L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

DÉCEMBRE 1900

floraison unique, transformée en reliquaire.
De chaque côté du tabernacle dont la porte
d'or est ornée de symboliques épis de blé, de
délicieux bas-reliefs également dorés, dus à
M. Camille Lefèvre, rappellent sans mièvrerie
la Nativité et la Jeunesse du Christ dans bate-
lier paternel; au-dessus, sous l'arc qui soutient
le reliquaire, une Vierge et l'Enfant Jésus, en
grès blanc, donnent la note claire de cette har-
monie vert et or.
Une pareille œuvre ne saurait trop être
admirée et citée en exemple. Non seulement

parce qu'elle repose des laids mobiliers d'église
jusqu'ici en faveur, mais parce qu'elle affirme
encore, en ce XX^ siècle, notre suprématie dans
l'art mystique né sur notre sol au X1L siècle et
resté vivace, malgré renaissances et révolu-
tions, jusqu'en cette actuelle époque de machi-
nisme où la suie des usines éclipse si souvent
l'azur du ciel.
Le grès avait son emploi tout indiqué dans
une des parties les plus indispensables de la
décoration intérieure : la cheminée.
Aussi, chaque fabricant a-t-il fait appel aux


A. BIGOT
meilleurs de nos artistes pour concevoir des
modèles élégants ou pratiques. Dans la première
catégorie se range l'ensemble décoratif composé
par M. Chalon et exécuté par la maison Muller.
Cet ensemble comprend une cheminée, un tru-
meau avec glace et une frise de paons et de lis
qui court sur les parois latérales; dans la se-
conde catégorie, nous rangerons la remarquable
cheminée due à M. Raimbour et exécutée égale-
ment par M. Muller : l'ornementation empruntée
à l'artichaut et au dahlia a une largeur d'orne-

CHEMINÉE ET.LAMBRISSAGE EN GRÉS
mentation que nous ne retrouverons que dans
la cheminée exposée par M. Franz Ant. Mehlem,
de Bonn.
Si la maison Muller se recommande par
l'audace de sa fabrication, M. Bigot a pour lui
un goût extrême, jamais en défaut, qui lui a
permis de doter les produits sortis de ses ate-
liers de tonalités d'une richesse incomparable.
Nous n'en voulons pour preuve que la coupole
lumineuse de Pierre Roche, que l'on peut voir
au théâtre de la Loïe Fuller, la fontaine monu-

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