DOI Heft:
No. 25 (Octobre 1900)
DOI Artikel:Riotor, Léon: Les dentelles: de l'école des arts et métiers de Vienne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0048
L'ART DECORATIF
M"° HOFMANNINCER VOLANT EXPOSÉ PAR L'ÉCOLE DES ARTS DECORATIFS DE VIENNE
LES DENTELLES
DE L'ÉCOLE DES ARTS ET MÉTIERS
DE VIENNE
T Es chercheurs sont parvenus à manier le hl
i_, comme ie crayon, à ie pétrir comme la
glaise, à le nuancer ainsi que la couleur. Les
tissus légers, les bétilles transparentes, les
batistes, les tanjets flottants, les gazes vapo-
reuses, les blondes pareilles aux nuages servent
de thèmes à mille prétextes d'art, et c'est encore
devant cette capricieuse déesse de la toilette
qu'il faut nous agenouiller aujourd'hui.
A la section autrichienne de l'Esplanade
des Invalides, voici un salon unique, avec ses
harmonieux meubles garance, la sobriété de
ses sujets statuaires, son décor mural hardi,
semi-byzantin, presque égyptien, l'exquis pan-
neau où, dans les jaspes du bois, une ravissante
hile, aux cheveux de froment clair, à peine
couverte d'une vapeur violâtre, danse sous des
orangers chargés de fruits.
L'École des arts et métiers (Kunstgewerbe-
schule) de Vienne y expose trois vitrines de
dentelles extraordinaires. Ce sont de petits
bijoux que je voudrais suivre minutieusement,
hl par hl, s'il m'était accordé de les décrire
ainsi, comme i! le faudrait.
Il y a là un savant mélange de travail à
l'aiguille, de passements aux fuseaux, de points
de broderie et même d'empiècements tulle sur
tulle. C'est quelque chose comme une mosaïque
de dentelles.
D'abord un volant de jupe, pour garniture,
où s'enlèvent délicatement des bouquets de
marguerites et de pissenlits en deux épaisseurs,
ton sur ton, avec queues et filaments en tresses
longues qui rappellent un peu le Bruges, mais
bien spéciaux. Sentez la brise qui souffle dans
l'herbe, les plantes qui frémissent en se sou-
levant. Le style n'a rien tronqué de cette nature.
Les remplissages, intelligemment arrangés,
n'encombrent pas la composition, le dessin
conserve toute sa grâce et toute sa vigueur.
C'est d'un aspect fort à la mode aujourd'hui,
où les feuilles et les heurs sont reliées par des
barrettes tordues et des points de boutonnières
qui donnent l'impression d'un gros tulle, où une
chaîne d'anneaux légers court et assemble le
tout. Ici, rien n'a été laissé à l'imprévu: l'artiste
a employé tout ce qui lui était nécessaire, mais
rien que cela.
Des mouchoirs, l'un bordé d'un nuage
flottant, d'une légèreté incomparable, l'autre
plus positif et plus réel. Que choisir?
A côté, j'admire deux tours de corsage en
deux applications, fond treille et linon, l'un
feuilles et heurs, qui me rappelle, oh ! de bien
loin, certain genre Bruxelles, avec motifs à
l'aiguille sur tulle mécanique et passements aux
fuseaux, ou, dans le genre anglais sur vrai
réseau, quelques essais en hls tirés au carreau,
où le linon est joint par des points d'ourlet,
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M"° HOFMANNINCER VOLANT EXPOSÉ PAR L'ÉCOLE DES ARTS DECORATIFS DE VIENNE
LES DENTELLES
DE L'ÉCOLE DES ARTS ET MÉTIERS
DE VIENNE
T Es chercheurs sont parvenus à manier le hl
i_, comme ie crayon, à ie pétrir comme la
glaise, à le nuancer ainsi que la couleur. Les
tissus légers, les bétilles transparentes, les
batistes, les tanjets flottants, les gazes vapo-
reuses, les blondes pareilles aux nuages servent
de thèmes à mille prétextes d'art, et c'est encore
devant cette capricieuse déesse de la toilette
qu'il faut nous agenouiller aujourd'hui.
A la section autrichienne de l'Esplanade
des Invalides, voici un salon unique, avec ses
harmonieux meubles garance, la sobriété de
ses sujets statuaires, son décor mural hardi,
semi-byzantin, presque égyptien, l'exquis pan-
neau où, dans les jaspes du bois, une ravissante
hile, aux cheveux de froment clair, à peine
couverte d'une vapeur violâtre, danse sous des
orangers chargés de fruits.
L'École des arts et métiers (Kunstgewerbe-
schule) de Vienne y expose trois vitrines de
dentelles extraordinaires. Ce sont de petits
bijoux que je voudrais suivre minutieusement,
hl par hl, s'il m'était accordé de les décrire
ainsi, comme i! le faudrait.
Il y a là un savant mélange de travail à
l'aiguille, de passements aux fuseaux, de points
de broderie et même d'empiècements tulle sur
tulle. C'est quelque chose comme une mosaïque
de dentelles.
D'abord un volant de jupe, pour garniture,
où s'enlèvent délicatement des bouquets de
marguerites et de pissenlits en deux épaisseurs,
ton sur ton, avec queues et filaments en tresses
longues qui rappellent un peu le Bruges, mais
bien spéciaux. Sentez la brise qui souffle dans
l'herbe, les plantes qui frémissent en se sou-
levant. Le style n'a rien tronqué de cette nature.
Les remplissages, intelligemment arrangés,
n'encombrent pas la composition, le dessin
conserve toute sa grâce et toute sa vigueur.
C'est d'un aspect fort à la mode aujourd'hui,
où les feuilles et les heurs sont reliées par des
barrettes tordues et des points de boutonnières
qui donnent l'impression d'un gros tulle, où une
chaîne d'anneaux légers court et assemble le
tout. Ici, rien n'a été laissé à l'imprévu: l'artiste
a employé tout ce qui lui était nécessaire, mais
rien que cela.
Des mouchoirs, l'un bordé d'un nuage
flottant, d'une légèreté incomparable, l'autre
plus positif et plus réel. Que choisir?
A côté, j'admire deux tours de corsage en
deux applications, fond treille et linon, l'un
feuilles et heurs, qui me rappelle, oh ! de bien
loin, certain genre Bruxelles, avec motifs à
l'aiguille sur tulle mécanique et passements aux
fuseaux, ou, dans le genre anglais sur vrai
réseau, quelques essais en hls tirés au carreau,
où le linon est joint par des points d'ourlet,
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