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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 45 (Juin 1902)
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Soulier, Gustave: L' exposition internationale d'art décoratif moderne à Turin
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0149

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JUIN 1902

L'EXPOSITION INTERNATIONALE
D'ART DËCORAUF MODERNE
ATURtN
Le 10 mai s'est ouverte à Turin, dans le beau
parc du Valentino, au bord du Pô, avec
la double vue des charmantes collines de la rive
et des Alpes plus lointaines en face, la première
Exposition Internationale d'Art Décoratif dont
le programme avait été sévèrement borné aux
efforts d'un esprit moderne.
Ce programme, si courageusement tracé, faisait
déjà attendre à lui seul cette exposition comme
un réel événement artistique, et nous comptions
beaucoup sur ses résultats, ou du moins sur les
travaux en présence desquels elle nous mettrait.
Disons tout de suite qu'il n'y a pas lieu d'être
déçus dans cette espérance, en nous réservant
de revenir, dans une série d'études plus appro-
fondies, sur les mérites des oeuvres exposées
dans les sections diverses.
L'intérêt principal de cette manifestation, c'est
que la plupart des nations ont organisé des
ensembles, nous permettant réellement de con-
cevoir les recherches propres de chaque pays
en vue de l'ameublement et de la décoration
intérieurs. Les tendances particulières à tel
peuple, ses prédilections de couleurs, son sen-
timent du confort intime, se révèlent ainsi net-
tement, et permettent d'établir les rapprochements
ou les divergences véritables que marquent les
efforts divers de notre époque.
L'idée qui a donné naissance à cette première
exposition de Turin montrait chez quelques no-
vateurs italiens la conscience du travail salu-
taire à accomplir pour réveiller les industries
nationales, dans ce pays où les traditions des
métiers d'art ne manquent pas, mais qu'affaiblis-
saient la paresseuse répétition du passé ou la
production sans goût d'ouvrages de curiosité,
où la dextérité de main-d'œuvre tient lieu de
sens artistique. Aussi faut-il faire honneur à
ceux qui par la ténacité de leur volonté ont
réussi à créer en Italie ce mouvement de réveil
et cet intérêt général du public: AL di Sambuy,
le sculpteur Leonardo Bistolh, AL Pellegrini, le
critique Enrico Thovez et d'autres encore.
Notre Exposition de 1900 nous avait mis en
présence des belles faïences, exécutées à Flo-
rence, sur les anciennes données italiennes, mais
d'après un sentiment décoratif nouveau, par
L'Art ûe /<3 Céra?n;'^ue, ateliers fondés il y a
quelques années par AL le comte V. Giustiniani,
le premier, peut-on dire, qui ait voulu rénover
les illustres industries artistiques de son pays.
Nous reparlerons des efforts considérables
affirmés à Turin par L'Art ùe à? Ce'r<377:à?Me

pour faire pénétrer la majolique artistique non
seulement dans la production des objets d'usage,
mais dans la décoration architecturale. Il faut
citer la fondation d'un autre , groupe artistique à
Bologne, l'A^Lùù A?*^, qui expose largement à
Turin, et qui a voulu restaurer pour la vie mo-
derne tous les beaux métiers anciens de la pro-
vince d'Emilie, dont la connaissance risquait de
se perdre: travail du bois, dentelle, reliure,
bijoux, ferronnerie. En entretenant la pratique
de ces techniques anciennes et en leur four-
nissant des modèles nouveaux, on peut fort bien
redonner la vie à tout un art. Pour le moment
déjà, même lorsqu'on peut, dans le mobilier,
par exemple, critiquer le parti général d'un
meuble, où l'ornement compte souvent pour une
trop grande part, certains détails de décor dé-
notent une rare ingéniosité, une charmante ima-
gination d'artiste dont on peut espérer encore
de très intéressants résultats.
Aîalgré ces efforts bien compris dans leur
ensemble, la signification de l'Exposition de
Turin et les effets que l'on en peut attendre ris-
queraient fort d'être compromis si l'on s'arrêtait
à la présentation générale, c'est-à-dire aux bâ-
timents mêmes de l'Exposition. L'architecte,
AL d'Aronco, a fait preuve de beaucoup de
culture, d'un sentiment du pittoresque et de la
couleur ; mais il est allé, nous devons le dire, à
l'encontre même de ce qu'il y avait à réaliser.
Avec des reproductions à l'appui, nous pourrons
revenir plus utilement sur cet aperçu : bornons-
nous, dans ces notes préliminaires, à dire
que l'architecture de AL d'Aronco vient de
Vienne en passant par la colonie d'artistes
de Darmstadt ; c'est donc un mélange des styles
de Wagner et d'Olbrich, pour citer deux noms
entre autres, avec toutes les formes et les motifs
d'ornement caractéristiques dont les installations
de 1900 nous ont donné en partie l'idée :
constructions trapues et trapézoïdales, évoquant
quelque néo-archaïsme mycénien ou cartha-
ginois ; décors géométriques élémentaires , à
carreaux, ou en cercles, avec des masques, des
colonnes, des rameaux d'arbres feuillus.
On saisit, n'est-ce pas, la fausseté du point de
départ : si l'on ne veut qu'adopter une formule
d'école, école pour école, il faut mieux s'en
tenir à la Renaissance ou au Louis XVI, qui
ont depuis longtemps fait leurs preuves. Il n'y a
pas plus de sincérité à adopter ces formes toutes
faites, venues de pays germaniques, et qui ne
correspondent nullement aux traditions et à la
nature de l'Italie. 11 y avait pour l'architecte
une œuvre sincère à tenter : rénover les nobles
traditions architecturales de l'Italie; il faut re-
gretter que cette œuvre n'ait pas été tentée. Car
cette erreur risque d'entacher tous les efforts
qu'elle recouvre, et de faire croire partout à
l'adoption sans conviction d'une formule acadë-

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