Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI Heft:
No. 29 (Février 1901)
DOI Artikel:
Jacques, G. M.: Paradoxes
DOI Artikel:
Chronique
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0255

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
FEVRIER 1901

En résumé, dans ces pièces superbes, la fleur
n'a fait que fournir à l'artiste un motif plus délicat
que celui qu'il eût tiré de son propre fonds. Suppo-
sez la feuille d'ancolie remplacée par un polygone
de fantaisie occupant à peu près la même surface
et d'un modeié analogue, l'effet en bloc, à distance,
n'eût pas sensiblement différé. Le motif est tiré
de la flore, mais le rôle de son rapport à la nature
est nul; c'est son rapport à l'objet qui est tout.
Il va sans dire que ces raisonnements ne s'ap-
pliquent pas à toutes les classes d'objets avec la
même rigueur. Je ne m'inscris pas systématique-
ment contre le principe, très bien défini dernière-
ment par un écrivain, M. G. Soulier, que je tiens
en la plus haute estime quoique ne partageant pas
entièrement ses idées « du décor franchement
«inspiré de l'observation de la plante et discipliné
« juste au point voulu pour garder l'accent de la
« nature florale, tout en fournissant unbonrevête-
« ment ornemental w. Ici, tout est question de
circonstances, de mesure, d'intuition des conve-
nances de chaque cas. Plus le rôle utilitaire de
l'objet est précis, plus les droits du décor, et sur-
tout ceux de la fleur dans le décor se rétrécissent.
Un bijou, un bibelot d'étagère admettent toutes
les fantaisies imaginables; un bol à barbe veut
tout au plus une moulure. Entre ces extrêmes, il
y a tous les degrés; un esprit délicat doit les dé-
terminer. Mais dans le plus grand nombre des
cas, l'image de la fleur est sans valeur par elle-
même; la flore n'est qu'une ressource — la meilleure
— pour concourir à un but nettement déterminé.
Cet article a l'air d'une leçon d'esthétique.
J'en suis navré: nul ne se sent moins de goût
pour le métier de magister. Si je l'écris, c'est
qu'il y a des moments où c'est le devoir de
chacun de dire ce qu'il croit être la vérité. La pré-
pondérance artistique de la France est menacée
par l'Allemagne. Les hommes les mieux placés
pour mesurer le danger le jugent grave. M. La-
busquière, dont le Conseil municipal a voté le plan
de réorganisation de l'enseignement du dessin
dans les écoles de Paris, m'a fait, à la suite de
mon précédent article, l'honneur de m'écrire que
c'est en présence de l'urgence de ne pas nous lais-
ser distancer sur le terrain de l'art industriel qu'il
a conçu ce plan. J'applaudis aux excellentes
mesures dont M. Labusquière a pris l'heureuse
initiative. Mais j'ajoute que ce qui rend sur-
tout nos voisins redoutables, ce n'est pas l'habileté
en quelque sorte manuelle au dessin, mais la com-
préhension — la compréhension comme la veut
notre époque — des fins, des voies et des moyens
de l'art. C'est avec cette compréhension, non avec
l'habileté de ses artistes, c'est avec la discussion
sérieuse des principes, c'est en faisant une fois
pour toutes table nette des phrases creuses et des
axiomes que personne ne s'est jamais avisé de
passer au creuset de l'examen et qui tombent en
poussière sitôt qu'on les y jette, c'est en un mot

avec le raisonnement que l'Allemagne crée à cette
heure un art; un art auquel manque, auquel man-
quera toujours la séduction et le pouvoir de plaire
aux autres races,mais qu'elle imposera quand même
au monde si nous n'y prenons garde,parce que c'est
sur la vérité qu'il repose. Voilà le champ du combat.
G.-M. JACQUES.

CHRONIQUE
—- xposiTiOKS DU Mois DERNIER. Aux approches
U du jour de l'An, /<n a brillamment inau-
guré la série de ses expositions. Les
réunies par les soins de M. Karl Boès dans
le petit salon de la rue Bonaparte, prouvaient
l'esprit avisé, le goût très sûr du nouveau direc-
teur. C'étaient tous les objets qui peuvent décorer
la demeure, embellir les fractions de l'existence
quotidienne, parer la maîtresse du logis; c'étaient
les verres merveilleux de Gallé et ses meubles à
la grâce savante, les grès de Bourdelle et de
James Vibert, les plats en cloisonné de Clément
Heaton, les vitraux de Laumonnerie, les cuirs ci-
selés, teints, dorés de MM. Benedictus et Eugène
Belville, de M"° Massy et de M"" A. Vallgren, les
émaux translucides de M. Hirtz, les bagues de
Léon Bocquet, les bas-reliefs, les coupes, les
menus bibelots de M. Armand Point, affirmant
l'amour de ce maître pour les riches matières,
pour les nobles et subtiles pratiques chères aux
orfèvres du moyen âge. Puis, auprès de ces
oeuvres présentant quelque caractère usuel, des
oeuvres justifiées par la seule raison d'art : des
lithographies de Léandre, de spirituels croquis
d'Henry Detouche, un dessin et un buste de
Rodin, des bronzes, des marbres, des plâtres
patinés de M"" Claudel, de Vallgren et de Fix-
Masseau, enfin ces terres cuites où M.Dejean s'ef-
force à traduire la fine élégance des mondaines,
leurs gestes souples, le mouvement et le « flou
de leur toilette bouffante. — Donc, un ensemble
charmant et qui nous montre «la Plume )) toujours
soucieuse d'intéresser un public connaisseur.
A. T.

T 'EXPOSITION DES FEMMES ARTISTES révèle Un
effort très sérieux chez un nombre respec-
table de ses participantes. L'abandon presque
complet des scènes de genre pour le paysage et
le portrait suffirait à révéler chez elles une vue de
l'art plus haute que jadis.
Dans le paysage, une mention toute particulière
est due à M"" Florence Esté, dont le mode de sim-
plification, aussi bien dans la couleur que dans les
masses et les lignes, est tout à fait remarquable
chez une femme. La place de M"" Esté est
marquée dans la peinture décorative; des œuvres
murales dans la manière de ses toiles et pastels
exposés, mais de plus grandes dimensions,seraient
d'un effet certain.

223
 
Annotationen