L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

L'ART DÉCORATIF

cation que la beauté, la jeunesse, la santé,
l'ardeur, l'attrait charnel sanctifié par l'amour
s'exhalant des yeux et du sourire a bien son
prix aussi.
C'était probablement l'avis des peintres de
toutes les écoles et de tous les pays jusqu'au
milieu du siècle qui vient de finir, car c'est ainsi
que tous ont vu la femme. Titien, Rubens,
Boucher, Reynolds sont d'accord là-dessus.
L'unique et célèbre exception de Lisa Gherar-
dini delGiocondo léguant à la postérité l'énigme
de son sourire dans la toile de Leonardo ne fait
que confirmer la règle.
Avec sa vision d'opulence dans la beauté,
M. Paoletti rêve ce qu'ont rêvé ceux d'avant, ce
que rêveront ceux d'après si le mal qui nous mine
doit prendre fin, le mal de l'au delà de notre
pauvre nature humaine.
La tendance décorative est très nette chez
M. Paoletti. Bien que toiles de chevalet, les
peintures reproduites ici et plusieurs autres
semblent plutôt faites pour la décoration. La
par exemple, avec sa composi-
tion habilement réduite à de grandes divisions
et l'ingénieuse simplification des fonds d'où se
détache la figure, formerait un panneau décoratif
d'un excellent effet.
Du reste, M. Paoletti est un des plus fervents
apôtres de la régénération des arts appliqués
en Italie. Écrivain, il guerroie de la plume en
faveur de chaque effort qui se tente dans ce

sens. Lui-même s'essaye à l'art dans le métier.
Secouant l'influence allemande dont se ressent
le cadre de sa toile il a déjà passé dans
le cadre rond (représenté ici) d'un portrait de
famille aux lignes moins tourmentées que veut
l'esprit latin. Nous le retrouverons peut-être un
jour — qui sait? — ouvrier d'art, comme tant
d'autres transfuges de la toile et du marbre.
MuSEY-GRÉVIN.
LE MEUBLE MODERNE
PRÈS avoir reproduit d'une manière très
complète dans ces colonnes les meubles
envoyés à l'Exposition universelle par MM.
Plumet et Selmersheim, par l'Art Nouveau
Bing, par M. Majorelle, il convient d'y donner
aussi à ceux de MM. Damon et Colin la place
honorable qui leur est due. C'était la première fois
que l'industrie proprement dite approchait de si
près des conditions que doit remplir le mobilier
moderne. Tandis que leurs confrères du faubourg
Saint-Antoine se préoccupaient surtout de faire
riche ou très orné, MM. Damon et Colin déter-
minaient avec goût et sagacité le juste point
où doivent se rencontrer la simplicité, sans
laquelle il ne peut y avoir de formes pures, et
le luxe, exigence sociale dont l'industrie doit
tenir compte. Le bon exemple donné par eux


A. DAMON&COLIN

TABLE DE SALLE A MANGER (EXPOSITION UNIVERSELLE)


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