Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,2.1901

DOI issue:
No.35 (Août 1901)
DOI article:
Jacques, G. M.: Petits appartements
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0231

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'ART DECORATIF


H. DE WAROQ.UIER CARTON POUR BRODERIE DE SOIE

de ses formes, ne modifie pas i'impression
qu'eile doit faire naître conformément à sa
nature : autant de conséquences qui font du
décor pictural un contre-sens sur ies meubles.
Je viens maintenant à 1a question de quan-
tité. Sur ceile-ci, on remarquera d'abord que 1a
décoration picturale des murs agit d'autant
plus sûrement qu'elle est moins étendue. II faut

qu'elle constitue un point remarquable, qu'elle
« s'enlève )) sur un fond. Brosser des peintures
sur la surface qui limite notre horizon,
c'estfaireunesymphonie oùl'orchestre jouerait
fortissimo tout 1e temps. Une décoration n'est
une décoration qu'à condition de constituer une
exception dans 1e milieu. Le motif unifor-
mément répété sur toute l'étendue des murs
(cas des papiers peints et des étolfes de tenture
ordinaires) peut former un fond agréablement
accidentés'ilest discret, trèsdiscret; s'il prétend
s'imposer, il n'est qu'un insupportable coq-à-
l'âne. Celui qui trouve cela bien chez lui est
mal venu à se plaindre de la monotonie des
perspectives de nos rues aux immeubles iden-
tiques. Tout ce qui est uniforme, dans l'espace
comme dans 1e temps, nous irrite : 1e bon Fourier
l'afhrmait en plaçant au nombre des mobiles de
l'homme — sur lesquels il basait son projet d'è-
dihce social — celui qu'il appelait (( /o;
dans sa langue naïvement imaginée.
L'efhcacité de la décoration n'est pas affaire
de quantitë, mais de qualité. Qu'elle ait avec le
reste d'harmonieux rapports de couleur, de
valeur et d'ëchelle; que 1e sujet ensoittraité
par un artiste capable de lui donner un carac-
tère, au lieu de consister en un melimelo de
lieux communs impuissant à rien dire, et l'on
fera tenir dans nos 5o centimètres de tout à
l'heure une source d'intérêt mille fois plus
abondante que dans des kilomètres de place
mal employée.
Telles sont les raisons pour lesquelles on
ne peut, à mon avis, adhérer aux conclusions
de M. Benouville. C'est précisèment dans les
petits appartements d'un loyer modëré, tels que
ceux que M. Benouville a eus en vue, que les
meubles doivent conserver strictement le carac-
tère d'œuvre de menuiserie et que 1a dècoration
picturale doit se porter exclusivement surles
murs et n'y occuper qu'une place très modérée.
M. BenouviHe fait remarquer que l'insta-
bilité du locataire est un obstacleà des dëpenses
qui deviennent une perte sèche à chaque démé-
nagement. Cela est vrai, et c'est, malheureu-
sement, un des plus grands obstacles à l'élé-
vation du niveau du goüt dans l'arrangement
de nos demeures. Rien à faire à cela que d'at-
tendre. Le temps fera son œuvre. L'industrie
des papiers peints et celle des tissus de tenture
transformeront leur production courante en
même temps que l'esprit de saine critique, de
1a critique qui part du raisonnement et non de
l'èrudition, se développera dans 1a profession

200
 
Annotationen