DOI issue:
No. 25 (Octobre 1900)
DOI article:Gerdeil, O.: La Norvège à l'exposition universelle
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0046
L'ART DÉCORATIF
sujet offrait du reste beaucoup moins de res-
sources à la fantaisie décorative de l'artiste que
dans celles-ci. Mais ces deux grandes pièces
sont admirables comme exécution.
Parmi les œuvres exposées par M"^ Frida
Hansen (toutes exécutées, de même que les
deux grands panneaux de Munthe, par le ((Tis-
sage de Tapisseries du Nord)), à Christiania,
dont M"^ Hansen est directrice), deux panneaux,
J. TOSTRUP (CHRISTIANIA)
«Salomë)) et ((Les Vierges folles et les Vierges
sages)), ont un grand charme de couleur et de
composition. Dans le second surtout, le violet,
en lequel l'artiste a conventionnalisë la nuit
sous laquelle la scène se déroule, forme avec
les gris clair, les verts d'eau et les blancs crème
des premiers plans une harmonie des plus
neuves, très douce malgré la vigueur des tons.
Les bordures sont d'un beau dessin, forte-
ment empreintes de ce caractère si réellement
décoratif dont nous parlions en commençant.
Ce sont là des œuvres très distinguées, et dans
lesquelles les convenances artistiques de la
tapisserie sont on ne peut mieux comprises de
tous points.
Quant aux tapisseries florales de M'"e Han-
sen (surtout des portières), ce sont de véritables
merveilles d'exécution, indépendamment de la
valeur de la composition. Les tonds ajourés du
dessin sont une nouveauté précieuse, qui ne
manquera pas d'attirer l'attention des connais-
seurs.
Une autre institution de Christiania, l'«Union
Norvégienne des industries domestiques)), ex-
pose aussi des tapisseries remarquables. Plu-
sieurs sont de Gerhard Munthe pour la compo-
sition. Celle intitulée «Les trois frères)), où l'on
retrouve les filles du Nord appelant à elles trois
hommes changés l'un en élan, l'autre en oiseau,
le troisième en poisson, rappelle par la grâce
fruste de la composition quelques-unes de celles
du musée de Trondhjem, prémentionnées; une
autre, «Saint Olaf devant les idoles)) est typique
par le curieux mode de conventionnalisation des
personnages propre à Munthe. Dans le genre
purement ornemental, les pièces de MM. Ingrid
Klingenberg et Th. Holmboë sont remarquables
par la largeur et la personnalité vigoureuse du
dessin. M**^ Eugénie Faye-Hansen demande
l'effet décoratif à des moyens plus simples, mais
également avec succès.
Les travaux d'orfèvrerie émaillée et fili-
granée abondent dans la section norvégienne;
c'est un des arts favoris du pays. Ceux exposés
par M. J. Tostrup, joaillier de la Cour à Christia-
nia, en sont de magnifiques spécimens, dans
lesquels toutes les ressources dont cet art
dispose sont mises en œuvre. Les coupes en
émail translucide surtout, dont nos reproduc-
tions ne peuvent donner qu'une faible idée, sont
du travail plus délicat ; dans une note plus mo-
derne, ils rappellent et égalent ce que les grands
orfèvres-émailleurs de la Renaissance ont pro-
duit de plus délicat.
Il faudrait enfin signaler dans la section
norvégienne des Invalides les poteries décorées
de M. St. Lerche, qui, fixé depuis longtemps à
Paris et se renfermant moins strictement dans
les traditions de son pays d'origine, a trouvé
dans ces travaux une note de couleur et de
composition personnelle. L'Ar^ a
reproduit autrefois bon nombre de ses poteries.
O. GERDEIL.
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sujet offrait du reste beaucoup moins de res-
sources à la fantaisie décorative de l'artiste que
dans celles-ci. Mais ces deux grandes pièces
sont admirables comme exécution.
Parmi les œuvres exposées par M"^ Frida
Hansen (toutes exécutées, de même que les
deux grands panneaux de Munthe, par le ((Tis-
sage de Tapisseries du Nord)), à Christiania,
dont M"^ Hansen est directrice), deux panneaux,
J. TOSTRUP (CHRISTIANIA)
«Salomë)) et ((Les Vierges folles et les Vierges
sages)), ont un grand charme de couleur et de
composition. Dans le second surtout, le violet,
en lequel l'artiste a conventionnalisë la nuit
sous laquelle la scène se déroule, forme avec
les gris clair, les verts d'eau et les blancs crème
des premiers plans une harmonie des plus
neuves, très douce malgré la vigueur des tons.
Les bordures sont d'un beau dessin, forte-
ment empreintes de ce caractère si réellement
décoratif dont nous parlions en commençant.
Ce sont là des œuvres très distinguées, et dans
lesquelles les convenances artistiques de la
tapisserie sont on ne peut mieux comprises de
tous points.
Quant aux tapisseries florales de M'"e Han-
sen (surtout des portières), ce sont de véritables
merveilles d'exécution, indépendamment de la
valeur de la composition. Les tonds ajourés du
dessin sont une nouveauté précieuse, qui ne
manquera pas d'attirer l'attention des connais-
seurs.
Une autre institution de Christiania, l'«Union
Norvégienne des industries domestiques)), ex-
pose aussi des tapisseries remarquables. Plu-
sieurs sont de Gerhard Munthe pour la compo-
sition. Celle intitulée «Les trois frères)), où l'on
retrouve les filles du Nord appelant à elles trois
hommes changés l'un en élan, l'autre en oiseau,
le troisième en poisson, rappelle par la grâce
fruste de la composition quelques-unes de celles
du musée de Trondhjem, prémentionnées; une
autre, «Saint Olaf devant les idoles)) est typique
par le curieux mode de conventionnalisation des
personnages propre à Munthe. Dans le genre
purement ornemental, les pièces de MM. Ingrid
Klingenberg et Th. Holmboë sont remarquables
par la largeur et la personnalité vigoureuse du
dessin. M**^ Eugénie Faye-Hansen demande
l'effet décoratif à des moyens plus simples, mais
également avec succès.
Les travaux d'orfèvrerie émaillée et fili-
granée abondent dans la section norvégienne;
c'est un des arts favoris du pays. Ceux exposés
par M. J. Tostrup, joaillier de la Cour à Christia-
nia, en sont de magnifiques spécimens, dans
lesquels toutes les ressources dont cet art
dispose sont mises en œuvre. Les coupes en
émail translucide surtout, dont nos reproduc-
tions ne peuvent donner qu'une faible idée, sont
du travail plus délicat ; dans une note plus mo-
derne, ils rappellent et égalent ce que les grands
orfèvres-émailleurs de la Renaissance ont pro-
duit de plus délicat.
Il faudrait enfin signaler dans la section
norvégienne des Invalides les poteries décorées
de M. St. Lerche, qui, fixé depuis longtemps à
Paris et se renfermant moins strictement dans
les traditions de son pays d'origine, a trouvé
dans ces travaux une note de couleur et de
composition personnelle. L'Ar^ a
reproduit autrefois bon nombre de ses poteries.
O. GERDEIL.
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