DOI Heft:
No. 46 (Juillet 1902)
DOI Artikel:Rambosson, Yvanhoé: La sculpture aux Salons de 1902
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0179
LA SCULPTURE AUX SALONS DE 1902
ToRSQu'iL s'est promené au milieu du peuple
1, immobile et blanc que crée chaque an-
née l'imagination des sculpteurs, le critique,
les yeux brouillés, l'esprit
las, doit mettre quelque
ordre dans ses souvenirs.
Il n'est pas commode
d'ëtre indépendant. Faire
le geste qui désigne ou
le geste qui réprouve,
n'est-ce pas là prendre
une responsabilité grave:
peut-être aider à un
triomphe funeste, peut-
être briser d'un mot mal-
heureux un rêve honnête
et méritoire? Je me fai-
sais ces réflexions devant
l'ensemble médiocre de la
production sculpturale de
l'année.
A la Société des Ar-
tistes Français, la section
de sculpture commence
à être gagnée par la gan-
grène qui perd la section
de peinture : le bors-
concourat et l'influence
des ateliers. D'innom-
brables sculpteurs qui,
par leur talent ou par la
faveur, ont obtenu leur
droit d'entrée ne prennent
plus la peine de se mon-
trer au public avec une
œuvre longuement mûrie
et travaillée. Ils n'en-
voient que des bustes, la
plupart du temps rapide-
ment exécutés pour un
ami ou pour un client
sans goût qui se veut se-
lon un idéal bourgeois.
Ces unités nous heurtent
à chaque pas et rendent I- DAMPT
insipide la matinée ou
l'après-midi que nous pensions consacrer à
une agréable flânerie d'art.
Trouvons-nous au moins à racheter
cette mauvaise impression par le spectacle
des autres œuvres? Guère. Le moulage
triomphe avec quelques sculpteurs officiels
ne nous apportant aucun eTort vers une
vision vierge des choses. Pour les autres -
le menu fretin — ils se paissent guider par
LA JEUNESSE (BOIS ET IVOIRE)
ces maitres, et dans l'espoir de gagner hum-
blement leurs médailles, ils fabriquent timi-
dement Fur ((boulon annuel, sans faire
aucun effort pour secouer le jo .g d'un en-
seignement caduc. Leur esprit n'est occupé
que par la pensée de ce que K le patron H,
ToRSQu'iL s'est promené au milieu du peuple
1, immobile et blanc que crée chaque an-
née l'imagination des sculpteurs, le critique,
les yeux brouillés, l'esprit
las, doit mettre quelque
ordre dans ses souvenirs.
Il n'est pas commode
d'ëtre indépendant. Faire
le geste qui désigne ou
le geste qui réprouve,
n'est-ce pas là prendre
une responsabilité grave:
peut-être aider à un
triomphe funeste, peut-
être briser d'un mot mal-
heureux un rêve honnête
et méritoire? Je me fai-
sais ces réflexions devant
l'ensemble médiocre de la
production sculpturale de
l'année.
A la Société des Ar-
tistes Français, la section
de sculpture commence
à être gagnée par la gan-
grène qui perd la section
de peinture : le bors-
concourat et l'influence
des ateliers. D'innom-
brables sculpteurs qui,
par leur talent ou par la
faveur, ont obtenu leur
droit d'entrée ne prennent
plus la peine de se mon-
trer au public avec une
œuvre longuement mûrie
et travaillée. Ils n'en-
voient que des bustes, la
plupart du temps rapide-
ment exécutés pour un
ami ou pour un client
sans goût qui se veut se-
lon un idéal bourgeois.
Ces unités nous heurtent
à chaque pas et rendent I- DAMPT
insipide la matinée ou
l'après-midi que nous pensions consacrer à
une agréable flânerie d'art.
Trouvons-nous au moins à racheter
cette mauvaise impression par le spectacle
des autres œuvres? Guère. Le moulage
triomphe avec quelques sculpteurs officiels
ne nous apportant aucun eTort vers une
vision vierge des choses. Pour les autres -
le menu fretin — ils se paissent guider par
LA JEUNESSE (BOIS ET IVOIRE)
ces maitres, et dans l'espoir de gagner hum-
blement leurs médailles, ils fabriquent timi-
dement Fur ((boulon annuel, sans faire
aucun effort pour secouer le jo .g d'un en-
seignement caduc. Leur esprit n'est occupé
que par la pensée de ce que K le patron H,