L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (2,2.1900)

SEPTEMBRE

1900


CHRONiQUE

y E CONGRÈS DE PART PUBLIC, qui a eu iieu dans
la première quinzaine d'août, sous la prési-
^ dence de M. John Labusquière, ancien prési-
dent du Conseil municipal de Paris, a abordé
au triple point de vue technique, historique, juridique
les questions multiples qui touchent au respect des
monuments du passé d'une part, de l'autre à la
création de milieux publics par lesquels le sentiment
du beau se développe dans toutes les classes.
Les délégués ont décidé d'abord de provoquer
dans toutes les villes la constitution de sociétés
pour la défense de l'art public. A Paris, M. John
Labusquière demandera au Conseil municipal d'éri-
ger en commission permanente la commission tem-
poraire nommée par le Conseil pour organiser le
congrès actuel.
Puis le congrès a adopté une série de proposi-
tions, dont les principales sont :
1° Qu'il soit donné aux préfets, maires, curés,
conseils de fabrique, fonctionnaires de tous ordres
des instructions très précises pour leur rappeler
leur responsabilité morale et matérielle des œuvres
d'art qui leur sont conhées ;
2" Que l'on rende aux places de Paris leur aspect
primitif, notamment à la place des Victoires, pour
laquelle il y a urgence ;
3° Que les municipalités soient armées pour pré-
venir l'apposition d'affiches vulgaires déhgurantles
édifices;
4° Que toute latitude soit donnée aux architectes
et propriétaires pour les saillies des façades et leur
décoration ; que les maisons puissent être aussi
élevées que la largeur de la rue le permet, en pro-
portionnant leur élévation à cette largeur. Ceci
pour permettre de regagner en hauteur la place
perdue en largeur, laquelle pourra être employée
au grand profit de l'art ; d'autre part, la propor-
tionnalité entre la largeur de la rue et la hauteur
des maisons assurera la circulation de l'air ;
g" Que les décrets de voirie de 1882 et 1884
soient révisés (règlement visant les saillies) et que
les municipalités étudient les voies et moyens de
donner toutes latitudes en matière de saillies ;
6° Que dans les quartiers neufs, les propriétaires
soient obligés de bâtir en retraite de l'alignement
et de garnir les espaces libres de parterres et de
plantations;
7° Que les municipalités établissent sur les places
publiques des portiques ou abris artistiquement
construits, destinés à être décorés d'œuvres d'art
pu à en recevoir. Ce sera le /nr
M. de Suzor, auteur de la proposition, estime qu'à
la condition de renouveler assez fréquemment les
objets exposés, ces musées originaux contribueront
plus que tous autres à la formation du goût public.
L'enfant se rendant à l'école, la femme allant au
marché, l'homme à l'atelier, s'arrêteront fatalement
devant ces vitrines : il fera naître et croître chez
eux l'amour de ce qui est vraiment beau et artis-
tique;
8° Que des visites et promenades périodiques
dans les musées pour les élèves des écoles soient
organisées sous la direction de personnes compé-
tentes et que, dans les centres ne possédant pas les

ressources nécessaires, il y soit suppléé par tous
les moyens possibles ;
9° Que les édicules revêtent un caractère artis-
tique ;
10° Que les règlements de voirie soient établis
par des commissions mixtes composées de con-
seillers municipaux, de propriétaires et d'artistes,
qu'elles ne copient pas leurs règlements les uns
sur les autres, mais s'inspirent de la topographie
des lieux.
Pour exécuter les mesures préconisées, il a été
nommé une délégation permanente provisoire dont
le siège est à Paris. Cette délégation fonctionnera
jusqu'à ce que soit définitivement constituée une
commission internationale de l'art public, dont
l'action s'étendra sur toutes les commissions na-
tionales à créer dans les divers Etats d'Europe et
d'Amérique.
Le congrès international suivant aura lieu dans
deux ans soit à Venise, soit à Amsterdam. Il sera
précédé d'un congrès national dans chaque pays.
R.

y A DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES à l'Exposition
s'est faite comme ces choses se font inévita-
^^ blement:aupetitbonheur.Acôtë de décisions
applaudies par tous, il y en a eu d'autres qui
n'ont provoqué que la stupéfaction. Du reste, pour
en vouloir aux jurys dont ces incohérences ter-
minent les pénibles fonctions, il faudrait ne pas les
avoir vus arpentant pendant quinze jours les allées,
les palais, les salles de l'Exposition, suant, s'épon-
geant, le gros de chaque groupe suivi de loin par
les éclopés prêts à tomber ; tout cela, pour finir
par mécontenter tout le monde en voulant faire
plaisir à chacun.
Il n'en va pas de même des nominations dans la
Légion d'honneur à l'occasion de l'Exposition.
Celles-ci ont été étudiées aussi soigneusement que
possible, et répondent en générai au sentiment
unanime.
La liste en est longue. Nous en avons extrait les
noms touchant à l'art et aux industries d'art ; les
voici, sauf omissions involontaires :
GmHA-Cfefx.MM. Hébert, peintre ; Guillaume,
statuaire.
Gram<fx-0//:cî'<7;-.s. MM. Gérome, peintre et
sculpteur; Carolus Duran, peintre; Frémiet,
sculpteur.
MM. J. F. Laurens, Roli, pein-
tres ; Barrias, sculpteur ; Chaplain, graveur en
médailles ; Vaudremer, architecte.
O/ÿfrAfx. MM. Fantin-Latour, Roybet, V. Bi-
net Êug. Carrière, Dawant, Dubufe, Jules Chéret,
peintres ; Bartholomé, Boisseau, Cariés, Gardet,
Jean Dampt, sculpteurs ; Baumgart, administra-
teur de la Manufacture de Sèvres ; Gautier, Her-
mant, Yvon, architectes des palais de l'Exposition ;
Frantz Jourdain, architecte et critique d'art; La-
lique, joailler-bijoutier ; Magne, professeur à
l'Ecole des beaux-arts ; Muller, céramiste.
C/^enHefx. MM. Aman-Jean, Auburtin, Bail,
Berton, Biva, Caibet, Callot, Carrier-Belleuse,
Charles Cottet, Henri Cain, L. Fournier, Gosselin,
Gaston La Touche, Le Sénéchal de Kerdréoret,
Hippolyte Lucas, Ménard, Louis Picard, Prinet,

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