DOI issue:
No. 31 (Avril 1901)
DOI article:Gerdeil, O.: Meubles nouveaux
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0054
AVRIL 1901
(( l'industriabilité )) dont ii vient d'étre parié;
nonqu'iisaient été composés dans cette vue;
mais iis ont ëté choisis par nous comme s'y
prêtant. Ce sont d'aiileurs des petits meubles,
des meubies de fantaisie; c'est-à-dire d'une
ciasse oü l'on peut se permettre avec ia logique
certains jeux qui ne seraient pas admissibies
dans les grands.
Ii est certain, par exemple, qu'arquer les
pieds d'une tabie, comme i'a fait M. Landry pour
ceux de ia tabie représentée, c'est juste-
ment le contraire de ce que ia iogique veut à
tous ies points de vue. Ceia serait intolérabie
s'ii s'agissait d'une grande tabie de travaii; mais
ia rigueur perd ses droits au miiieu du froufrou
des dames s'agitant dans ie saion où ce petit
meuble sera trôlé par la soie des jupes : le
goût et ie bon ton sauvegardent le fond absent.
Le miiieu fait l'espèce. Donc, ici M. Landry a
eu raison d'avoir tort. D'aiiieurs ia forme est
bien venue, agréable, point prétentieuse. Que
demander de pius, s'ii ne s'agit pas de tomber
dans l' ((objet d'art ))?
On observera que dans les meubles compris
A. LANDRY (MODÈLE DE LA MAISON MODERNE)
A. LANDRY (MODÈLE DE LA MAISON MODERNE)
de 1a sorte, la mouiuration joue un rôle capital.
Je ne parie pas, bien entendu, de cette espèce
de travaii de repasseuse piissant des chemi-
settes, délices de i'ébénisterie bourgeoise de
jadis; nous n'en sommes pius ià, Dieu merci.
Mais i'accentuation des profiis par ia nervure
ou le creux qui ies suit, nervure ou creux accen-
tués à leur tour par les accidents voulus de ieur
propre prohi, est, en même temps que ia res-
source décorative suprême dans le travail du
bois, une force d'expression à laqueiie ie parti-
pris de retour à ia barbarie de certains nova-
teurs n'a rien enievê. Les Grecs avaient sur ces
choses des connaissances profondes, ou plutôt
une extraordinaire acuité de vision; ii serait bien
que nous nous s'efforcions à ies égaier en
ceia. Ce serait ia vraie manière de refaire ie
Parthénon.
L'observation prend plus de poids si i'on
considère ia tabie de toiiette de M. Landry. La
forme est joiie; peut-être un peu de raideur
dans les pieds tout à fait rectiiignes, raideur
adroitement tempërée d'aiiieurs par l'incur-
vation des arcs-boutants; mais la partie
supérieure est tout à fait gracieuse. Le point
faible est la mouiuration, dont le prohi suit ies
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(( l'industriabilité )) dont ii vient d'étre parié;
nonqu'iisaient été composés dans cette vue;
mais iis ont ëté choisis par nous comme s'y
prêtant. Ce sont d'aiileurs des petits meubles,
des meubies de fantaisie; c'est-à-dire d'une
ciasse oü l'on peut se permettre avec ia logique
certains jeux qui ne seraient pas admissibies
dans les grands.
Ii est certain, par exemple, qu'arquer les
pieds d'une tabie, comme i'a fait M. Landry pour
ceux de ia tabie représentée, c'est juste-
ment le contraire de ce que ia iogique veut à
tous ies points de vue. Ceia serait intolérabie
s'ii s'agissait d'une grande tabie de travaii; mais
ia rigueur perd ses droits au miiieu du froufrou
des dames s'agitant dans ie saion où ce petit
meuble sera trôlé par la soie des jupes : le
goût et ie bon ton sauvegardent le fond absent.
Le miiieu fait l'espèce. Donc, ici M. Landry a
eu raison d'avoir tort. D'aiiieurs ia forme est
bien venue, agréable, point prétentieuse. Que
demander de pius, s'ii ne s'agit pas de tomber
dans l' ((objet d'art ))?
On observera que dans les meubles compris
A. LANDRY (MODÈLE DE LA MAISON MODERNE)
A. LANDRY (MODÈLE DE LA MAISON MODERNE)
de 1a sorte, la mouiuration joue un rôle capital.
Je ne parie pas, bien entendu, de cette espèce
de travaii de repasseuse piissant des chemi-
settes, délices de i'ébénisterie bourgeoise de
jadis; nous n'en sommes pius ià, Dieu merci.
Mais i'accentuation des profiis par ia nervure
ou le creux qui ies suit, nervure ou creux accen-
tués à leur tour par les accidents voulus de ieur
propre prohi, est, en même temps que ia res-
source décorative suprême dans le travail du
bois, une force d'expression à laqueiie ie parti-
pris de retour à ia barbarie de certains nova-
teurs n'a rien enievê. Les Grecs avaient sur ces
choses des connaissances profondes, ou plutôt
une extraordinaire acuité de vision; ii serait bien
que nous nous s'efforcions à ies égaier en
ceia. Ce serait ia vraie manière de refaire ie
Parthénon.
L'observation prend plus de poids si i'on
considère ia tabie de toiiette de M. Landry. La
forme est joiie; peut-être un peu de raideur
dans les pieds tout à fait rectiiignes, raideur
adroitement tempërée d'aiiieurs par l'incur-
vation des arcs-boutants; mais la partie
supérieure est tout à fait gracieuse. Le point
faible est la mouiuration, dont le prohi suit ies
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