DOI Heft:
No. 37 (Octobre 1901)
DOI Artikel:Saunier, Charles: La médaille française contemporaine, [2]
DOI Artikel:Jacques, G. M.: Rue et boutiques
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0054
L'ART DÉCORATIF
LOUIS MARTIN, ARCHITECTE
FAÇADE DE MAGASIN
l'Escrime et en l'honneur d'Edmond Hébert
d'une part, celles de la Salle des thèses de l'Uni-
versité d'Orléans, de la Chimie se découvrant
à Lavoisier, d'autre part, témoignent-elies d'une
sûreté de mains à laquelle ont parfois recours,
pour l'exécution définitive de leur œuvre, les
sculpteurs tentés par l'art de la médaille.
ClIARLES SAUNIER.
RUE ET BOUTtQUES
Lus j'y pense, plus ces mots « l'art dans
tout )), dont quelques enthousiastes vou-
draient faire ia devise d'une révolution dans
nos mœurs, me semblent gros de dangers s'ils
étaient écoutés.
Que l'absence de goût et de droiture dans
la plupart des choses qui nous entourent soit
un mal attristant, cela n'est que trop certain.
Qu'on cherche les remèdes à cet état de choses,
rien de plus louable. Mais prenons garde aux
remèdes pires que le mal.
(( L'art dans tout i) appartient à cette classe
de médicaments. D'abord, il y a le bon art et le
mauvais; et comme les producteurs du second
sont et resteront de beaucoup les plus nom-
breux, « l'art dans tout » aurait pour consé-
quence pratique de nous inonder surtout d'élu-
cubrations insipides. Ensuite, une foule de
choses sont belles, ou doivent être belles, soit
sans l'intervention, soit avec une intervention
seulement accessoire de l'art : je prends ce mot
dans le sens vulgaire, celui d'addition de com-
plications imaginatives à l'essentiel des choses.
Tel est le cas pour les façades des locaux
destinés au commerce : des boutiques et des
magasins.
L'hymne à la beauté de la rue est une des
modes du jour. Sur son air, il se débite maintes
sottises sous le couvert de certaines vérités.
Les virtuoses qui le chantent ont raison de pro-
tester contre les abus qui nous imposent le
spectacle de choses inutilement laides; ils ont
tort quand ils prétendent implicitement — sans
oser le crier trop haut — que les manifestations
modernes de l'activité humaine sont de fort vi-
laines choses.
La beauté n'est pas immuable dans ses
formes. Son principe est dominé par l'univer-
selle loi de l'adaptation des espèces aux cir-
36
LOUIS MARTIN, ARCHITECTE
FAÇADE DE MAGASIN
l'Escrime et en l'honneur d'Edmond Hébert
d'une part, celles de la Salle des thèses de l'Uni-
versité d'Orléans, de la Chimie se découvrant
à Lavoisier, d'autre part, témoignent-elies d'une
sûreté de mains à laquelle ont parfois recours,
pour l'exécution définitive de leur œuvre, les
sculpteurs tentés par l'art de la médaille.
ClIARLES SAUNIER.
RUE ET BOUTtQUES
Lus j'y pense, plus ces mots « l'art dans
tout )), dont quelques enthousiastes vou-
draient faire ia devise d'une révolution dans
nos mœurs, me semblent gros de dangers s'ils
étaient écoutés.
Que l'absence de goût et de droiture dans
la plupart des choses qui nous entourent soit
un mal attristant, cela n'est que trop certain.
Qu'on cherche les remèdes à cet état de choses,
rien de plus louable. Mais prenons garde aux
remèdes pires que le mal.
(( L'art dans tout i) appartient à cette classe
de médicaments. D'abord, il y a le bon art et le
mauvais; et comme les producteurs du second
sont et resteront de beaucoup les plus nom-
breux, « l'art dans tout » aurait pour consé-
quence pratique de nous inonder surtout d'élu-
cubrations insipides. Ensuite, une foule de
choses sont belles, ou doivent être belles, soit
sans l'intervention, soit avec une intervention
seulement accessoire de l'art : je prends ce mot
dans le sens vulgaire, celui d'addition de com-
plications imaginatives à l'essentiel des choses.
Tel est le cas pour les façades des locaux
destinés au commerce : des boutiques et des
magasins.
L'hymne à la beauté de la rue est une des
modes du jour. Sur son air, il se débite maintes
sottises sous le couvert de certaines vérités.
Les virtuoses qui le chantent ont raison de pro-
tester contre les abus qui nous imposent le
spectacle de choses inutilement laides; ils ont
tort quand ils prétendent implicitement — sans
oser le crier trop haut — que les manifestations
modernes de l'activité humaine sont de fort vi-
laines choses.
La beauté n'est pas immuable dans ses
formes. Son principe est dominé par l'univer-
selle loi de l'adaptation des espèces aux cir-
36