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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,2.1901

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No. 31 (Avril 1901)
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0057

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L'ART DÉCORATIF

aujourd'hui chez GeorgesPetitetdontl'exposition
est un événement mondain, un coioriste adi oit et
brihant qui parcourut 1a Bretagne, et surtout l'A-
frique sur Ies tracesd'Henri Regnault, M. Georges
Clairin, ne nous donne pas cette impression II ne
goûte pas 1a nature pour elle-même, mais comme
un décor où placer des personnages de drame et
des divinités de féerie. 11 ignore les partis-pris
puissants, les audacieuses synthèses, qui, dans un
site, dégagent les masses essentielles, créent une
atmosphère, apportent Tunité et l'harmonie. D'une
touche maigre, nette et chatoyante, il décrit les
récifs et les phares, 1e désert, les temples, les
statues colossales des Rhamsès, il détaille les cos-
tumes des Aouleds-Nayles, leurs bijoux, leurs ori-
peaux, mais ii n'entr'ouvre pas l'âme énigmatique
de 1a femme musulmane, ne nous dit ni 1e rêve, ni
1e mystère, ni 1a grandeur funèbre de l'Antique
Égypte. Ses marines ont, comme celles de Stevens,
l'éclat des satins et des moires; son Orient n'est
qu'un Orient de théâtre; ses fantaisies, bacchantes,
« cigales " et sirènes hgurèrent dans maints ballets.
Une aquarelle de M. Georges Clairin représente,
au pied d'un rocher, lavés et déchiquetés par la
vague, des ballons de papier, des éventails, des
carcasses de feu d'artihce. Dédié à Sarah
Bernhardt, cela s'appelle <' Lendemain de fête
en Bretagne o. J'y trouve une juste image d'un
art scintillant, ingénieux, factice, inspiré des ro-
mans d'Octave Feuillet, des modes sentimentales
du Second Empire et des spectacles de l'Opéra.
Les jeunes maît! es de /<? Sor///^ Æoz^g//^, Cottet,
Dauchez et Simon, ne voient pas ainsi la Bre-
tagne. La deuxième exposition de leur groupe.
dans le Salon de 1a rue de Sèze, moins complète
que la première, privée des admirable? bronzes
de Constantin Meunier, des sculptures d'Alexandre
Charpentier et de Camille Lefèvre, offre encore
aux visiteurs de très précieuses jouissances. Voilà
justement les marines de Charles Cottet, superbe-
ment synthétisées, « Soleil pâle ", « Soleil jaune t),
«Soleilrouge-) et ces «Feuxdela Saint-Jeano,
fragment de la série « au Pays de la Mer o, chef-
d'œuvre de réalisme, de grave poésie, de couleur
riche et sombre; les paysages d'André Dauchez
au pittoresque si profondément cpensé'); les
scènes de Lucien Simon qui souligne avec son
ordinaire vigueur l'âpreté d'une race de granit.
Voilàd'autrepartle«Matinrose')deVail, les
justes notations de Griveau, les neiges délicates
de Claus et de Duhem, « la Barrière verte " de
Thanlow, de valeur vraiment exquise sur 1a blan-
cheur de toutes choses, les crépuscules d'Henri
Martin, les fenêtres pensives et les parcs nostal-
giques de Le Sidaner, puis de René Ménard ce
« Soir d'orage ", très impressionnant, très beau de
composition et d'eflet, atteignant au style des
meilleurs maîtres. Maintenant Ies curieux d'intimité
goûtent les intérieurs de Walter Gay où flotte tant
de rêve, où tant de vie demeure latente, et ceux de

René Prinet qu'animent des formes si familières
et si douces. Les fan aisistess'attardent aux toiles
de Gaston La Touche, — visions antiques, visions
tuodernes, souvenirs de fêtes galantes, reflets
d'eaux, de miroirs, de lambiis dorés, splendeur
frissonnante de 1a iumière, — aux figures d'Aman-
Jean dont 1a grâce souple et lointaine exerce une
telle séduction. Parmi ces dernières je veux citer
« Carnaval " pour 1e mouvement libre et galant,
« Repos " pour le charme abandonné et « Sous les
Orangers" pour l'agencement décoratif.
Pour compléter cette revue rapide des exposi-
tions du mois, ii eût fallu pai ler de l'Exposition
des « Femmes peintres et sculpteurs de celie
des « Employés du P -L.-M. ", et du deuxième Salon
du « Cercle Wolney où se trouvent de très ai-
mables pastels de Le Goût-Gérard, Iwill et Ro-
dolphe Piguet. Mais les limites de 1a place dont
je dispose sont déjà dépassées. A. T.

T Es ESTAMPEs DÉcoRATivES des Palais Cen-
tennaux, publiées par les imprimeries Chaix
et de Malherhe, réunissent en une suite de
dix compositions les noms de nos ptus importants
créateurs d'estampes muraies, et résument admi-
rablement l'apport de l'afhche dans l'art de notre
époque.
Voici Chéret avec sa gaieté briiiante, sa grâce
de Watteau contemporain, amoureux des élé-
gances et des féminités. Quoi de plus délicat que
sa D%7//<.///^ en bleu pâle ! Quoi de pius éclatant
que la en robe jaune ! Le rire et 1e
sourire! La joie et la suavité!
Lèandre s'est surpassé dans deux chefs-d'œuvre
en noir et blanc qui ont trait aux <7ë
Ici, c'est l'idylle fleurie dans 1a 7)//?-
l'exquise description, amoureusement dé-
taillée, d'un couple sentimental. Ld, c'est 1e poème
tragique et fatal du chemin de fer qu'un geste de
Ia^<?r^-/)<?7*7*/N^ peut précipiter à la catastrophe.
Grasset se montre comme toujours un styliste
savant pour lequel 1a synthèse des Hgnes et les
oppositions de tons n'ont plus de mystère. Ses
deux estampes du 7%/^77767?/^777/77/77 sont deux très
séduisantes hgures qui concertent dans i'exaspé-
ration de 1a couleur une symphoniebien moderne.
Avec Eugène Carrière, nous abordons un art
très spécial, un art sociai aussi. Son A//77^777* et
son 777^/<?//M7^/s/g semblent sortir de la
nuit pour hurler 1e dur travail et 1a pénible vie
ouvrière.
Le moins heureux des cinq artistes auxquels
fut confiée l'exécution de ces estampes est M.
Willette, auquel on doit cependant quelques
afhches d'un si tendre sentiment. It faut bien dire
que cette fuis il a été mal servi par 1a couleur et
que si son dessin est comme toujours plein de
trouvailles dans ces deux allégories des -S^7777?//Ao?
et des TT77<;/<?77g^, 1a coloration hachée et maia-
droite en détruit ptesque tout ie ci^arme.

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