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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 20 (Mai 1900)
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Concours
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Thomas, Albert: Le Salon de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0098

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L'ART DÉCORATIF <^=rr-

tionné en troisième lieu n'étant pas remplie, te
classement définitif a été établi à l'unanimité des
voix pour le projet -x M C M 3, à la majorité pour
les autres, et les primes ont été attribuées dans
l'ordre suivant en regard duquel sont ajoutés les
noms des auteurs des projets, connus après ouver-
ture des enveloppes par le secrëtahe soussigné.
W pyjx : Af C Af (Hans Schlecht.,, à Vienne).
2" Prix : Déon Ledru, à Liège).
Prix : Cnm// /. (Des Essars, à Toulouse).
4" Prix : y. P. (Jacques Bille, à Paris).
5" Prix : (Jacques Policat'd, à Paris).
1^ Mention : L'/D'f ;féror*u;f//'(Val. Chr. Mink, à
Darmstadt).
2" Mention : Cunt/'//(Des Essars, à Toulouse).
Tx GEORGES BANS.

Nous reproduisons ceux des projets primés qu'il
a été possible de clicher en temps utile, ainsi qu'un
projet parvenu beaucoup trop tard, et par consé-
quent exclu du concours.

LE SALON DE 1900
y A n'a pas exposé cette
année et, privé des œuvres où se manifes-
J)_y taient les tendances les plus originales de
notre temps, le Salon semble des plus mé-
diocres. Les maîtres ofticiels qui font encore la loi
aux //'nuzrnu's se sont eux mêmes éloignés
de la réunion, et leurs doctrines n'y figurent guère
que dans les envoi-s de leurs disciples. Aussi les
faiblesses d'une conception que leur habileté
technique ne parvint jamais à masquer complète-
ment sont-elles mises en lumière brutale par la
gaucherie et la servilité de ces imitations.
La conception, nous ne saurions trop le dire, est
étroiteetstërile, sans noblesse, sans idéal.
Après la période romantique, après ce magni-
fique débordement d'imagination et de sensibilité
qui rénova tous les genres, le souci réaliste s'em-
para des esprits. Dans les arts comme dans lqs
lettres, on ne voulut plus que la stricte observa-
tion des objets et des êtres. La passion, l'enthou-
siasme de l'âme devant la nature firent place à la
curiosité froide, à l'observation détachée mise à la
mode par les théoriciens du jour. Science du
dessin, du modelé, du coloris, acuité de la vision,
adresse et sûreté de la main, tout fut employé pour
donner à l'œuvre peinte ce caractère impersonnel
qu'on prétendait inséparable du beau. Nous con-
naissons les résultats de cette méthode, nous les
avons encore aujourd'hui sous nos yeux : une pein-
ture exacte et textuelle, d'une rigueur photogra-
phique, où n'apparaît ni choix, ni composition, ni
synthèse, ni cette puissante émotion qui peut seule,
en les recréant, animer les choses du la vie. Incons-
ciemment et maigré eux, par la simple force de
leur tempérament, quelques artistes — tels en
littérature Flaubert, Maupassant et Zola — firent
éclater les limites de la formule naturaliste ; mais
les médiocres s'v trouvèrent très à l'aise. Affranchis
de l'obligation de penser, d'un crayon plus ou
moins ferme, d'une brosse plus ou moins alerte, ils
multiplièrent les portraits, les paysages, les scènes
anecdotiques, les natures mortes et les exhibitions
de nudités que ne justifiait aucune idée, que sau-
vait bien rarement un charme de couleurs ou de

lignes. Heureusement, cette forme d'art inférieure,
qui se prive volontairement de mystère, de poésie
et de rêve, nous la voyons déjà caduque et suranée.
Les esprits indépendants et hardis se montrent cu-
rieux d'une conception plus haute. Ils prétendent
rappeler dans la peinture ces beautés morales qui
la vivifiaient naguère, qui lui donnaient on ne sait
quoi de général, d'absolu d'éternel. Ils tâchent à
réunir les deux tendances opposées, le réalisme et
l'idéalisme, comme ils l'ont vu faire, dans une syn-
thèse admirable, au peintre J. François Millet.
Mais, nous l'avons déploré, les préoccupations
nouvelles ne sont guère sensibles au Salon. Cer-
taines œuvres cependant, où l'on devine leur
influence, se distinguent dans la foule des autres
œuvres, comme au milieu de fleurs mortes, des
fleurs brillantes de fraîcheur et de sève.
Parmi ces promesses d'un art jeune et pénétré de
pensée, je citerai d'abord fgx de M. Emile
Wery. Cette œuvre est la plus complète, la plus
belle, celle qui s'accompagne, à mon sens, du
meilleur métier; aussi, bien qu'elle ait été commentée
par beaucoup de mes confrères.jelaveux décrire
à mon tour. C'est vers le soir, le spectacle d'une
ville maritime et marchande, le décor d'Amsterdam,
avec ses ruelles obscures, ses maisons noires, roses
et rouges, à pignons dentelés, puis le grouillement
des embarcations sur le canal, puis à bord d'un
chaland, la scène la plus cordiale de labeur et d'inti-
mité. Deux hommes manœuvrant leur perche font
évoluer la coque massive, un veillard tient le gou-
vernail, une femme assise allaite un enfant. Le
soleil traîne là-bas, au long des façades, la splen-
deur de son adieu ; un recueillement s'élève des
eaux ; dans la solennité flottante, les gens du bateau
prennent une naïve majesté. Nous sommes loin de
la reproduction photographique, de l'image froide-
ment concrète ; l'œuvre de M. Wery est expressive
et générale, elle résume, sans efforts et sans pé-
dantisme, la poésie d'une heure, le pittoresque d'un
lieu, les gestes d'une profession, le caractère d'un
peuple calme et pensif. Pourtant cette synthèse n'a
pas coûté de réels sacrifices, l'artiste n'a dû abdi-
quer, pour l'accomplir, aucun de ses dons de
peintre. ÆaMArx témoignent au contraire
d'une excellente technique, ils ont de la solidité,
de la profondeur, la matière en est forte, sourde
et riche à la fois, les couleurs s'y combinent pour
la plus ample harmonie. Ils prouveraient, s'il en
était besoin, que la peinture émue peut demeurer de
la peinture et que le sentiment n'exclut pas le
métier. A des degrés divers, les trypitques de
MM. Lévêque et Moulin, le de M. Le-
clerq, le de M. Jules Adler offrent de
même des mérites plastiques et des mérites
d'expression, et leur signification pittoresque se
complète d'une signification morale. Pour avoir
les envois les plus curieux du Salon, il faut joindre
quelques paysages.
Pendant tout notre siècle le paysage a joui d'une
exceptionnelle faveur. Les plus grands maîtres se
sont exercés dans ce genre et, malgré la vogue
d'une peinture trop claire et trop directe, certains
artistes, les uns âgés, les autres fort jeunes, con-
tinuent la tradition d'une manière forte, asssez
sombre, souvent grave et poétique. Ceux-là ne
sauraient, certes, sans mauvaise foi, nier les pro-
grès récemment accomplis, un peu en dehors de
leur influence, dans le sens du plein air et plus
encore du plein soleil, mais iis se rendent compte
que les impressionnistes, en trop aiguisant la déli-
catesse de la vision, ont rompu l'équilibre entre les
multiples qualités nécessaires au peintre.

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