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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

DOI issue:
No.39 (Décembre 1901)
DOI article:
Mauclair, Camille: Antonio de la Gandara
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0112

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L'ART DÉCORATIF


A. DK LA GANDARA ; [ÉTUDE

créter un autre âge de cet art charmant. A un
bout du siècle ii y a eu
d'Ingres, et les Prudhon — à l'autre il y a ZuZy
TlVcMAr, la Du7;7e soM/Ars de Whistler.
Et auprès de lui il y a Helleu et les sveltes ner-
vures de ses pointes-sèches, John Sargent rival
de notre Besnard, et enfin Antonio de la Gan-
dara dont je veux parler ici.
Espagnolderace,M. Antonio de laGandara
s'est fait en dix années une place considérable
dans l'art français, une des premières places
parmi les portraitistes de son temps, à cause
d'un ensemble de qualités que nous exami-
nerons successivement. Il est un de ceux dont
on cherche l'envoi en entrant aux Salons, avec
la certitude de n'être point déçu. Son œuvre est
connue de tous les amateurs de belle peinture.
Ses paysages et ses effigies lui ont valu une
réussite aussi brillante que rapide, que l'aristo-
cratie, la critique et les peintres se sont accordés
à préparer. Personne n'a un plus bel avenir. Il
semble que le plus clair de son originalité soit
d'avoir conservé les qualités de sa race en les
unissant subtilement au goût récent pour l'har-
monie en gris et noir dont le grand Américain
fut l'initiateur, hanté lui-même du souvenir de
Velasquez, et rien n'est plus curieux que ce
retour au style sévère, presque ascétique, de la
peinture espagnole, mêlé au sourd désir de
clarté. Il y a en M. de la Gandara un décorateur
inné qui contrebalance un psychologue sagace.
H se préoccupe avant tout, comme ses maîtres

naturels, du grand caractère linéaire des sil-
houettes. Il peint l'être en toute sa personne,
avec hardiesse et précaution, sur le fond nu
d'une ombre veloutée où s'ébauche à peine
l'ornementation d'une tenture. Et tout de suite
surgit l'effigie, mais non pas éclairée avec l'ar-
tifice grossier du fond noir faisant éclater les
chairs comme dans les simplistes portraits d'un
Bonnat qui obtiennent ainsi une facile et vul-
gaire vigueur, et qui semblent éclairés à l'in-
térieur comme une lanterne japonaise, tant l'in-
carnat du teint et la cerise de la bouche mi-
roitent. Non. L'être peint par la Gandara
abandonne à peine l'ombre qui l'engendra. La
lumière commence au bord du cadre vers lequel
il s'avance, il est encore baigné de demi-jour,
il en rejette le mystère derrière lui, négli-
gemment, comme un manteau, et il lui faudrait
faire un pas de plus pour qu'il fût éclairé comme
nous-mêmes. 11 vit dans une atmosphère pictu-
rale qui n'imite pas la réelle, mais la transpose,
la concentre et en dégage l'élément de mys-
tère et de douceur. Il émane d'une ombre
psychologique dont il est presque mie solidi-
fication silencieuse. Sur tout son corps le
peintre opère un minutieux travail de réduction
des détails à l'essentiel. Les plis sont restreints
au rôle d'indiquer le mouvement général de
l'organisme. Avant tout, le peintre, comme en
statuaire, cherche à préciser le volume des
corps, et il procède par des accumulations de


A. DE LA GANDARA ÉTUDE

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