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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 24 (Septembre 1900)
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Peacock, Netta: Le village russe et le mouvement d'art moscovite
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0260

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-y-sgg)- SEPTEMBR E 1900

On ne saurait trop rehausser !e rôle joué
dans ce mouvement rénovateur par Hélène
Polenoff. Elle en a été l'âme et la vie, et
quoi qu'enlevée par la mort, il y a deux ans,
en pleine force et activité, son influence reste
une source d'inspirations et un trait d'union
entre les jeunes artistes, qu'elle aida généreu-
sement et encouragea toute sa vie.
C'est en i88q, à l'époque où M"^ Mamontoff
ouvrit une école de sculpture sur bois et de
charpenterie sur ses propriétés d'Abramtsevo
(gouvernement de Moscou) qu'Hélène Polenoff
pensa d'abord à tourner sa connaissance du dessin
vers les buts décoratifs. Dans l'idée d'introduire
un élément artistique dans les travaux de l'école,
elle et M"*= Mamontoff parcoururent les villages
des alentours, réunissant tout ce qu'elles trou-
vaient de vieux ustensiles domestiques sculptés.
En un temps relativement court, elles se trou-
vèrent en possession d'une collection très-inté-
ressante. Hélène Polenoff, désireuse avant tout
de conserver le vrai caractère russe, basa ses
dessins modernes sur ces modèles anciens. Le
résultat eût pu être désastreux; mais grâce à
ses dons artistiques véritablement supérieurs et
à sa connaissance exacte de l'histoire et de
l'archéologie de son pays, elle sut devenir le
pionnier d'un mouvement absolument moderne,
du mouvement qu'on voit représenté d'une
manière si caractéristique dans la dernière des
pièces du Village russe.
Dans celle-ci, tout le bois sculpté vient de
l'école d'Abramtsevo et a été ouvré sur les
dessins d'Hélène Polenoff, à l'exception d'un
porte-chapeaux, d'une tablette et d'une longue
banquette dessinées par Alexandre Golovine.
Dans l'ornementation du bois non moins que
dans les formes des objets, on sent instinctive-
ment qu'on se trouve en présence d'un peuple
pour qui le bois est sa matière à lui, sa matière
qu'il aime; d'un peuple du Nord qui se plait
au vaste silence des forêts immenses. La seule
pièce du mobilier qui ne vienne pas de l'école
d'Abramtsevo est une large étagère d'encoignure,
dessinée par M""= Marie Jacounchikoff-Weber et
exécutée par les koustars de Troïtza. Les dessins
des panneaux sont des imitations agrandies de
ceux des pains d'épices qu'on vend dans les
foires russes; les supports du meuble figurent

une baleine, un ours et un lion, animaux sur
lesquels le monde repose, suivant une tradition
populaire.
La poterie remarquable par ses belles couleurs,
dont on voit une quantité dans la pièce, vient
aussi de l'école d'Abramtsevo; mais pour celle-
ci, l'initiative est due à M. Mamontoff, qui a
consacré beaucoup de temps à développer cette
industrie. Les profils des vases sont très-inatten-
dus, parfois même déconcertants; les tons sont
exquis. Les pièces les plus importantes et les
plus curieuses de cette poterie sont faites d'après
les dessins d'Alexandre Golovine; notamment


MLLE DAVtDOFF BRODERtE SUR DRAP

une grande « bratina » (boll pour la boisson
nationale russe) en forme de poule, avec sa
louche et ses gobelets, deux poêles, deux beaux
plats, et une toilette (cette dernière exposée dans
la section russe à l'Esplanade des Invalides) tous
remarquables comme dessin et couleur. La
spontanéité et une fantaisie exubérante sont les
caractères distinctifs de toutes les productions
de cet artiste.

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