DOI Heft:
No. 32 (Mai 1901)
DOI Artikel:Thomas, Albert: Trois femmes artistes
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0091
L'AKT DKCORATIF
PIERRE SELMERSHEIM (BRONZE DORÉ*)
prendre les beautés lesplus diverses, proclament
1a souplesse de son esprit.
Cet esprit agile et pénétrant est aussi fort
téméraire; lui quitraduitsibienlesâmes instinc-
tives, les àmes simples et puériles, les petites
âmes de la légende et de 1a vie, il rêve d'expri-
mer ies psychologies les plus riches, les plus
hautes cérébralités. Avec une singulière vail-
lance, de Frumerie a déjà façonné le buste
de son compatriote Strindberg, romancier, dra-
maturge, chimiste et mage. Sur 1e masque
de Técrivain dh( Inferno )) elle a épié patiemment
les rellets d'une inteHigence ardente, d'une
pensée hautaine angoissée par les hantises de
l'occulte. EHe entreprend aujourd'hui 1e buste
d'un autre homme extraordinaire, enthousiasmée
à la lecture de Nietzsche, elle a fait le vœu de
reconstituer, d'après certains documents peu
hdèles, l'image du philosopne aHemand. Cela
prouve certes une belle ferveur. Mais M'^ de
Frumerie risque de s'user à de pareils travaux.
Qu'elle ne renonce pas aux petites choses.
Statuettes, vases, coupes et bois à punch, sortis
de ses mains nerveuses et délicates, exécutés en
céramique par Lachenal ou Dalpeyrat, mettront
dans nos appartements modernes leur note
décorative et leur exotique parfum.
Les dessins de M'^ R Davids, pour être
l'œuvre d'une Française, n'en sont pas moins
très personnels. Ces études et ces portraits à 1a
mine de plomb semblentaupremierabordseule-
ment aimables et soignés, mais ils séduisent bien-
tôt par leur profonde sincérité. Lorsque 1e
dessin tombe en discrédit, que les meilleurs
artistes se contentent d'((indicationsD plutôt som-
maires, il est intéressant de trouver chez une
jeune femme une telle application, de tels scru-
pules, un sentiment si complet de ce que Jean-
Dominique Ingres appelait 1a probité de l'art.
M^ Davids n'esquive aucune difhculté, ne con-
sent à aucun escamotage, elle explique toutes
les physionomies, tous les gestes avec une ab-
solue bonne foi. EHe ne trace point de portraits
d'apparat, mais de petites images familières.
EHe ne contraint pas son modèle à une pose
plus ou moins gourmée; mais elle tourne autour
de lui, l'interroge sousdesangles divers jusqu'à
PiERRE SELMERSHEIM (BRONZE DORÉ)
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PIERRE SELMERSHEIM (BRONZE DORÉ*)
prendre les beautés lesplus diverses, proclament
1a souplesse de son esprit.
Cet esprit agile et pénétrant est aussi fort
téméraire; lui quitraduitsibienlesâmes instinc-
tives, les àmes simples et puériles, les petites
âmes de la légende et de 1a vie, il rêve d'expri-
mer ies psychologies les plus riches, les plus
hautes cérébralités. Avec une singulière vail-
lance, de Frumerie a déjà façonné le buste
de son compatriote Strindberg, romancier, dra-
maturge, chimiste et mage. Sur 1e masque
de Técrivain dh( Inferno )) elle a épié patiemment
les rellets d'une inteHigence ardente, d'une
pensée hautaine angoissée par les hantises de
l'occulte. EHe entreprend aujourd'hui 1e buste
d'un autre homme extraordinaire, enthousiasmée
à la lecture de Nietzsche, elle a fait le vœu de
reconstituer, d'après certains documents peu
hdèles, l'image du philosopne aHemand. Cela
prouve certes une belle ferveur. Mais M'^ de
Frumerie risque de s'user à de pareils travaux.
Qu'elle ne renonce pas aux petites choses.
Statuettes, vases, coupes et bois à punch, sortis
de ses mains nerveuses et délicates, exécutés en
céramique par Lachenal ou Dalpeyrat, mettront
dans nos appartements modernes leur note
décorative et leur exotique parfum.
Les dessins de M'^ R Davids, pour être
l'œuvre d'une Française, n'en sont pas moins
très personnels. Ces études et ces portraits à 1a
mine de plomb semblentaupremierabordseule-
ment aimables et soignés, mais ils séduisent bien-
tôt par leur profonde sincérité. Lorsque 1e
dessin tombe en discrédit, que les meilleurs
artistes se contentent d'((indicationsD plutôt som-
maires, il est intéressant de trouver chez une
jeune femme une telle application, de tels scru-
pules, un sentiment si complet de ce que Jean-
Dominique Ingres appelait 1a probité de l'art.
M^ Davids n'esquive aucune difhculté, ne con-
sent à aucun escamotage, elle explique toutes
les physionomies, tous les gestes avec une ab-
solue bonne foi. EHe ne trace point de portraits
d'apparat, mais de petites images familières.
EHe ne contraint pas son modèle à une pose
plus ou moins gourmée; mais elle tourne autour
de lui, l'interroge sousdesangles divers jusqu'à
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