SEPTEMBRE 1901
ment l'abstrait propre à tout être représenté,
l'abstrait inhérent à la vie intêrieure de tout vi-
sage, mais /hMr abstraih imposé à des groupes
d'êtres conçus pour en exprimer les divers élé-
ments. Carrière, par exemple, exprime le mys-
tère des enfants ou des femmes qu'ii contemple,
car toute créature en contient un, et il faitœuvre
de psychologue en le rendant visible à 1a sur-
face de 1a chair qu'il peint. Mais les artistes dont
je parle, tout en considérant Carrière comme
très supérieur en intellectualité aux réalistes qui
ne peignent que des mouvements, désirentfran-
chir un degré de plus: ce qu'ils veulent, c'est
exprimer leur propre psychologie, leur propre
mystère, à travers des personnages qui reçoivent
d'eux 1a vie et n'en ont point de personnelle-
ment préalable.
Dans 1a foule par exemple de
ARMAND POINT
de M. Georges Desvahières, nous
voyons les diverses pensées de l'auteur conte-
nues dans des corps, et non pas des crëatures
disposant de leur propre psychologie. II y a re-
composition des formes dans un seul cerveau.
Un tel art est moins émotionnel que l'évocation
directe d'un visage dont 1e peintre s'est borné à
restituer l'image en effaçantses propres pensées;
mais il est aussi plus noble, plus sévère, plus
idéologique, et d'une qualité psychique supé-
PORTRAIT
rieure. II nous ramène au rêve et à la fantaisie
du peintre avec rigueur, mais en même temps il
nous impose d'y pénétrer avec lui, et nous en-
trons forcément à sa suite dans 1e monde spiri-
tuel où il a vécu plusieurs mois, dans 1a pleine
compréhension de son esprit et de son âme.
Si cet esprit et cette âme sont grands, nous
sommes touchés d'une émotion bien supérieure
àl'émotion nerveuse et fugace du réalisme, nous
sommes augmentés moralement. S'il y a entre
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ment l'abstrait propre à tout être représenté,
l'abstrait inhérent à la vie intêrieure de tout vi-
sage, mais /hMr abstraih imposé à des groupes
d'êtres conçus pour en exprimer les divers élé-
ments. Carrière, par exemple, exprime le mys-
tère des enfants ou des femmes qu'ii contemple,
car toute créature en contient un, et il faitœuvre
de psychologue en le rendant visible à 1a sur-
face de 1a chair qu'il peint. Mais les artistes dont
je parle, tout en considérant Carrière comme
très supérieur en intellectualité aux réalistes qui
ne peignent que des mouvements, désirentfran-
chir un degré de plus: ce qu'ils veulent, c'est
exprimer leur propre psychologie, leur propre
mystère, à travers des personnages qui reçoivent
d'eux 1a vie et n'en ont point de personnelle-
ment préalable.
Dans 1a foule par exemple de
ARMAND POINT
de M. Georges Desvahières, nous
voyons les diverses pensées de l'auteur conte-
nues dans des corps, et non pas des crëatures
disposant de leur propre psychologie. II y a re-
composition des formes dans un seul cerveau.
Un tel art est moins émotionnel que l'évocation
directe d'un visage dont 1e peintre s'est borné à
restituer l'image en effaçantses propres pensées;
mais il est aussi plus noble, plus sévère, plus
idéologique, et d'une qualité psychique supé-
PORTRAIT
rieure. II nous ramène au rêve et à la fantaisie
du peintre avec rigueur, mais en même temps il
nous impose d'y pénétrer avec lui, et nous en-
trons forcément à sa suite dans 1e monde spiri-
tuel où il a vécu plusieurs mois, dans 1a pleine
compréhension de son esprit et de son âme.
Si cet esprit et cette âme sont grands, nous
sommes touchés d'une émotion bien supérieure
àl'émotion nerveuse et fugace du réalisme, nous
sommes augmentés moralement. S'il y a entre
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