DOI Heft:
No.36 (Septembre 1901)
DOI Artikel:Saunier, Charles: La médaille contemporaine en France, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0272
SEPTEMBRE 1901
DEGEORGE
n n fi n nAlÉDAILLE COMMÉMORATIVE DES
COMMUNtCATIONS AËRIENNES (1870-1871)
LA MÉDAILLE CONTEMPORAtNE EN FRANCE
r")AR une fâcheuse tendance, la foule voue, en
1 art, une admiration extrême aux choses
hors de proportion. Peu importe le degré de
perfection de l'œuvre, rintehectualité qui s'en
dégage, sa masse seule lui assure ie succès.
Les enfants ne jugent pas autrement lorsqu'ils
se trouvent en présence de pensionnaires de
jardins zoologiques.
Or, voici un art — la médaihe — fait de
grâce et de distinction, où l'artiste est forcé de
joindre à une extrême sûreté de goût des qua-
iités cérébraies de premier ordre : la perfection
devant être d'autant plus grande que ie charnp
d'action est plus restreint.
Exécuter une médaille, chose ardue; iacom-
prendre, autre difhculté. Que d'obstacies vrai-
ment pour popuiariser cet art exquis ! Et ce-
pendant, à cause des exceiients artistes qui ont
porté vers eüe leur eifort créateur, la voici pros-
père, appréciée d'une élite dont le jugement,
demain, pourrait bien entraîner la masse.
Disons pourquoi. Longtemps, ii fautl'avouer,
ia médaille sernbia destinée à satisfaire queiques
priviiégiés. Perdant ie côté individuel et humain
dont i'avait imprégnée aux époques médiévales
i'admirabie Vittore Pisano et ses continuateurs
immédiats, eile devint un aristocratique rébus
chargé de dire seulement ia gloire des puis-
sants, de commémorer ieurs satisfactions. Mais
surgit une révoiution : eiie retourne aiors à son
rôle primitif. C'est moins par les médaiiies ofh-
cielies que se recommande ia très remarquabie
série numismatique de ia Rëvoiution française
que par queiques médailles populaires pleines
d'énergie et de hamme. Par exempie, ies diverses
médaiiles de ia Fédération signées d'Augustin
Dupré et le beau prohl de Châlier, œuvre d'un
anonyme de génie, répondent bien par leur sim-
piicité et leur vérité aux aspirations de ia fouie.
Ces jetons de cuivre, même de plomb, sont
destinés à courir de main en main, à commémo-
rer des fêtes oü tout ie monde fut acteur, sui-
vant la belie expression de Micheiet. Quoi d'éton-
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DEGEORGE
n n fi n nAlÉDAILLE COMMÉMORATIVE DES
COMMUNtCATIONS AËRIENNES (1870-1871)
LA MÉDAILLE CONTEMPORAtNE EN FRANCE
r")AR une fâcheuse tendance, la foule voue, en
1 art, une admiration extrême aux choses
hors de proportion. Peu importe le degré de
perfection de l'œuvre, rintehectualité qui s'en
dégage, sa masse seule lui assure ie succès.
Les enfants ne jugent pas autrement lorsqu'ils
se trouvent en présence de pensionnaires de
jardins zoologiques.
Or, voici un art — la médaihe — fait de
grâce et de distinction, où l'artiste est forcé de
joindre à une extrême sûreté de goût des qua-
iités cérébraies de premier ordre : la perfection
devant être d'autant plus grande que ie charnp
d'action est plus restreint.
Exécuter une médaille, chose ardue; iacom-
prendre, autre difhculté. Que d'obstacies vrai-
ment pour popuiariser cet art exquis ! Et ce-
pendant, à cause des exceiients artistes qui ont
porté vers eüe leur eifort créateur, la voici pros-
père, appréciée d'une élite dont le jugement,
demain, pourrait bien entraîner la masse.
Disons pourquoi. Longtemps, ii fautl'avouer,
ia médaille sernbia destinée à satisfaire queiques
priviiégiés. Perdant ie côté individuel et humain
dont i'avait imprégnée aux époques médiévales
i'admirabie Vittore Pisano et ses continuateurs
immédiats, eile devint un aristocratique rébus
chargé de dire seulement ia gloire des puis-
sants, de commémorer ieurs satisfactions. Mais
surgit une révoiution : eiie retourne aiors à son
rôle primitif. C'est moins par les médaiiies ofh-
cielies que se recommande ia très remarquabie
série numismatique de ia Rëvoiution française
que par queiques médailles populaires pleines
d'énergie et de hamme. Par exempie, ies diverses
médaiiles de ia Fédération signées d'Augustin
Dupré et le beau prohl de Châlier, œuvre d'un
anonyme de génie, répondent bien par leur sim-
piicité et leur vérité aux aspirations de ia fouie.
Ces jetons de cuivre, même de plomb, sont
destinés à courir de main en main, à commémo-
rer des fêtes oü tout ie monde fut acteur, sui-
vant la belie expression de Micheiet. Quoi d'éton-
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