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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI Heft:
No. 26 (Novembre 1900)
DOI Artikel:
Thomas, Albert: La peinture décorative à l'exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0063

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NUMERO 26

NOVEMBRE 1900

L'ART DÉCORAT!F

LA PEINTURE DÉCORATIVE
A L'EXPOSITION
ON confrère Henri Frantz a traité ici même,
en juiilet dernier, de ia peinture décorative
à LExposition universeiie ; mais la matière était
si vaste qu'il n'a pu l'épuiser complètement et
qu'il m'autorise à glaner derrière lui quelques
épis magnifiques.
Parmi les œuvres dont je veux parler,
quatre surtout sont belles et significatives; elles
résument les qualités les plus aimables de notre
race, elles fleurent en outre notre meilleure
grâce parisienne. Dans la cité miraculeusement
surgie où toutes les villes du monde ont apporté
leurs richesses et leur parfum, il était juste que
Paris donnât en chaque genre sa note incompa-
rable, la mesure de son unique génie. Il les a
données, pour la peinture décorative, avec le
maître Cheret. Au pavillon des Magasins du
Printemps, il faut voir le plafond du grand
artiste. Dominant l'arsenal où ses armes sont
fourbies, le lieu où ses charmes s'éiaborent, les
objets parmi lesquels sa joliesse évolue, les toi-
lettes frissonnantes et les dessous mousseux qui
doublent sa grâce capiteuse, la Parisienne plane
au ciel bleu. En robe rose, des fleurs aux mains,
un chapeau de paille sur ses cheveux roux, elle
tournoie éperdument. Le soleil aux plis de sa
jupe répand, furtifj des ombres mauves; le vent
découvre ses jambes gantées de soie, ses jambes
sveltes et rondes, merveilles d'allègre volupté.
Une compagne aux voiles oranges, des enfants
partagent ses jeux, et c'est un spectacle exquis;
des clartés de corolles se mêlent à des lueurs
de bras nus; des colombes passent parmi les
couples; une ombrelle vogue, chargée de roses,
sur la croupe rose d'un nuage!... Dites-moi,
toute la femme avec ses rires, ses coquetteries,
sa pensée frivole, son cœur fantasque, son âme
légère, toute la femme de Paris ne vit-elle pas
en cette jolie fille évoquée par Cheret?
A l'entrée de la classe 71, l'apparition se
renouvelle. Effrontément moulée dans une robe
d'un jaune changeant, tantôt soufre et tantôt

rose-thé, la jolie fille agite toujours ses douces
jambes spirituelles; elle tient d'une main une
statuette, bibelot dont son regard s'amuse, elle
lève de l'autre main son éventail; elle a ce geste
adorable, impérieux, qui mène les hommes ser-
viles, qui commande à toutes les puissances de
volupté, et qui fait en ce moment ondoyer
autour d'elle une seconde chaîne d'enfants
rieurs. Un rideau richement drapé, un palmier
nain sur une console indiquent ici un décor de
salon; mais les murs se sont ouverts, l'air vient
d'affluer par ondes vibrantes et la Parisienne
plane, cette fois encore, en plein azur. Image
incomparable de couleur harmonieuse, de
mouvement emporté et rythmique, vision unique
de grâce et de joie, chant de l'alouette au matin
clair, essor sous le vrai ciel gaulois de la plus
libre, de la plus immatérielle fantaisie!
Lorsque je parle de Cheret, je prends natu-
rellement le ton du dithyrambe. Aussi bien ce
maître est exquis. Parmi nos artistes, s'il n'est
pas le plus grand, il est du moins le plus fran-
çais, français de France et français de Paris.
Mieux que les nobles toiles du Poussin, mieux
que les fresques sublimes de Puvis de Cha-
vannes, ses œuvres reflètent les traits essentiels
de notre caractère national, et, quand tout vien-
drait à crouler, quand notre peuple disparaîtrait
avec les monuments de son activité, une seule
affiche de Cheret, retrouvée par miracle, suffi-
rait pour évoquer aux races nouvelles notre art
charmant, notre esprit vif et clair.
En même temps que Cheret, magicien pres-
tigieux, abstracteur très subtil de ((parisine))^
l'entrée de la classe 71 nous montre le dessina-
teur Steinlen. Seul un artiste de ce mérite
pouvait faire figure auprès du maître. Dans sa
frise, en quatre panneaux, il groupe, formes et
couleurs, les éléments de la décoration, les
feuillages et la mer, les paons oscellés, les
bleuets, les hélianthes, les dahlias, les trèfles
rosés, les campanules, les bouillons blancs, et
l'on goûte l'ingénieuse simplicité de sa compo-
sition, la franchise de sa palette, son dessin
large et volontaire. Peintres au chevalet, enfants
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