fantaisie toujours exubérante
et souvent charmante. On trouve un peu de
tous les procédés artistiques dans ses oeuvres,
depuis les lignes classiques jusqu'à celles des
modernistes belges en passant par les artistes
anglais; mais tout cela se fond dans un jet
plein de fougue et de brio, et de moyens
pris un peu partout, il sort un ensemble éton-
namment personnel, par ce que les moyens
disparaissent sous l'exubérence de sentiment du
poète.

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