L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,2.1901)

L'ART DECORATIF


se piquent aujourd'hui d'art appiiqué. Nos
décorateurs ne songent vraiment qu'à décorer,
et ieur décor se superpose à l'objet comme un
détail inexplicable ou bien se substitue à lui.
Nous avons des chandeliers, des baguiers, des
saiières qu'encombrent des feuihages parasites,
que peuplent de gênantes petites femmes. Nous
avons des saiières, des baguiers, des chan-
deliers qui sont des femmes et des feuihages
absolument. Certaines de ces choses constituent
de véritables rébus, ressemblent à ces images
où queique figure dissimuiée dans ie sujet
apparent déhe ia sagacité du chercheur : Où est
ie lièvre? Où est le gendarme? — Où est la
iampe? Où est i'encrier? — L'encrier, qui le
découvrirait dans cette pieuvre de M. Carabin

LOUJS BOUCHER

BUIRE (ÉTAIN)

LOUIS BOUCIIER

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beauté. Mais tous ies pétrisseurs de terre ne
montrent pas ce sens des proportions iogiques,
et, dans ies sections d'art décoratiij au Grand
Palais, auprès de vases sagement construits,
comme certains de M. Agathon Léonard ou de
M. de Vaitombreuse, combienparaissentiourds,
incompiets, maiadroitement compiiqués. Les
gouiots sont trop courts ou bien sans mesure,
ies anses tantôt lâches et tantôt étriquées, des
branchages, des grappes, des feuiiies et des
fieurs s'amassent sur ies fiancs, empâtent ia
forme, font disparaître l'architecture intime. Ces
œuvres procèdent de ia seuie fantaisie, rien n'y
révèie ie souci d'une adaptation à une destina-
tion queiconque, ia préoccupation de i'usuei.
La méconnaissance du caractère pratique,
c'est chose à peu près généraie chez ceux qui

LAMPE (ÉTAIN)