L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

L'ART DECORATIF

des sculptures sur une façade sous prétexte de
faire du beau. Cela n'a qu'un défaut: celui d'en-
tendre le beau à la façon de ces marchands de
salaisons de Chicago qui s'offrent des rampes
d'escaliers en or massif. Moins d'or ou de sculp-
tures, mais une compréhension plus juste de la
beauté des choses fait mieux l'affaire.
Derrière le rideau des arbres de l'avenue

du Bois, l'hôtel élevé par M. Plumet aura pour
lui le regard et le penser d'envie du poète, du
lettré, de l'artiste qui passeront auprès, et qui
sentiront là la maison rêvée, accueillante et
commode, où se succèdent sans regret et sans
heurt les années et les saisons, les jours de pluie
et de soleil.
CHARLES SAUNIER.


E. FBUILLATRE

COUPE EN ÉMAIL TRANSLUCIDE

E. FEUILLATRE, ÉMAILLEUR
VA Joséphin Péladan a écrit quelque part,
** dans la je crois, que
l'émail est le plus parfait et le plus complet de
tous les arts. C'est en tous cas le plus français,
celui dans lequel des siècles de maîtrise nous
ont assuré la définitive royauté. Depuis le XIIP
siècle, en effet, les émailleurs du Nord et ceux
du Limousin se disputaient la suprématie et
produisaient non seulement des pièces capitales
comme le triptyque de Chartres ou l'émail de
Geoffroy Plantagenet, mais donnaient naissance

à toute une efflorescence d'art décoratif, dont les
reliquaires, les bijoux, les pierres tombales
même nous disent encore la perfection. Et ce
sont Galpais de Limoges, Eilbertus de Cologne,
Garnerius, Guinamundus, Jean de Limoges,
Nicolas de Verdun, et le Moine Reginaldus,
que l'on se plaît à évoquer, pareils à ce vieux
maître que chante Heredia:
« Le vaillant maître orfèvre, à l'œuvre dès matines,
« Faisait de ses pinceaux d'où s'égouttait l'émail,
« Sur la paix niellée et sur l'or du fermail
«Épanouir la fleur des devises latines, o
Depuis la fin du XVe siècle, de véritables

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