Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

DOI Heft:
No. 20 (Mai 1900)
DOI Artikel:
Thomas, Albert: Le Salon de 1900
DOI Artikel:
Fuinel, Charles: Falguière
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0099

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
-uAugN MAI

igoo


Aussi, par crainte de tomber dans l'excès de
ces novateurs, iis ne retiennent rien, ou presque
rien, de leurs méthodes et préfèrent aux feux les
plus brillants de la lumière la sérénité des tons
neutres, le mystère du clair-obscur. Ils veulent
autre chose que prouver la finesse de leur oeil et la
richesse de leur palette ; ils choisissent, simplifient,
composent, s'imprègnent de la beauté contemplée
et prétendent inscrire dans l'arabesque d'une œuvre
longuement mûrie la poésie éparse par le monde.
Nous connaissons ces artistes; ce sont à la-SocléAi
MM. Dauchez, Griveau, Duhern et
René Ménard ; à la Cazin,
puis ici Auguste Pointelin, Albert Gosselin,
Bouchor, Louis Câblé, Jacque-Marie, Camille
Bernier, Dambeza et quelques autres qui nous
ramènent, inconsciemment peut-être, vers Corot,
Claude Gellée, et Nicolas Poussin.
Le Poussin, le Lorrain, Corot, la peinture d'his-
toire dans ce salon n'évoque pas les noms de pa-
reils maîtres. Sans une J'Arc de J. P.
Laurens, modèle de tapisserie pour les Gobelins,
d'un accent profond et d'un bel accord de teintes,
sauf une harmonieuse composition de Gorguet, les
scènes historiques sont de sèches et criardes
images qui rappellent seulement les méthodes de
M. Edouard Détaillé. Le genre pourtant ne souffre
pas la médiocrité ; il téclame, avec la science du
dessin et de l'ordonnance, avec la plus rigoureuse
documentation, cette divination de l'âme, cette
« imagination du cœur B par lesquelles s'opèrent
les résurrections. Evidemment de
M. Rouffet, dont on a dit du bien, n'annonce
pas un Michelet de la peinture ; elle manque de
puissance et devie intime, elle n'a pas même, selon
moi, cette vie extérieure que peuvent donner le
mouvement des personnages et l'entrain de la fac-
ture.
Si l'on excepte actuellement le IG
Afcrf de M. Lévêque et la de M. Moulin, les
allégories valent les tableaux guerriers. Dans leurs
immense toiles où s'ébattent des tritons, des si-
rènes et des muses, MM. Béroud et La Lyre mé-
connaissent jusqu'à l'harmonie décorative; chez eux
tout est creux, discordant et vulgaire.
La vulgarité s'accuse encore dans la simple
figure nue. Contemplez ces modèles qui se désha-
billent, qui s'étirent et se contortionnent sur des
fonds de feuillage ou d'étoffes ; nulle grâce réelle
dans les poses, dans les gestes nulle eurythmie.
Certes, il n'y a pas là cet instinct d'idéal qui trans-
forme l'image humaine, l'épure, la revêt d'un
charme presque sacré ; mais il n'y a pas davantage
de sensualité vraie, le goût des formes pleines et
souples, des frais épidermes, des lèvres fondantes
et savoureuses. Nos jeunes peintres n'aimeraient-
ils donc ni la femme, ni la beauté ? Le vieux maître
Henner heureusement conserve ce double culte.
Rien ne surpasse l'attrait de sonAA^. Une nymphe
apparaît, accoudée le soir dans un bosquet ;
l'ombre tiède et fluide l'environne, baigne ses che-
veux roux, noie ses regards, souligne la moue pen-
sive de sa bouche, caresse la splendeur frémissante
de son corps. C'est la forme même du songe, c'est
la fleur soudainement éclose au milieu de la nuit et
de la solitude. Personne depuis Prudhon n'a su
modeler dans une pâte plus belle plus adorable
image et donner à la chair pareil parfum de poésie.
Par sa profonde sensibilité, par son imagination
virgilienne, Jean-Jacques Henner est un grand
artiste ; c'est en outre un incomparable artisan. Sa
connaissance de la forme et des effets de la lu-
mière, !a qualité de sa couleur grasse, transpa-

rente et nacrée, l'habileté merveilleuse de sa brosse
l'ont rendu populaire à une époque où l'on honore
avant tout le métier. Car la plupart de ses con-
frères en réputation ne sont guère que de bons
ouvriers. Sans doute l'amour du morceau bien mo-
delé, adroitement peint, la curiosité des riches
matières donnent ici une plaisante saveur aux
figures de Roybet, de Bail et de Vollon. Mais la
virtuosité de la facture ne remplace pas dans ces
toiles la recherche patiente du caractère, pas plus
que dans les portraits de MM. J. Lefèvre, Flameng,
Aimé Morot, Marcel Baschet. Quand, par hasard,
ils regardent au Louvre le d'Anto-
nello de Messine, de Holbein, le
AI. d'Ingres, ces peintres ne soupçonnent
donc pas quelle volonté, quelle attention réfléchie
et ardente il a fallu à leurs devanciers pour saisir
non seulement la ressemblance physique, mais
encore la ressemblance morale de leurs modèles et
fixer sur la toile le reflet même de la pensée ? En
vérité, nous n'avons pas à l'heure actuelle de por-
traitistes ; sauf pourtant Carrière, qui n'expose pas
aux Ai'G'sft-s EAMyaG, sauf Benjamin Constant,
Jean-Paul Laurens, Ferdinand Humbert qui nous
montrent en ce salon, l'effort d'un talent sérieux et
physionomique.
Mais c'est trop insister sur une manifestation
médiocre en son ensemble. Je ne parlerai pas de la
sculpture. A l'Exposition Universelle, la centennale
et la décennale vont fournir à tous les esprits cu-
rieux l'occasion d'embrasser l'évolution artistique
d'un siècle qui finit, d'y constater une apogée et un
déclin, d'y pressentir enfin, parmi le stérile réa-
lisme de ces dernières années, un retour bienfai-
sant vers l'Idéal. ALBERT TiiOMAS.

FALGUIÈRE
-m- 'ART français a perdu un des représentants
les plus parfaits de la grande école. Sculpteur
J}_^ et peintre, Falguière s'est maintenu dans
les hautes traditions qui ont assuré notre pré-
pondérance dans le monde et ajouté la simplicité,
la clarté et la force, qui constituent à proprement
parler le génie français, à la science classique des
grands modèles de Rome et de la Grèce. C'était
véritablement un maître que le jeune élève de
Jouffroy et de l'Ecole des Beaux-Arts qui rempor-
tait dès 1859 le prix de Rome et qui avait débuté
au Salon annuel de i8$ypar ayt/lmL Sa re-
nommée a été consacrée par une foule d'œuvres
qui sont un monument à la gloire de la France.
C'est au double titre d'artiste et de Français que
nous saluons cet homme qui vient de descendre
dans la tombe après avoir honoré son pays par
près d'un demi-siècle de succès, laissant une mé-
moire pure et vénérée à ceux qui l'ont connu. C'était
en effet une intelligence haute et religieuse que
celle de Falguière, et l'art officiel, dans lequel il
avait conquis une si large place, ne le détourna
pas de ce souci d'idéal qui fait les vrais artistes et
place au-dessus des foules l'inspiration première et
l'effort personnel qui élève et purifie l'œuvre dans
une haute indépendance et une mâle fierté. Moins
illustre comme peintre que comme statuaire,
Falguière a cependant à ces deux titres sa place
marquée dans l'art décoratif et ses grandes com-
positions témoignent d'une merveilleuse variété
d'imagination en même temps que d'une parfaite
science d'exécution. Si de à
et à Ctw&af, Falguière a immortalisé par son ci-
seau et son pinceau toutes les célébrités du siècle,

83
 
Annotationen