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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 20 (Mai 1900)
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Jacques, G. M.: L' exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0093

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LTXPOSrnON
UNiVERSELLE
-g--^ANS cette revue, nous n'avons à consi-
! dérer l'Exposition qu'au point de vue
restreint de l'art. Pour rester dans le seul
rôle qu'on attende de nous, nous devons faire
taire l'enthousiasme devant la beauté féerique
du spectacle, l'admiration devant l'effort pro-
digieux qui l'a fait apparaître à nos yeux. Tan-
dès que les autres peuvent librement s'enivrer
de la magie de la ville blanche brillant sous le
beau soleil, il faut rester le convive impassible
à la table où tous sont en fête.
Cette entrée en matière semblera plutôt mé-
lancolique. C'est qu'en effet, je ne peux me dé-
fendre d'un sentiment de tristesse en voyant,
dès que mes yeux cessent de contempler le
panorama de l'Exposition pour se fixer sur les
unités, combien peu l'elfort d'intellectualité
répond à l'effort d'activité. Dans ces palais de
l'Esplanade des Invalides et du Champ-de-
Mars — les premiers surtout — je cherche en
vain une pensée nouvelle,et n'aperçois que l'en-
tassement de formules architectoniques cadu-
ques et de décorations dont la banalité n'a pas
toujours pour correctif le bon goût. Si quelque
détail exquis m'arrête çà et là par son charme,
la vulgarité de ce qui l'entoure m'avertit aussitôt
qu'un heureux hasard en est l'auteur bien plus
qu'une pensée consciente. Certes, mille con-
cessions sont permises et nécessaires, dans des
édifices éphémères comme ceux-ci, qui ne
doivent être que le décor d'une fête. Mais en-
core, puisque cette fête est celle de la naissance
d'un nouveau siècle et d'une ère nouvelle,
eût-il fallu que le décor ne fût pas fait unique-
ment de lambeaux du passé.
D'autres peuples, dont je parlerai tout-à-
l'heure, montrent dans leurs installations à
l'Exposition l'aurore d'une vie artistique nou-
velle, avec ses maladresses, ses folies, ses bar-
baries, mais au-dessus de tout, sa fraîcheur.
Il ne perce dans les nôtres que la fatigue d'es-
prit. L'antique simplicité de la noble colonnade
du grand palais des Beaux-Arts, aux Champs-
Elysées, apparaît au sortir de cette vision
comme un soulagement.
Les installations intérieures de la plupart des

sections françaises contrastent aussi, par leur
mesquinerie et leur banalité, avec les sec-
tions de plusieurs autre pays. L'Empire, le
Louis XVI et la moulure commerciale do-
minent sur toute la ligne, encadrant du reste
comme il convient les produits — je parle des
industries dites artistiques — d'exposants rétifs
à tout changement de leurs habitudes. Je tiens
de plusieurs sources différentes, et bonnes, que
les comités d'installation, composés chacun
d'industriels auxquels le commissariat général
avait eu le bon esprit de laisser toute liberté
pour l'installation et la décoration de leur
classe respective, se sont montrés intraitables.
Toutes les suggestions des architectes choisis
par eux-mêmes pour tenter de sortir de l'or-
nière, d'essayer de faire quelque chose de neuf,
si timidement que ce fût, sont restées vaines.
Les corporations du bronze, de l'ameublement,
du tapis, en un mot de toutes les industries
dont le rôle eût été de donner le signal du ré-
veil se sont catégoriquement refusées à
quelque tentative que ce fût. Ce n'est plus
l'aveuglement inconscient, mais la résistance
concertée à la marche en avant.
A part la classe 66 (décoration fixe) installée
par MM. Ch. Plumet et Tony Selmersheim
(avec des moyens pécuniaires insuffisants), on
ne relève un peu de souci d'art que dans
quelques installations de classes où l'art n'en
joue aucun. Les tissus de coton avec M. Char-
don, la papeterie avec M Sorel, les produits
chimiques et pharmaceutiques avec A'1. Benou-
ville ont pris le pas sur les corporations qui
se prétendent représentantes de l'art dans
l'industrie.
Des installations particulières d'exposants et
des objets exposés, je n'ai pas grand'chose à
dire aujourd'hui, puisqu'à l'heure où j'écris
presque rien n'est prêt. Le peu qu'on en-
trevoit jusqu'ici dans les classes qui nous inté-
ressent n'est pas encourageant. A part un petit
nombre d'honorables exceptions, l'immobi-
lisme paraît être le mot d'ordre.
Cependant, il est certain que la poussée qui
se fait jour depuis quelques années sous les
noms plus ou moins exacts « d'art nouveau
et de K style moderne ^ n'est pas restée tout-à-
faitsans influence. Les traces de cette influence

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