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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 21 (Juin 1900)
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Kahn, Gustave: La rue pittoresque - Les toits
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0117

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H. VOGELER (WORPSWEDE)

LA RUE PITTORESQUE. LES TOITS
n poète parnassien, Albert Mérat, a eu l'idée
jolie de chanter les jardinets de Paris, non
pas ceux qui ouvrent près des palais, aux
Tuileries ou au Luxembourg, leurs quinconces
d'arbres et de statues, ni les grands squares à
grottes artificielles, comme ces Buttes-Chaumont,
spacieux réservoir d'air des quartiers populeux,
ou son émule Montsouris, où des astronomes
étudient dans un pavillon en turquerie in-
génieusement comique; pas même ceux qui
bordent les balcons riches de plantes à la
presqu'arborescente frondaison. Parfois on y
met à l'air, par les beaux jours, des palmiers
qui n'ont point assez grandi pour devenir
nostalgiques. Les jardinets de Mérat sont aux
fenêtres des combles, et les jacinthes et giroflées
si l'on veut de Jenny l'ouvrière, auprès parfois
d'une cage où un oiseau pépie et se démène,
forment une jolie lisière de couleur, au pied
du toit; du toit qui est en général bien laid,
même quand dans une maison moderne, toute
moderne, l'architecte a résolument, sur le faîte
de sa bâtisse, juché une campanile à la floren-
tine, ou bien un petit dôme, ou des combles

courbes, tels ceux qui ornent le Pavillon de
Flore.
Le toit n'est pas beau de forme, malgré le
petit escalier marqué pour les couvreurs ; le
toit est laid de par la cheminée. Quel archi-
tecte, quel artiste ornemental trouvera le moyen
d'esthètiser ces nécessaires issues de la fumée?
En attendant, toute la cime de Paris se hérisse
de colonnettes au chapeau mouvant, d'allures
schématiques de guerriers qui tournent tous la
tête du même côté comme pour voir d'où
vient le vent; cela peut aussi évoquer l'idée
de très maigres béguines arrêtées en une im-
mense procession et marmonnant avec des
mouvements de tête sous de larges et noires
coiffes. Parmi ces formes noires, une cheminée
en pierre s'élève comme une tour grêle, comme
pour rappeler que nous vivons dans l'âge de
feu, dans l'âge de fer, dans l'âge du fer laminé
et tréfilé, ainsi qu'on le manie sans doute au-
dessous de ces longs tuyaux de briques, de ces
énormes colonnes qui hérissent, végétation drue
et laide, la banlieue de la ville. Il n'y a de
trêve à ce continuel hérissement de tôles roulées

L'ART DÉCORATIF. No. 21.

toi
 
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