DOI Heft:
No.34 (Juillet 1901)
DOI Artikel:Sedeyn, Émile: Les cuirs d'art
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0200
grand bnvard (acquis par ie Musée des Arts
décoratifs), des porte-monnaie et des porte-
cartes qu'on a vus reproduits dans le numéro
de mai de Ici, toute l'originaiité
tient dans i'éiégance, une éiégance déiicate et
de bon ton, où rien n'est banal et où rien n'est
excessif.
Au mêmeSalon (ceiuides ArtistesFrançais),
M. Saint-André expose différents objets d'un
repoussé vigoureux et d'une exécution très brii-
iante, parmi lesquels un beau cadre aux riches
patines et un grand coussin, — application peut-
être imprévue du cuir d'art. L'influence de cet
artiste sur i'évolution actuelle doit être men-
tionnée. M. Saint-André a formé de nombreux
élèves, dont quelques-uns sont devenus à leur
tour des maîtres.
M. Décorchemont, avec des liseuses char-
rnantes en cuir repoussé et teint, M"^ Martin
Sabon, avec une boîte à jeux et des reliures spi-
rituellement décorées, M°^ Foley-Risler, avec
des cuirs ciselés, repoussés, patinés et peints,
qui indiquent une recherche originale dans les
formes, une facture habile, très variée, et une
parfaite entente de !a décoration, MM. Ch.
Pourriol et Flenri Rapin : autant d'artistes aux
personnalités très afhrmées, en possession par-
faite de 1a technique du cuir, qu'ils savent as-
souplir aux interprétations les plus diverses et
les plus intëressantes.
Mais voici une œuvre d'art qui attire et re-
tient par son exécution sobrement magnihque :
c'est 1e beau paravent de M^s Emnra Fanty-
Lescure. Les patines sont originales, délicates
et chaudes, 1e décor exquisement repoussé et
teint, l'ensemble, du goût 1e plus sûr et 1e plus
distingué.
Les belles reliures de MM. Dubouchet et
Lecat-Cartier sont d'une perfection technique
difhcilement surpassable. II faut encore citer,
aux Artistes Français, les œuvres de M"*e Oscar
André (un joli coffret), de M'*e Desauty (reliures),
de M'^e P. Gillot (deux médaillons et une curieuse
reliure), de MM. Lucien Rudaux et Ch. Godin,
deM"? Ysel, dont 1a ceinture aux hannetons (cuir
repoussé) est d'une amusante originalité.
A citer enhn : 1e grand paravent de M. L.
Cauvy et le charmant panneau (pavots et char-
dons) de M^s Aiice Blaise.
A la Sociétë Nationale, les œuvres sont
moins nombreuses, mais l'ensemble est plus sa-
tisfaisant encore. La vitrine de M. Clément Mère
mériterait beaucoup mieux que les deux ou trois
lignes dont je dispose ici. Elle renferme une sé-
rie de feuilles non montées; 1a matière est ie
veau naturel, pour reliures, patiné et repoussé.
Des silhouettes de HoIIandaises et de Bretonnes,
des prohls purs de baigneuses se détachent avec
douceur de ces panneaux aux gris profonds et
aux verts inattendus, imprécis, délicieux et inal-
térables. C'est d'un art simple, lumineux et ro-
buste, appelé à de beaux lendemains.
Les reliures de M. Eugène Belville aussi
séduisent par une facture souple et robuste,
dont ia maîtrise varie ses effets verveusement
et sans pédanterie, sans ombre de
J'ai admiré tout particulièrement, dans
cette vitrine, un très remarquable panneau en
cuir repoussé pour une armoire.
11 y a de 1a littérature dans les cuirs de
M. Prouvë — une httérature/<?73.s<%? quienaccen-
tue et en personnalise le charme. Dans quel-
ques-uns de ses travaux (notamment la reliure
des h P^7Y's, de M. Uzanne, et la boîte à
mouchoirs), l'artiste a obtenu des effets décora-
tifs curieux par Pemploi de plumes de martin-
pêcheur, incrustëes dans 1e cuir et laquées.
Les couleurs brillantes de la nature font là un
effet de joaillerie qui égaye discrètement la
matité du cuir; et 1a reconstitution de cet art
emprunté aux Chinois est une recherche digne
du délicat artiste qu'est M. Prouvé.
II y a aussi beaucoup d'originalité dans les
œuvres de M'^ Rouzaud, originalité qui se ma-
nifeste à la fois dans les formes et dans les cou-
leurs, avec une légère tendance au fantastique
Plusieurs ceintures, des colliers et un buvard
de forme inattendue sont à citer.
II me reste peu de place pour noter les
curieuses patines de M'^s Vallgren, ie beau coffre
à dentelles de M"""' du Locle (déjà vu à l'Expo-
sition Universelle), les reliures charmantes, et
si féminines! de M"""=Faure-Dujarric, celles de
M"e Hérisson, les porte-cartes de M"s C. Com-
bette, 1a vitrine admirable, encore ciassique et
déjà moderne pourtant, de M. Marius Michel, les
beiles et intelligentes applications du cuir au
meuble de M'^R Sergent, et, enhn, les buvards
de M""s Thaulow, au sujet desquels il faut en-
core une fois écrire le mot : admirables.
On annonce, pour novembre prochain, une
exposition spéciale de l'Art du cuir, où se re-
trouveront sans doute, avec leurs personnalités
rnieux afhrmées encore, 1a plupart des artistes
dont je viens de citer les noms. Si les œuvres
nouvelles réalisent les promesses d'aujourd'hui,
l'occasion sera bonne pour rendre une plus
complète justice aux auteurs. EM. SEDEY^.
décoratifs), des porte-monnaie et des porte-
cartes qu'on a vus reproduits dans le numéro
de mai de Ici, toute l'originaiité
tient dans i'éiégance, une éiégance déiicate et
de bon ton, où rien n'est banal et où rien n'est
excessif.
Au mêmeSalon (ceiuides ArtistesFrançais),
M. Saint-André expose différents objets d'un
repoussé vigoureux et d'une exécution très brii-
iante, parmi lesquels un beau cadre aux riches
patines et un grand coussin, — application peut-
être imprévue du cuir d'art. L'influence de cet
artiste sur i'évolution actuelle doit être men-
tionnée. M. Saint-André a formé de nombreux
élèves, dont quelques-uns sont devenus à leur
tour des maîtres.
M. Décorchemont, avec des liseuses char-
rnantes en cuir repoussé et teint, M"^ Martin
Sabon, avec une boîte à jeux et des reliures spi-
rituellement décorées, M°^ Foley-Risler, avec
des cuirs ciselés, repoussés, patinés et peints,
qui indiquent une recherche originale dans les
formes, une facture habile, très variée, et une
parfaite entente de !a décoration, MM. Ch.
Pourriol et Flenri Rapin : autant d'artistes aux
personnalités très afhrmées, en possession par-
faite de 1a technique du cuir, qu'ils savent as-
souplir aux interprétations les plus diverses et
les plus intëressantes.
Mais voici une œuvre d'art qui attire et re-
tient par son exécution sobrement magnihque :
c'est 1e beau paravent de M^s Emnra Fanty-
Lescure. Les patines sont originales, délicates
et chaudes, 1e décor exquisement repoussé et
teint, l'ensemble, du goût 1e plus sûr et 1e plus
distingué.
Les belles reliures de MM. Dubouchet et
Lecat-Cartier sont d'une perfection technique
difhcilement surpassable. II faut encore citer,
aux Artistes Français, les œuvres de M"*e Oscar
André (un joli coffret), de M'*e Desauty (reliures),
de M'^e P. Gillot (deux médaillons et une curieuse
reliure), de MM. Lucien Rudaux et Ch. Godin,
deM"? Ysel, dont 1a ceinture aux hannetons (cuir
repoussé) est d'une amusante originalité.
A citer enhn : 1e grand paravent de M. L.
Cauvy et le charmant panneau (pavots et char-
dons) de M^s Aiice Blaise.
A la Sociétë Nationale, les œuvres sont
moins nombreuses, mais l'ensemble est plus sa-
tisfaisant encore. La vitrine de M. Clément Mère
mériterait beaucoup mieux que les deux ou trois
lignes dont je dispose ici. Elle renferme une sé-
rie de feuilles non montées; 1a matière est ie
veau naturel, pour reliures, patiné et repoussé.
Des silhouettes de HoIIandaises et de Bretonnes,
des prohls purs de baigneuses se détachent avec
douceur de ces panneaux aux gris profonds et
aux verts inattendus, imprécis, délicieux et inal-
térables. C'est d'un art simple, lumineux et ro-
buste, appelé à de beaux lendemains.
Les reliures de M. Eugène Belville aussi
séduisent par une facture souple et robuste,
dont ia maîtrise varie ses effets verveusement
et sans pédanterie, sans ombre de
J'ai admiré tout particulièrement, dans
cette vitrine, un très remarquable panneau en
cuir repoussé pour une armoire.
11 y a de 1a littérature dans les cuirs de
M. Prouvë — une httérature/<?73.s<%? quienaccen-
tue et en personnalise le charme. Dans quel-
ques-uns de ses travaux (notamment la reliure
des h P^7Y's, de M. Uzanne, et la boîte à
mouchoirs), l'artiste a obtenu des effets décora-
tifs curieux par Pemploi de plumes de martin-
pêcheur, incrustëes dans 1e cuir et laquées.
Les couleurs brillantes de la nature font là un
effet de joaillerie qui égaye discrètement la
matité du cuir; et 1a reconstitution de cet art
emprunté aux Chinois est une recherche digne
du délicat artiste qu'est M. Prouvé.
II y a aussi beaucoup d'originalité dans les
œuvres de M'^ Rouzaud, originalité qui se ma-
nifeste à la fois dans les formes et dans les cou-
leurs, avec une légère tendance au fantastique
Plusieurs ceintures, des colliers et un buvard
de forme inattendue sont à citer.
II me reste peu de place pour noter les
curieuses patines de M'^s Vallgren, ie beau coffre
à dentelles de M"""' du Locle (déjà vu à l'Expo-
sition Universelle), les reliures charmantes, et
si féminines! de M"""=Faure-Dujarric, celles de
M"e Hérisson, les porte-cartes de M"s C. Com-
bette, 1a vitrine admirable, encore ciassique et
déjà moderne pourtant, de M. Marius Michel, les
beiles et intelligentes applications du cuir au
meuble de M'^R Sergent, et, enhn, les buvards
de M""s Thaulow, au sujet desquels il faut en-
core une fois écrire le mot : admirables.
On annonce, pour novembre prochain, une
exposition spéciale de l'Art du cuir, où se re-
trouveront sans doute, avec leurs personnalités
rnieux afhrmées encore, 1a plupart des artistes
dont je viens de citer les noms. Si les œuvres
nouvelles réalisent les promesses d'aujourd'hui,
l'occasion sera bonne pour rendre une plus
complète justice aux auteurs. EM. SEDEY^.