L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,2.1901)

L'ART DÉCORATIF

saillies, la sécheresse des contours et relier par
1a même enveloppe le fond et 1e sujet. Et voilà
ce qui fait défaut à fœuvre de M. Gaudissard.
Ce bas-relief manque d'unité parce que le fond
ne sert pas de trait d'union entre les figures et
ne crée pas autour d'elles une ambiance mou-
vementée. Quoi qu'il en soit Z,% /a
et également de M. Gau-
dissard, honorent ieur auteur par leur sincère
tendance vers un art de décoration sans artihces
et de louable sobriété.
YvANHOÉ RAMBOSSON.
LA VITRLNE DE G. DE FEURE
x ^oici un nom qui réapparaît dans nos co-
V lonnes à d'assez courts intervalles. Nous
n'avons pas à nous en excuser près de nos lec-
teurs. Notre devoir consiste à les tenir au cou-
rant de toutes les manifestations nouvelles de
l'art appliqué et ce n'est pas notre faute, après
tout, si l'étonnante activité, si 1a fertilité incon-
cevable d'un artiste le mettent à même de pré-
senter constamment des œuvres inédites, d'at-


G. DE FEURE DÊTAIL DE LA VITRINE

tirer i'attention sur des procédés nouveaux et
cependant toujours consciencieusement étudiés,
toujours explorés à Ijnd aussi bien dans leur
technique industrielie que dans les elfets d'art
qu'ils permettent de réaliser.
Certes, quand les critiques et les amateurs
avisés commencèrent à hxer leur attention sur
1e peintre, ii n'y en eut guère pour espérer que
jamais un pareil tempérament parvint à conquérir
la foule. La compiication mystérieuse et perverse
de son art semblait devoir à jamais isoler dans
l'île magique de ses rêves ce poète maudit dont
le regard implacable et fouiheur découvre le
vice rampant au sourire équivoque des vierges.
Mais c'est avec précision que notre
peintre savait matérialiser ses visions. Chaque
hgure, bien à son plan, est nette, de contours
parfaitement déterminés par une cernure qui
souligne encore l'expression fugace saisie et
hxée par l'artiste sur ces visages aux traits
arrètés.
Et c'est bien par ce souci de l'exact et du
concret que s'explique et se justihe l'incursion
de ce rêveur dans 1e domaine de l'art appliqué
— tout de logique, de raison, de bon sens — et
1a complète réussite qu'y ont obtenue ses efforts,
si l'on peut employer un tel mot, car ce travail-
leur infatigable, cet opiniâtre producteur ne
semble jamais s'efforcer.
Tous ces agréables objets si bien adaptés
à i'emploi que nous en voulons faire, on com-
prend ainsi qu'ils ne pouvaient être enfantés
que par celui qui tient en bride une si ardente
imagination au moyen d'une technique si rigou-
reuse et si précise.
De Feure est trop tourmenté par 1e dësir
du nouveau pour ne pas donner carrière à ses
exceptionnelles facultés d'invention dans toutes
les voies qui peuvent s'offrir à elles. Pour Iui,
pas d'arts mineurs; tous l'arrêtent et 1e séduisent
au même titre et il ne conçoit pas de mission
plus digne de séduire un artiste que celle de
ravir à son terre-à-terre, d'ëlever notre vie de
chaque jour par l'embeliissement de ses acces-
soires nécessaires et de ses superhuités, par 1a
fréquentation continue, le maniement constant
et, fût-il inconscient, l'habituel examen des
choses belles.
Sa production est extraordinaire. C'est un
ravissement que de 1e voir, calme, causeur, l'es-
prit toujours présent, sauter d'une œuvre à
une œuvre, quitter 1e panneau décoratif pour
l'aquarelie, l'aquarelle pour 1e vitrail, celui-ci
pour le meuble ou 1a tapisserie. Car l'artiste

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