L/ART DECORATiF
rares y sont les visions douces et pures. Cest,
au contraire, dans ies ciartés d'un mysticisme
pacidé; un peu émacié, mais toujours redétant
le ciel des sentiments sereins, que se meut ie
taient de M. Carios Schwabe, l'ihustrateur ex-
quis de l'auteur du des-
sin ahégorique de et de tant de belies
compositions ahiées au préraphaéiisme. Là
s'édihe une originaie architecture de traits, qui
est presque une écriture des formes et dont ies
combinaisons compiexes iaissent à i'esprit une
impression presque géométrique, tempérée par
ia grâce des hgures amaigries, ia riche variété
des gestes, ia tenue hautaine de cet art pour-
suivi avec une patiente voionté par un esprit
très ouvert à l'inteiiectualité reiigieuse. M. Carlos
Schwabe est le pius mëditatif des dessinateurs;
rien chez iui n'est spontané, mais tout est ie
produit d'une conception serrée, iente, métho-
dique, qui délimite étroitement chacun des sen-
timents qu'il souhaite faire naître. Ii y a en lui
de i'imagier, et c'est un artiste à qui 1a moder-
nité n'a presque rien apporté.
M. Valère Bernard est beaucoup pius
g
VALËRE BERNARD PRINCESSE DE LÈGENDE
peintre, au sens émotif et moderne du terme. Ii
a commencé par une série d'études provençaies,
très iumineuses, très vibrantes dans 1a technique
impressionniste, et certaines dénotent une na-
ture de réaiiste vigoureux, mais déjà très sen-
sibie aux subtiiités de !a iumière. Puis l'artiste
fut éiève de Chavannes et de Rops, et ces deux
inftuences furent en lui profondes. Ii puisa dans
i'exemple du gèniai décorateur 1e goût de la
simplihcation, de i'expression par la iigne pure
cernant des coiorations unies, rèduisant 1e per-
sonnage à une grande siihouette et à un mouve-
mentcaractéristique; et ii peignitqueiques toiies
comme ia qui fut remarquèe, et comme
la An;r^7^^/oA, commandëe par Mistral, qui en
orna la mairie de Maiilane, composition d'une
harmonie ravissante, d'un gracieux déroulement
de lignes, oü vit vraiment l'âme heureuse de la
Provence. Mais en même temps i'infiuence de
Rops conduisit M. Vaière Bernard à exprimer
par l'eau-forte des symboies, des idèes com-
plexes, des iantaisies sensuelles ou mystiques
auxquelles 1e sollicitait son goût pour l'occul-
tisme et les sciences théosophiques ; et on lui
doit une collection d'eaux-fortes d'une grande
allure cursive, où vit un monde dehgures excep-
tionnelles. II a peint aussi quelques efhgies de
lëgende, de bons portraits, assemblë de beaux
dessins. II est aussi un sculpteur intéressant, un
céramiste, un chercheur des effets de l'oxyda-
tion métallique sur d'autres métaux, un décora-
teur de façades par un procèdé analogue à celui
des .sg'7'q//I//Z. Enhn, c'est encore un romancier
et un poète, auteur de vers et de prose en pro-
vençal dëcrivant l'âme populaire de sa race, et
ces ouvrages sont considérés avec une haute
estime par les lettrès initiés à ce dialecte.
M. Valère Bernard est une personnalitè aussi
intéressante que modeste, et l'une des plus mar-
quées dans l'effort d'art idèaliste contemporain.
Très proche de lui par 1e goût de 1a légende
et la faculté d'assouplir à tout son intelligence
est M. Armand Point, qui débuta par d'exquises
études au pastel et des efhgies féminines d'un
art troublant, puis étudia les Italiens, se dètacha
peu à peu de 1a conception moderniste et s'atta-
cha à l'ètude des propriètés mentales de 1a ligne.
I! s'èloigna méthodiquement de l'art rèahste et
de 1a notation des aspects pour dëterminer dans
ses toiles le caractère de permanence propre
aux idèes génèrales et exprima des symboles.
II rechercha les procèdés anciens, peignit à 1a
cire, à l'œufj à 1a fresque, des compositions d'un
caractère archaïque et ornemental. Puis l'artiste
230
rares y sont les visions douces et pures. Cest,
au contraire, dans ies ciartés d'un mysticisme
pacidé; un peu émacié, mais toujours redétant
le ciel des sentiments sereins, que se meut ie
taient de M. Carios Schwabe, l'ihustrateur ex-
quis de l'auteur du des-
sin ahégorique de et de tant de belies
compositions ahiées au préraphaéiisme. Là
s'édihe une originaie architecture de traits, qui
est presque une écriture des formes et dont ies
combinaisons compiexes iaissent à i'esprit une
impression presque géométrique, tempérée par
ia grâce des hgures amaigries, ia riche variété
des gestes, ia tenue hautaine de cet art pour-
suivi avec une patiente voionté par un esprit
très ouvert à l'inteiiectualité reiigieuse. M. Carlos
Schwabe est le pius mëditatif des dessinateurs;
rien chez iui n'est spontané, mais tout est ie
produit d'une conception serrée, iente, métho-
dique, qui délimite étroitement chacun des sen-
timents qu'il souhaite faire naître. Ii y a en lui
de i'imagier, et c'est un artiste à qui 1a moder-
nité n'a presque rien apporté.
M. Valère Bernard est beaucoup pius
g
VALËRE BERNARD PRINCESSE DE LÈGENDE
peintre, au sens émotif et moderne du terme. Ii
a commencé par une série d'études provençaies,
très iumineuses, très vibrantes dans 1a technique
impressionniste, et certaines dénotent une na-
ture de réaiiste vigoureux, mais déjà très sen-
sibie aux subtiiités de !a iumière. Puis l'artiste
fut éiève de Chavannes et de Rops, et ces deux
inftuences furent en lui profondes. Ii puisa dans
i'exemple du gèniai décorateur 1e goût de la
simplihcation, de i'expression par la iigne pure
cernant des coiorations unies, rèduisant 1e per-
sonnage à une grande siihouette et à un mouve-
mentcaractéristique; et ii peignitqueiques toiies
comme ia qui fut remarquèe, et comme
la An;r^7^^/oA, commandëe par Mistral, qui en
orna la mairie de Maiilane, composition d'une
harmonie ravissante, d'un gracieux déroulement
de lignes, oü vit vraiment l'âme heureuse de la
Provence. Mais en même temps i'infiuence de
Rops conduisit M. Vaière Bernard à exprimer
par l'eau-forte des symboies, des idèes com-
plexes, des iantaisies sensuelles ou mystiques
auxquelles 1e sollicitait son goût pour l'occul-
tisme et les sciences théosophiques ; et on lui
doit une collection d'eaux-fortes d'une grande
allure cursive, où vit un monde dehgures excep-
tionnelles. II a peint aussi quelques efhgies de
lëgende, de bons portraits, assemblë de beaux
dessins. II est aussi un sculpteur intéressant, un
céramiste, un chercheur des effets de l'oxyda-
tion métallique sur d'autres métaux, un décora-
teur de façades par un procèdé analogue à celui
des .sg'7'q//I//Z. Enhn, c'est encore un romancier
et un poète, auteur de vers et de prose en pro-
vençal dëcrivant l'âme populaire de sa race, et
ces ouvrages sont considérés avec une haute
estime par les lettrès initiés à ce dialecte.
M. Valère Bernard est une personnalitè aussi
intéressante que modeste, et l'une des plus mar-
quées dans l'effort d'art idèaliste contemporain.
Très proche de lui par 1e goût de 1a légende
et la faculté d'assouplir à tout son intelligence
est M. Armand Point, qui débuta par d'exquises
études au pastel et des efhgies féminines d'un
art troublant, puis étudia les Italiens, se dètacha
peu à peu de 1a conception moderniste et s'atta-
cha à l'ètude des propriètés mentales de 1a ligne.
I! s'èloigna méthodiquement de l'art rèahste et
de 1a notation des aspects pour dëterminer dans
ses toiles le caractère de permanence propre
aux idèes génèrales et exprima des symboles.
II rechercha les procèdés anciens, peignit à 1a
cire, à l'œufj à 1a fresque, des compositions d'un
caractère archaïque et ornemental. Puis l'artiste
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